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Premières failles en vue au Front de Gauche entre Jean-Luc Mélenchon et Pierre Laurent ?
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Ministre or not ministre ?

Dans un entretien à l'Humanité paru dimanche, le patron du PCF Pierre Laurent dit ne pas exclure une participation de ministres communistes à un gouvernement Hollande. Une éventualité pourtant écartée par son candidat, Jean-Luc Mélenchon. Des dissensions en vue au Front de Gauche ? Pas pour Patrick Apel-Muller, directeur de la rédaction de l'« Huma ».

Patrick Apel-Muller

Patrick Apel-Muller

Patrick Apel-Muller est directeur de la rédaction de L'Humanité.

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Atlantico : Alors que Jean-Luc Mélenchon avait exclu toute participation du Front de Gauche (FG) à un gouvernement socialiste, le secrétaire national du PCF Pierre Laurent vient d'affirmer le contraire dans les colonnes de L'Humanité. Les divergences entre communistes et mélenchonistes au sein du FG sont-elles en train de réapparaître ?

Patrick Apel-Muller : Je ne vois pas quelle division il pourrait y avoir. Ce que dit Pierre Laurent, c’est qu’il n’y a pas de limites aux ambitions du Front de Gauche – ce qui a toujours été la démarche du mouvement.

Jean-Luc Mélenchon a exprimé une prise de position individuelle : il porte les espoirs d’une autre politique à la présidentielle, on le donc voit mal s’annoncer ministre.

Ce sur quoi tous les partenaires du FG sont d’accord, c’est qu’il n’est pas question de mettre en place une politique d’ultra austérité comme Papandréou ou Zapatero. En fonction des résultats et de la dynamique créée par l’élection, il est donc normal que le Front de Gauche souhaite peser sur un futur gouvernement de gauche.

Les progrès faits par François Hollande, comme la taxation à 75% ou l’attention nouvelle portée aux banlieues, sont encore insuffisants. Il faut donc continuer à faire évoluer le rapport de force avec le PS.

Peut-on s’attendre à des mains tendues du PS au FG avant le 1er tour ?

J’ai vu qu’Arnaud Montebourg, qui était en deuxième rideau, est désormais propulsé sur le devant de la scène. Le PS prend en compte les attentes de l’électorat de gauche. Et plus le FG montera, plus le PS sera amené à évoluer, avec le juge de paix du résultat. Mais ce qui sera surtout déterminant pour la composition du futur gouvernement, c’est le résultat des législatives, en juin.

Le PCF a-t-il tiré les leçons de ses participations à des gouvernements socialistes, en 1981 et 1997 ?

Ces leçons ont non seulement été tirées par le PCF, mais aussi par Jean-Luc Mélenchon, qui a été ministre.

Il faut bien entendu un rapport de force favorable pour que des mesures positives soient mises en œuvre, mais surtout que les salariés ne considèrent pas qu’ils ont terminé le travail avec le vote : il faut qu’ils continuent à faire pression sur le gouvernement à travers des revendications populaires.

Les diverses expériences historiques ont démontré que l’articulation de la présence institutionnelle (à l’Assemblée) et sociale (dans la rue) était indispensable.

Quel avenir l’après-2012 réserve-t-il au Front de Gauche ?

Le FG va poursuivre en se transformant : il ne peut pas rester à l’identique après avoir créé un tel mouvement.

Il continuera à agglomérer des forces de gauche, comme on l’a déjà vu ces derniers temps avec l’arrivée de responsables d’EELV et du NPA. Par ailleurs, il devra trouver une place à tous ces gens sans engagement partisan qui sont revenus au militantisme à l’occasion de cette campagne.

La responsabilité va être importante pour entendre l’aspiration des gens qui ont voté, mais aussi ce ceux qui se sont engagés.

Le PCF pourrait-il définitivement se dissoudre dans le FG ?

Pour l’heure, je ne crois pas. On s’est au contraire aperçu que l’élément moteur de cette campagne était le PCF, qui s’est transformé tout en gardant ses fondamentaux, retrouvant une deuxième jeunesse.

Après, tout dépendra des mouvements populaires et sociaux. Je pense qu’il y aura des transformations très fortes dans l’arc de la gauche. Au PS, tout le monde ne sera pas prêt à se retrouver avec des valeurs centristes. Et maintenant que le vote utile a perdu de sa légitimité – puisqu’il n’y a plus de risque que la gauche soit éliminée du 2nd tour –, les singularités à gauche vont pouvoir se renforcer. 

Propos recueillis par Maxime Vaudano

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