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Exclusions chez LR, le feuilleton continue : comme un léger parfum de faiblesse politique de Laurent Wauquiez ?
©MIGUEL MEDINA / AFP

Parti éclaté

Chez les Républicains, la question de l'exclusion des "macronistes" gangrène toujours le parti. Et le ridicule est venu s'ajouter à la division...

Anita Hausser

Anita Hausser

Anita Hausser, journaliste, est éditorialiste à Atlantico, et offre à ses lecteurs un décryptage des coulisses de la politique française et internationale. Elle a notamment publié Sarkozy, itinéraire d'une ambition (Editions l'Archipel, 2003). Elle a également réalisé les documentaires Femme députée, un homme comme les autres ? (2014) et Bruno Le Maire, l'Affranchi (2015). 

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Il faut se pincer pour le croire. Après des semaines de tergiversations, d'auditions, de déclarations et déclamations, le Bureau Politique de LR (Les Républicains), devait enfin clore le chapitre Un du livre des exclusions des membres du Parti passés à l'ennemi - autrement dit dans le camp d'Emmanuel Macron - et marquer un grand coup en  prononçant l'exclusion de ses membres passés dans le camp du pouvoir. Tout semblait prêt pour la " clarification" : les plus réticents (les juppéo-centristes), semblaient résignés ou en tous cas ultra-minoritaires au sein du BP ; les plus fermes (les ex-sarkozystes rassemblés derrière Laurent Wauquiez), plus déterminés que jamais à en finir avec les fêlons qui les narguent en rappelant qu'ils mettent en oeuvre le programme de la droite ! Mais on avait juste oublié une chose : pour être valable, une telle décision doit être adoptée par une assemblée dont le quorum est atteint, ce qui n'était pas le cas hier soir. Et il faudra patienter encore une semaine, voire plus  pour que la décision prise soit entérinée de manière irréfutable. Le ridicule est venu s'ajouter à la division.

Ce mardi, jour de Bureau Politique, l'hésitation n'était donc plus de mise, il fallait en finir : le Premier ministre Edouard Philippe, Gérald Darmanin, le ministre des Comptes publics, Sébastien Lecornu, le Secrétaire d'Etat à la Transition Ecologique, les députés Thierry Solère  et Frank Riester, initiateurs du groupe Les Constructifs à l'Assemblée allaient être exclus en bonne et due forme du Parti Les Républicains auquel ils ont tourné le dos au moment de l'élection d'Emmanuel Macron, au point, pour certains d'entre eux , de soutenir des candidats d'En Marche aux législatives, au grand dam des militants. Bruno Le Maire, lui,  n'est plus concerné par la procédure puisqu'il a rallié La République en Marche avant les législatives.

En réalité, la question aurait pu être réglée dès la fin du mois de juin, au  lendemain des législatives et la mise en place du deuxième gouvernement Philippe. Mais au début de l'été, après avoir été éliminés du deuxième tour de la présidentielle et perdu la moitié de leurs députés, les Républicains, choqués, en plein doute existentiel, n'étaient pas "armés" pour actionner la guillotine ; ils l'étaient d'autant moins que l'on était alors en pleine "macronmania",  que le parti dont le chef (François Fillon depuis les primaires ), s'était retiré après son cuisant échec, est  géré  par une direction intérimaire en attendant l'élection d'un  nouveau président le 10 décembre prochain, et enfin que l'on était alors à la veille du dernier scrutin de la série ,gagnable celui-là, les sénatoriales . Il a donc été décidé de temporiser en appliquant scrupuleusement les statuts : on a invité les fêlons à venir s'expliquer devant une commission ad hoc, ce qu'ils ont fait à l'exception d'Edouard Philippe. Et ils ont expliqué le plus tranquillement du monde qu'ils sont toujours de droite et qu'ils ne font d'ailleurs qu'appliquer le programme ....de la droite. Confusion, répliquent en choeur Bernard Accoyer, le secrétaire général, et tous ceux qui se rangent derrière le favori  pour la présidence du Parti, Laurent Wauquiez. Entre temps un nouvel élément est venu s'ajouter au dossier : le sort  de Sens Commun, mouvement issu de la Manif pour Tous dont le président a tendu la main au Front National. Christian Estrosi, qui a fondé son propre mouvement "La France Audacieuse " avec des maires de grandes villes, s'est fait le porte-parole de ceux qui  réclament une autre clarification, avec  l'exclusion de ce mouvement de LR. La question n'a pas été abordée au Bureau Politique où l'on a voulu régler la question des Constructifs.  "Ça a beaucoup trop duré. On ne parle de nous que pour ça .Il faut qu'on reparle aux Français ", a d'ailleurs déclaré Laurent Wauquiez pendant la réunion....Mais tous ceux qui ont entendu un autre message de la part de leurs  électeurs ("cessez l'opposition systématique" ), ou qui ont senti le vent du boulet pour leur propre élection en juin, ne veulent pas exclure les Constructifs ." Laurent tu es trop dur....ce n 'est pas la bonne direction ce n'est pas rassembleur", lui a répliqué le député de Paris Claude Goasguen, réélu in extrémis en juin.

