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Les réussites de Donald Trump existent aussi. Curieusement personne ne s’y intéresse
©SAUL LOEB / AFP

Silence...

Au cours des trois premiers trimestres de 2017 la croissance américaine s’est inscrite à un rythme annuel supérieur à 3%. Rythme jamais atteint par Barack Obama en huit ans de présidence.

Gérald Olivier

Gérald Olivier

Gérald Olivier est journaliste et  partage sa vie entre la France et les États-Unis. Titulaire d’un Master of Arts en Histoire américaine de l’Université de Californie, il a été le correspondant du groupe Valmonde sur la côte ouest dans les années 1990, avant de rentrer en France pour occuper le poste de rédacteur en chef au mensuel Le Spectacle du Monde. Il est aujourd'hui consultant en communications et médias et se consacre à son blog « France-Amérique »

Il est aussi chercheur associé à  l'IPSE, Institut Prospective et Sécurité en Europe.

Il est l'auteur de "Mitt Romney ou le renouveau du mythe américain", paru chez Picollec on Octobre 2012 et "Cover Up, l'Amérique, le Clan Biden et l'Etat profond" aux éditions Konfident.

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Il est des silences qui en disent long. Celui des médias américains sur le bilan de la première année de mandat de Donald Trump est éloquent! Rien. Pas un mot. Juste le tumulte des affaires inconséquentes – russiagate, tweets et vieilles accusations de harcèlement sexuel - qui alimentent les « Unes » depuis douze mois.  Avec l’unanimité d’une caste parfaitement solidaire, les grands médias américains ont choisi de faire l’impasse sur les sujets  pouvant susciter un commentaire favorable à l’égard de la Maison Blanche. Le silence, plutôt que de devoir admettre que tout ne va pas si mal aux Etats-Unis, depuis un an. 

Car il y aurait de quoi écrire: sur l’économie, en plein boom, sur la bourse, au plus haut, sur le chômage, au plus bas, sur l’immigration clandestine, en recul, et sur les impôts, en baisse, sur l’exploration et l’exploitation énergétique, en renouveau, y compris pour les énergies fossiles, etc … Nous allons donc aborder ces sujets pour eux ;  faire ce bilan, à leur place, car ainsi qu’aurait pu le dire Trump, lui-même, la première année de sa présidence fut  « Enorme! ». 

Le bilan le plus positif est celui dont on parle le moins, l’économie. Au cours des trois premiers trimestres de 2017 la croissance américaine s’est inscrite à un rythme annuel supérieur à 3%. Rythme jamais atteint par Barack Obama en huit ans de présidence. 1,7 millions de nouveaux emplois ont  été créés depuis janvier. Le chômage, au plan national,  est tombé à 4,1%, son plus bas niveau depuis l’an 2000. L’indice de confiance des consommateurs est quant à lui à son plus haut niveau depuis cette même date. 

La bourse américaine a inévitablement salué ces succès. Et  peut-être même anticipé sur ceux à venir. Le Dow Jones, l’indice phare du New York Stock Exchange a bondi de cinq mille points depuis l’élection de Donald Trump, pour s’établir à près de 24 750 points. Soit un gain exceptionnel de 25% en quinze mois. Au cours de l’année 2017 cet indice a clôturé plus de soixante-dix fois à un nouveau record. Certes ce qui monte peut descendre, et une bourse qui s’emballe peut-être le signe d’une « exubérance irrationnelle », mais l’enthousiasme des marchés illustre surtout la confiance retrouvée des opérateurs. Une confiance qui rappelle celle des années 1980 et 1990. Les chefs d’entreprises, créateurs de richesse et investisseurs savent qu’ils ont un allié à la Maison Blanche. Ce  n’était pas le cas avec Obama.

Cette  progression des marchés est d’importance considérable. Tous les ménages américains, ou presque, ont un portefeuille boursier. C’est le véhicule principal de l’épargne retraite. Un  marché haussier (« Bull Market ») a un impact direct sur les revenus des ménages, réels et perçus, ainsi que sur leur moral.  

