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Privatisations 2018 : des choix marginaux d’un point de vue financier... mais majeurs d’un point de vue stratégique
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Argent contre Influence

Dans le but affiché de financer un hypothétique Fonds pour l'innovation, le gouvernement d'Edouard Philippe a annoncé vouloir engager un programme de privatisations s'élevant à 10 milliards d'euros.

Jean-Yves Archer

Jean-Yves Archer

Jean-Yves ARCHER est économiste, membre de la SEP (Société d’Économie Politique), profession libérale depuis 34 ans et ancien de l’ENA

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Celui-ci a débuté, sous la houlette de Martin Vial (époux de la ministre Parly) responsable de l'Agence des Participations de l'Etat par la mise sur le marché de 4% de Renault en novembre dernier.

Pour éviter des mouvements de marché et des phénomènes baissiers, le nom des sociétés dont l'Etat entend se désengager partiellement est officiellement inconnu.

En fait, c'est un peu un secret de Polichinelle et les analystes escomptent bel et bien des opérations sur le capital de la Française des Jeux (actuellement détenu à 72%), de Paris Aéroports (51%), d'Orange (24%) et éventuellement Air France-KLM (16%).

Au départ, il ne faut évidemment pas oublier que l'Etat est impécunieux et que privatiser est un palliatif à la disette budgétaire. Cela étant, il faut raison garder : vendre une partie des participations à hauteur de 10 mds ne couvrira qu'un peu plus de 10% du déficit budgétaire affiché en Loi de finances 2018 à savoir 83 milliards d'euros.

Le programme de privatisations est donc qualifiable de marginal au regard, par exemple, des 190 milliards que la France va devoir emprunter cette année sur les marchés financiers.

Toutefois, marginal en finances ne signifie pas marginal en choix stratégiques. Ainsi, on peut regretter que l'Etat ne semble pas considérer les Aéroports de Paris comme vitaux au regard de considérations d'indépendance nationale. L'exemple de la vie mouvementée de la privatisation de l'aéroport de Toulouse-Blagnac est pourtant une illustration de futurs aléas possibles et de lourds conflits d'intérêts entre des actionnaires étrangers rivés sur le court terme et le financement à moyen et long terme d'infrastructures comme à Roissy.

Une chose est acquise, les banques-conseils sont à l'affût et singulièrement la maison de David de Rothschild qui a réussi une très belle année 2017 : première place des banques d'affaires avec la moitié du marché soit un volume de 126 opérations portant sur 122 milliards… Nul doute que cette institution saura proposer en 2018 ses services à l'Etat pour les privatisations à venir, surtout dans un contexte de très bonne tenue des cours du fait de la conjoncture actuelle et évidemment sans gommer l'impact plus ou moins diffus du cursus professionnel du président de la République.

Les défis de management et d'avenir des entreprises publiques ne sont pas là. Un certain Dominique de Villepin aura commis l'erreur grossière de privatiser les autoroutes qui sont des "machines à cash" tandis que depuis 15 ans, les dossiers SNCF et La Poste sont au point mort. Comme le disait récemment l'économiste Jean-Marc Daniel, La Poste est la seule entreprise qui, perdant régulièrement des clients du fait de l'avancée du mail, décide d'augmenter ses tarifs de près de 10% au lieu de s'interroger sérieusement sur ses structures de coûts d'exploitation.

Plus avant, le vrai sujet n'est pas uniquement la question de la privatisation ou de la " respiration du capital " (comme on aime à le dire en ce moment) des participations de l'Etat mais bel et bien la remise en ordre de celles détenues par la Caisse des Dépôts et Consignations.

La prospère Compagnie des Alpes, Icade, Egis et bien sûr CNP Assurances sont autant de pépites dont le capital devrait être revisité afin de garantir leur expansion respective et leurs ratios de performance.

Nul doute, qu'à l'ombre des bureaux de la République, cette problématique ne soit déjà examinée avec l'ancien dirigeant de Générali récemment nommé à la direction générale de la Caisse.

Eric Lombard sera très vraisemblablement l'homme de la situation d'autant que Martin Vial est aussi un ancien du Lion de Trieste via la filiale EuropAssistance. Histoire de vieilles connaissances, donc.

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