D'autres encore, à l'instar de Dominique Bussereau, le président des Départements de France, ou Jean-Pierre Raffarin, ont fait la politique de la chaise vide et occupé le terrain avec " Twitter" :" Que ceux qui souhaitent gouverner la 5e  République  n'oublient pas ce qui la fonde : le rassemblement", a écrit l'ancien Premier Ministre. Et Gérald Darmanin, de son coté,  appuyait là où ça fait mal :" Fallait il que je sois adhérent de Sens Commun pour ne pas connaitre l'exclusion". Le président du Conseil départemental des Hauts de Seine, Patrick Devedjian a rappelé de son coté que lorsque " Chirac avait soutenu Giscard, il n'a pas été exclu". Mais les adversaires de l'exclusion étaient minoritaires au BP et dans la déclaration qu'a fait voter Bernard Accoyer, il est écrit : "Au nom d’une conception exigeante et éthique de l’action publique, de la démocratie et du pacte républicain, il est du devoir de notre famille politique de mettre fin à ce feuilleton. Il est aussi urgent de dire à certains que l’alliance du cynisme et de la perversité a des limites. La politique n’est pas un jeu...Cette clarification est vitale car la confusion entre la gauche et la droite conduit à des combinaisons politiques qui font le nid des extrêmes comme le prouvent les dernières élections en Allemagne et en Autriche. Cette confusion suscite également chez les électeurs un rejet des élus et des élites". La direction de LR voulait frapper un grand coup, montrer qu'elle reprenait la main, que la campagne interne pour l'élection du nouveau président allait pouvoir commencer.

Mais l'absence de quorum pour ce vote crucial montre que le parti est profondément divisé, voire éclaté , et laisse présager une campagne  interne plus dure que prévu ,avec  la question des alliances  et la ligne politique du mouvement . Un remake du feuilleton Copé-Fillon de sinistre mémoire, redoutent les uns, la fracture irrémédiable redoutent les autres. Si hier soir  l'exclusion de Gérald Darmanin, Sébastien Lecornu, Thierry Solère, Frank Riester  a été politiquement actée, l'absence de quorum montre que le parti est amputé d'une partie de ses forces. C'est d'ailleurs le moment qu'a chois le député européen Alain Lamassoure pour claquer la porte en twittant  " après la perte d'une élection imperdable, LR exclut le premier ministre qui fait les réformes dont RLR et ses électeurs rêvaient". Pas sûr que ce soit le cas avec la hausse de la CSG...  Quant à la dizaine de  députés LR qui siègent au groupe des Constructifs, ils ont un délai de grâce jusqu'au 30 novembre, date ultime de la formation des groupes politiques à l'Assemblée. Ceux qui n'adhèreront pas au groupe LR s'excluront d'eux même, explique-t-on rue de Vaugirard. Pour éviter le spectacle d'un nouveau vaudeville ...

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