Le moteur de ce succès tient entre autres à un élément passé également inaperçu et pourtant bien réel, la dérèglementation. Donald Trump avait  promis, durant sa campagne, d’éliminer les myriades de règles constituant un obstacle à l’activité industrielle et à la création d’emplois. Pour lui 70% des règles en place sont inutiles, improductives et couteuses. La gageure imposée aux agences de règlementation, était d’éliminer deux règles, à chaque fois qu’une nouvelle serait créée. Elles sont allées bien au-delà de cette promesse. D’après le compte du département de l’Intérieur, dix règlementations ont été éliminées à chaque fois qu’une nouvelle a vu le jour.  En huit ans l’administration Obama avait promulgué près de six cents règles « majeurs » (ayant un impact de cent millions de dollars ou plus sur les entreprises et les ménages américains). Le Federal Register, répertoire des règlementations fédérales, s’était alourdi de quelques quatre mille nouvelles règles (soit cent mille pages rédactionnelles) durant la seule année 2016, la dernière du mandat d’Obama.  Comme si le président sortant avait senti le vent et tenté de consolidé son édifice avant la tempête.  En 2017, l’administration Trump a promulgué deux à trois fois moins de nouvelles règlementations, que toutes les administrations précédentes depuis Ronald Reagan. 

Et souvent ces nouvelles règlementations consistent en l’annulation d’une ou plusieurs anciennes règles! (C’est un axiome administratif qu’il faut une « nouvelle règle » pour se substituer à une « vieille règle »… ). Concrètement de quoi s’agit-il ?  Et bien par exemple des contraintes liées à l’accord de Paris sur le Climat. En quittant cet accord les Etats-Unis se sont absous de ces restrictions en matière de politique énergétique. Les écologistes ont dénoncé ce choix comme constituant une menace sur l’avenir de la planète. Mais sans vraiment y croire. L’électorat américain, et en particulier républicain, est largement favorable à la politique menée par Donald Trump, notamment dans le domaine de l’énergie. Pour preuve, la réforme fiscale votée juste avant Noël comporte un amendement autorisant l’exploration dans les eaux arctiques. La mesure était souhaitée par tous les présidents républicains depuis Reagan, mais elle se heurtait à l’opposition des écologistes. Cette fois elle est passée sans remous…

La dérèglementation touche aussi le commerce, le bâtiment, l’éducation, la recherche, tous les secteurs où l’innovation était bridée par des contraintes dont ne s’embarrassent pas les concurrents de l’Amérique, notamment les fameux « BRICs » (Brésil, Russie, Inde, Chine). Car l’enjeu n’est pas de dérèglementer pour la forme, mais pour redonner aux entreprises américaines les moyens d’être compétitives à l’international.

Pour finir l’année, Donald Trump a signé sa réforme fiscale, votée par le Congrès avant la trêve hivernale. Victoire politique essentielle, après son échec du printemps à faire voter l’annulation de la réforme santé d’Obama. Mais surtout réforme fondamentale de la fiscalité des ménages et des entreprises, aux conséquences à long terme.

La taxe sur les bénéfices des entreprises est ramenée de 35% à 21%. Changement majeur. A 39% les Etats-Unis avaient le taux d’imposition sur les bénéfices le plus élevé de tous les pays du G20. Devant le Japon (37% et même la France 34% ). Désormais le nouveau taux de 21% place les Etats-Unis au 17e rang, après le Royaume Uni. L’idée étant bien évidemment de faire revenir les entreprises sur le sol américain, et avec elles, des emplois.  A cette fin les profits réalisés à l’étrangers et non rapatriés pourront l’être moyennant un impôt limité à 15%. C’était une promesse de campagne du candidat Donald Trump.

