"Les électeurs de droite ont une vie sexuelle moins intense que le reste des Français"<!-- --> | Atlantico.fr
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Le sentiment d’insatisfaction sexuelle est plus important chez les Français votant pour des candidats soutenus par des partis contestataires à vocation tribunicienne.
Le sentiment d’insatisfaction sexuelle est plus important chez les Français votant pour des candidats soutenus par des partis contestataires à vocation tribunicienne.
©Reuters

Chaleur

Les électeurs d’extrême gauche plus frustrés sexuellement que les autres. Les abstentionnistes moins satisfaits. Vous n'y croyez pas ? C'est pourtant bel et bien ce que révèle un très sérieux sondage de l'IFOP pour le magazine Hot Video.

François Kraus

François Kraus

François Kraus est Directeur des études politiques au département Opinion de l'Ifop.

 

 

 

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Un des principaux enseignements de l’enquête est l’étroite corrélation entre le sentiment d’insatisfaction à l’égard de sa vie sexuelle et l’expression d’un vote protestataire traduisant un mécontentement plus large à l’égard du système politique et des partis dominants.

En effet, ce sentiment d’insatisfaction sexuelle est plus important chez les Français votant pour des candidats soutenus par des partis contestataires à vocation tribunicienne – tels que le Front de Gauche de Jean-Luc Mélenchon (35%) – ou totalement « hors système » comme le Front national (31%) et les partis d’extrême gauche (NPA, Lutte Ouvrière).

A l’inverse, les partisans des candidats des deux grands partis de gouvernement manifestent un sentiment d’insatisfaction inférieur à la moyenne : 22% des électeurs de François Hollande et 23% des partisans de Nicolas Sarkozy se disant insatisfaits sur le plan sexuel, contre 26% auprès de l’ensemble des Français.

Quant à l’électorat de François Bayrou – qui capte aussi une part du vote protestataire comme tout parti de l’opposition² –, il exprime un sentiment d’insatisfaction plus fort que la moyenne (30%), tout comme d’ailleurs l’ensemble des personnes ayant voté pour lui en 2007 (30%).

Naturellement, le lien entre insatisfaction à l’égard de sa vie sexuelle et insatisfaction à l’égard de la vie politique s’explique avant tout par la composition de ces électorats contestataires où sont surreprésentées les personnes les plus insatisfaites sur le plan sexuel, à savoir les hommes, les quadras et les quinquagénaires et, sociologiquement, les inactifs, les ouvriers et les travailleurs indépendants. Il n’en reste pas moins que ce lien est mis en lumière par tous les indicateurs politiques.

En termes de positionnement partisan, les sympathisants des deux grandes formations contestataires - Front de Gauche et Front national - expriment un sentiment d’insatisfaction sexuelle plus fort que la moyenne : 32%, contre 26% en moyenne. De même, lorsqu’on analyse le vote à la dernière élection présidentielle, on remarque que les électeurs des formations trotskystes, communistes et lepénistes (32%) sont plus insatisfaits sur ce plan que dans le reste de l’électorat.

Enfin, les indicateurs de participation électorale font entrevoir un lien entre ce sentiment d’insatisfaction et les formes de rejet de la politique que sont la non-inscription sur les listes électorales – 71% des inscrits se disant satisfaits sur le plan sexuel, contre 63% des non-inscrits – ou l’intention de s’abstenir au prochain scrutin : le niveau de satisfaction étant plus faible chez les abstentionnistes (67%) et ceux ayant peu de chances d’aller voter (62%).

Les électeurs de droite et du centre tendent à avoir une vie sexuelle plus stable et moins intense que le reste des Français

Le second enseignement de l’enquête est l’écart qui sépare les sympathisants de droite et du centre du reste de la population en ce qui concerne le nombre de partenaires et la fréquence des rapports sexuels.

Plus aisés, plus diplômés et surtout beaucoup plus âgés et plus pratiquants que la moyenne des Français, les électeurs de droite modérée tendent plus que les autres à vivre en couple et ceci dans un cadre conjugal classique. Cela se traduit par une vie sexuelle plus stable que la moyenne si l’on en juge le nombre de partenaires qu’ils déclarent avoir eu durant leur vie : 7 en moyenne, contre 9 chez les sympathisants de gauche et 10 chez les sympathisants d’extrême droite.

C'est d’ailleurs dans les rangs des sympathisants UMP que l’on compte le plus de personnes n’ayant eu qu’un seul partenaire au cours de leur vie : 23%, contre 18% en moyenne chez l’ensemble des Français. A l’inverse, à peine un quart d’entre eux (24%) déclarent avoir eu au moins une dizaine au cours de leur vie, contre un tiers des sympathisants de gauche (31%). A noter que les électeurs centristes ont aussi moins de partenaires que la moyenne durant leur vie (7 en moyenne pour les électeurs de François Bayrou) même s’ils ne partagent que certaines caractéristiques sociales et cultuelles avec l’électorat de droite.

