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Renouveau : 59% des Français souhaitent une réforme en profondeur des institutions politiques françaises mais seuls 45% se disent favorables au vote des étrangers non-communautaires
©Reuters

Institutions désuètes

Le renouveau exprimé avec l'élection d'Emmanuel Macron en mai dernier doit désormais se convertir dans les institutions de la Vème République. Les Français demandent ces changement. Le gouvernement devra les entendre.

Erwan Lestrohan

Erwan Lestrohan

Erwan Lestrohan est directeur d'études à l'Institut BVA.

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Atlantico : Quels sont les grands enseignements de ce sondage ?

Erwan Lestrohan : C'est de montrer qu'il y a une soif de renouveau dans les institutions politiques qui persiste chez les Français. On aurait pu faire l'hypothèse que cette soif avait diminué depuis l'élection d'Emmanuel Macron dans un contexte d'intérêt des Français pour le renouvellement de la vie politique mais là ce que l'on voit c'est que la part de Français qui veut un renouvellement des institutions diminue très peu par rapport à ce qu'on mesurait en juin 2016. A l'époque 64% des Français souhaitaient un renouvèlement en profondeur des institutions et ce chiffre est à peine passé à 59% aujourd'hui. On a donc encore une large majorité de Français qui souhaitent un renouvellement en profondeur des institutions et quand on regarde dans le détail les mesures qui pourraient participer au renouvellement des institutions et le positionnement des Français à l'égard de ces mesures, on peut poser deux constats. Le premier c'est que les mesures qui concourent à un renouvellement de la vie politique sont largement soutenues par les Français comme l'interdiction du cumul des mandats ou encore la réduction du nombre de parlementaires. Les mesures qui participent à une représentation plus fidèle de la société française dans les institutions comme la proportionnelle ou le vote obligatoire sont aussi très soutenues alors qu'on a des positions plus clivées en ce qui concerne  des projets qui sont au-delà de ces considérations comme le droit de vote des étrangers non communautaires aux élections locales et aussi la mise en place de liste transnationales aux élections européennes. Ces mesures sont moins soutenues car elles ne se situent pas dans leur besoin de représentation de la société française ni dans la volonté que le monde politique soit renouvelé. On est hors champ du renouvellement.

Dans le détail il y a des réponses qui diffèrent très fortement en fonction des affinités politiques des Français. Ce qui est intéressant c'est que c'est à l'image  à la fois de la séquence politique récente, et aussi de la volonté de renouvellement. On voit que lorsque l'on propose le referendum de veto d'initiative citoyenne on a l'écho de la contestation de la loi travail 20116 et 2017 et les Français qui y sont les plus favorables sont les partisans de La France insoumise mais aussi du Front National, des populations les plus favorables à plus de protection des salariés et  en faveur des entreprises.

En ce qui concerne la proportionnelle en fonction de si on se situe du côté des lésés (LFI/FN) ou alors des favorisés jusqu'alors par le scrutin majoritaire (Socialistes, Républicains) qui eux sont plutôt critique à l'égard de la possibilité d'introduire la proportionnelle.

Sur la question du vote obligatoire  ce qu'on voit c'est que c'est moins une question de proximité politique que de participation.  Quel que soit la proximité politique les gens y sont globalement favorables par contre en ce qui concerne les abstentionnistes du second tour les gens y sont très défavorables.

La ou le clivage gauche/droite est particulièrement efficace et joue à plein c'est sur la question du droit de vote des étrangers aux élections locales.  Quand on se pose la question du vote on a des arbitrages très différents en fonction de la proximité politique. Seul 14% des sympathisants LR et 12% des sympathisants du Front National y sont favorables alors qu'au contraire 74% des sympathisants de La France insoumise, 77% des sympathisants PS et 60% des sympathisants En Marche y sont favorables. On voit bien que sur les questions de société les sympathisants de En Marche sont relativement ouverts ce qui confirme ce que l'on a pu observer dans les enquêtes d'opinion par le passé.

 Les sympathisants LREM sont pour la poursuite des réformes et du projet présidentiel et le conservatisme vis-à-vis des institutions de la Ve République on le retrouve plutôt du côté des partis traditionnels comme le PS ou Les Républicains.

Vers quel modèle veulent se diriger les Français au vu des réformes qu'ils souhaitent porter ?

Pour l'instant ce qui est intéressant d'observer c'est qu'ils se dirigent quand même dans un modèle où la représentation citoyenne a plus de poids et où on donne plus d'importance au suffrage, c'est ec qu'on voit avec les questions sur le vote obligatoire ou la proportionnelle et c'est dans la continuité de la présidentielle 2017. Ce sont  des pratiques et des changements qui se font au détriment des majorités qu'on a eu sous la cinquième République et des grands partis traditionnels comme le PS ou Les Républicains.

Est-ce que cette volonté de réforme profonde des institutions ne s'inscrit pas dans la lignée de la volonté de dégagisme que l'on observe vis-à-vis des hommes politiques ?

C'est tout à fait caractéristique du contexte politique actuel et ce contexte on le retrouve dans l'opinion. C'est le sentiment chez les Français que leur distance avec les Hommes politiques et les institutions est important et que pour réduire cette distance il y a la nécessité de renouveler plus efficacement la classe politique via des mesures contraignantes  ainsi que la nécessité que les institutions soient plus représentatives du peuple.

Il y a un double effet, sur la classe politique et sur les institutions où les Français souhaitent une meilleure intégration et représentation de la société civile et le rejet de la classe politique traditionnelle tel qu'il s'est exprimé se retrouve dans ce sondage d'opinion autour du fait que le modèle politique traditionnel a vécu et que les Français sont en attente de sa redynamisation des institutions.

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