Le barême de l’imposition des ménages est abaissé pour toutes les tranches, avec une première tranche à 10% (revenus imposables inférieurs à  dix mille dollars) et la tranche la plus élevée à 37% (au lieu de 39,6%, pour les revenus imposables supérieurs à cinq cent mille dollars). De plus le montant de l'abattement de base est doublé. Le montant du crédit d’impôt accordé pour chaque enfant est également multiplié par deux. De sorte que de nombreux ménages passeront à une tranche inférieure et profiteront à la fois  d’une baisse de leur revenu imposable et de leur taux d’imposition. Ces ménages devraient observer ces changements dès la fin janvier 2018, car les impôts sont prélevés à la source aux Etats-Unis.

L’économie d’impôts totale mandatée par la nouvelle loi représente mille cinq cents milliards de dollars (1,5 trillion de $). L’objectif étant que cette somme soit compensée par un regain de croissance tel que les rentrées fiscales dépassent celles d’avant la loi. C’est ce qui s’était produit en 1983, suite à la réforme fiscale de Ronald Reagan.

Celle-ci avait été sévèrement critiquée et décriée comme un cadeau aux riches, lors de son vote. Mais dans l’année qui avait suivi l’Amérique avait connu une croissance de 7% ! Du jamais vu en vingt ans, et du jamais revu depuis ! Les critiques avaient cessé. Donald Trump espère évidemment que sa réforme aura un effet comparable… Et que cet effet sera ressenti et visible très vite. C’est à dire avant novembre 2018, date des élections de mi-mandat. Un tiers du Sénat et l’ensemble de la Chambre des Représentants seront alors à renouveler et de l’issue de ce scrutin dépend l’avenir de la présidence de Donald Trump et de son ambition de « rendre sa grandeur à l’Amérique ».

Enfin, en matière de lutte contre l’immigration, en particulier illégale –qui fut le premier thème mobilisateur de la campagne électorale de 2016, avec la fameuse promesse de construire un mur à la frontière avec le Mexique – Trump a rencontré un succès spectaculaire et inattendu. Sans même avoir commencé de construire le fameux mur. Faute d’argent et de volonté. Tout juste quelques dollars symboliques ont-ils été débloqués par le Congrès. Cela n’a pas empêché le nombre d’arrestations à la frontière avec le Mexique de retomber à leur  niveau de … 1971! Ces arrestations ne sont jamais que le reflet des tentatives de franchissement de cette frontière. Plus les gens sont nombreux à tenter de passer, plus ils sont nombreux à se faire prendre. Si ce nombre a chuté c’est que les tentatives l’ont aussi.  Trump par son attitude intransigeante, décourage les entrées d’immigrants illégaux. Une réussite qui consolide sa popularité auprès de sa base électorale.

Pour l‘heure, force est néanmoins de constater que, malgré ces succès, la côte de  popularité de Donald Trump auprès de l’ensemble des Américains reste médiocre. Le président oscille entre 35% et 45% d’opinions favorables, selon les instituts de sondage. Un niveau d’une extrême faiblesse pour une première année de mandat. A pareille date Obama était à 49% , George W. Bush à 83% (score exceptionnellement élevé suscité par l’union nationale post 11 septembre) Bill Clinton à 56%, George Bush père à 71% et Ronald Reagan à 49%. Reagan était toutefois sur une pente descendante. L’Amérique était toujours en récession. L'effet de ses réformes ne s’était pas encore fait sentir et sa côte de popularité allait baisser pendant plusieurs mois avant de rebondir, en même temps que l’économie américaine. On connaît la suite.

Il est peu probable que la popularité de  Donald Trump atteigne jamais des sommets comparables à celle de Reagan. Le personnage est clivant et suscite, non pas simplement l'opposition, mais une véritable répulsion chez tout un pan de la société américaine. Toutefois si le renouveau économique amorcé en 2017 venait à se confirmer en 2018, cela changerait inévitablement les sentiments à son égard.  

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