La fréquence des ébats amoureux diminuant avec la longévité du couple et l’intensité de la pratique religieuse, l’activité sexuelle est naturellement moins intense au sein d’un électorat de droite plus âgé et plus pieux que la moyenne.

En effet, le nombre moyen de rapports mesuré chez les électeurs de Nicolas Sarkozy (6,7 par mois) et de François Bayrou (5,9 par mois) est sensiblement plus faible que celui observé chez les électeurs de la gauche parlementaire (7,6 par mois), de l’extrême gauche (7,7 par mois) et surtout de l’extrême droite (8,0 par mois). Il faut dire que c'est dans les rangs des sympathisants lepénistes que l’on recense le plus de personnes ayant au moins 3 rapports par semaine : 16%, contre 11% en moyenne chez l’ensemble des Français.

De manière générale, les personnes exprimant un vote protestataire semblent avoir une vie sexuelle un peu plus active (8 rapports par mois en moyenne) que celles soutenant les candidats issus de partis de gouvernement (7 rapports mensuels), sachant par ailleurs qu’elles déclarent aussi un nombre de partenaires plus élevé (32% d’entre elles ont eu au moins dix partenaires dans leur vie, contre 26% chez l’ensemble des Français).

Le répertoire des pratiques sexuelles est plus large et diversifié chez les Français exprimant un positionnement radical ou progressiste sur le plan politique

Le troisième enseignement de l’enquête est l’observation d’une vie sexuelle plus diversifiée dans les rangs des personnes se reconnaissant dans des partis défendant un certain libéralisme culturel et/ou situés en marge du système politique. Les électeurs de gauche qui sont, entre autres, surreprésentés dans la génération ayant commencé sa vie sexuelle après l’arrivée de la contraception et avant celle du SIDA se distinguent ainsi par une vision moins normative de la sexualité conjugale.

Cette vision transparaît aussi bien dans l’expérimentation de caresses manuelles (masturbation) ou mécaniques (sex toys) que dans celles de caresses bucco-génitales (fellation, cunnilingus). La fellation est ainsi une pratique plus répandue chez les femmes de gauche (81% déclarent l’avoir déjà pratiqué) que chez des sympathisantes de droite parlementaire (69%) qui appartiennent plus souvent, il faut le rappeler, à des générations où ce geste était proscrit ou associé aux services offerts par les prostituées. Mais cette sexualité orale est aussi plus répandue chez les femmes se situant à la gauche de la gauche (92% chez les sympathisants d’extrême gauche, 83% chez les sympathisantes du Front de gauche) ou à la droite de la droite (74% chez les sympathisantes lepénistes).

L’expérience de la sexualité anale est également plus fréquente chez les sympathisants de gauche qui sont 48% à déclarer avoir déjà pratiqué la sodomie, contre 43% des sympathisants de l’UMP ou du Modem. Présentant un profil plus masculin que la moyenne, les sympathisants du FN sont aussi plus nombreux à avoir déjà pratiqué la pénétration anale (55%, contre 45% en moyenne chez l’ensemble des Français), tout comme d’ailleurs les partisans du Front de Gauche (57%) ou des partis d’extrême gauche (51%). Au total, on observe donc un réel écart dans la pratique de la sodomie entre les électeurs des partis de gouvernement (45%) et ceux des formations protestataires (55%), comme si la contestation du système politique dominant allait de pair avec une plus grande transgression des normes sociales en matière de sexualité.

Les sympathisants de gauche se distinguent enfin par une plus grande expérimentation des comportements sexuels sortant du cadre conjugal classique, qu’il s’agisse de formes de comportement extra-conjugal codifié (comme l’échangisme) ou non codifié (comme l’infidélité au sens strict).

Même s’il reste une pratique minoritaire – à peine 5% des Français déclarent l’avoir déjà pratiqué –, l’échangisme est plus fréquent chez les électeurs de gauche (6%) que de droite (3%). Cette pratique est d’ailleurs deux fois plus répandue que la moyenne chez les personnes se situant à la gauche de la gauche (10% chez les sympathisants d’extrême gauche, 9% chez les sympathisants du Front de gauche), comme si leurs positions sur les questions de propriété pouvaient les rendre plus enclins à l’échange de partenaires sexuels.

Enfin, l’infidélité, qui est plus fréquemment observée dans la gent masculine et dans les catégories les plus âgées et les plus aisées de la population, est aussi une pratique plus répandue chez les électeurs de gauche (35%) que dans les autres pans de l’électorat : les électeurs lepénistes (28%) rejoignant sur ce point les électeurs centristes (27%) ou sarkozystes (29%). C'est d’ailleurs la seule expérience sexuelle mesurée dans l’enquête que l’on observe plus chez les personnes se situant proches d’un parti de gouvernement.

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