La fusion TV-web-portables va-t-elle révolutionner notre façon de raconter des histoires ?

Le MIP est l’un des plus grands marchés de programmes audiovisuels au monde, et ça se passe à Cannes en ce moment même. Des milliers de participants, producteurs petits et grands, diffuseurs venus de tous les coins de la planète, s’enferment dans le bunker du Palais des Festivals pour acheter et vendre des programmes TV. Ambiance « marché aux puces » garantie, le tapis rouge en plus. De cette masse impressionnante qui finit par donner le vertige aux plus aguerris, se distingue pourtant un nouveau type de programmes, hybrides, alliant télévision et nouveaux médias. A tel point que ReedMidem, organisateur de ce rendez-vous incontournable, a décidé de mettre sur pied un événement dédié cette année : le MIPCube. Et dans les allées, les mots « Social TV » et « transmedia » sont sur toutes les lèvres.

A la croisée de toutes les formes d’expression culturelle, recourant aussi bien aux vidéos, aux réseaux sociaux, aux jeux vidéos, aux applications mobiles et même à des événements live, la social TV et le transmedia permettent au spectateur de vivre une expérience de télévision originale, passant de l’écran à la tablette ou au mobile, et d’être invité à participer à des événements live. Contrairement à un visionnage traditionnel, passif et relativement isolé (le fameux « cercle de famille »), le spectateur a l’occasion de partager son expérience avec les autres spectateurs  traverser des univers narratifs riches et immersifs où la fiction et le réel se confondent, pour une émotion accrue.

Depuis quelques mois, France Télévisions a initié des expériences innovantes sur certains programmes, comme sur « Seriez-vous un bon expert » présenté par Julien Courbet sur France 2. Christophe Cluzel de France Télévisions Distribution a ainsi lancé, avec la société XDProduction, l’application associée au programme qui permet de jouer en même temps que les candidats en plateau. Un succès puisque cette application totalise aujourd’hui plus de 100 000 téléchargements.  

Mais il est certain que le potentiel créatif de ces programmes hybrides est grand et que ce type de production ne fait que commencer.

Les Canadiens font au MIPCube figure d’exemple. Il faut dire que les politiques mises en place outre-atlantique sont particulièrement volontaristes afin d’inciter les producteurs de contenus à tenter l’aventure du multiplateforme. Pouvoirs publics, producteurs et auteurs se sont mis en ordre de marche pour donner toutes leurs chances à ces nouveaux formats.

En France, les propositions constituent progressivement un marché à part entière. A l’instar du projet Anarchy, gagnant de la compétition « Content 360 » cette année, projet de fiction d’anticipation participative porté par Benjamin Faivre de Telfrance, où le public est invité à suivre l’histoire à la fois à la télévision et sur Internet, à choisir les personnages et à collaborer à la définition d’intrigues alimentant les histoires secondaires de la série

L’initiative du MIPCube est sans aucun doute le signe que ce pan de l’industrie des contenus commence à se structurer. Elle est également un signe annonciateur d’un renouveau des propositions des chaînes de télévision à l’intention de leur audience, en prise avec l’évolution des usages.

Cet article a été coécrit avec Oriane Hurard.