Edito
Pourquoi l’écart des prélèvements fiscaux se creuse entre la France et l’Allemagne
Emmanuel Macron rêve d’un front commun franco-allemand qui deviendrait le fer de lance d’une Europe revitalisée pour donner un nouveau souffle à l’ensemble du vieux continent.
Emmanuel Macron annonce une série de chantiers destinés à transformer notre pays pour lui faire rattraper son retard. Mais pour l’instant, rien ne dit que l’écart existant de part et d’autre du Rhin pourra être facilement colmaté.
C’est la quadrature du cercle pour obtenir en France un simple ralentissement de la dépense publique, qui continue bel et bien de progresser, sans dépasser espère-t-on 3% cette année. Alors que pendant le même temps Angela Merkel, qui s’apprête à une réélection triomphale pour un quatrième mandat, cherche comment utiliser dans le prochain budget les excédents qu’on lui prédit, en raison du dynamisme de l’économie allemande, qui a su surmonter les obstacles engendrés par l’abondance des migrants qui ont été intégrés et la chute du dollar qui n’empêche pas les exportations de progresser.
En France, le déficit des échanges est devenu abyssal et souffre au contraire de la force de l’euro. Mais en réalité, il met en lumière la nécessité urgente de procéder aux réformes structurelles si souvent évoquées mais toujours mises sous le boisseau, alors qu’elles avaient été réalisées outre-Rhin par Gerhard Schroeder. A cet égard, une étude récente d’un organisme de recherche, Rexecode, a mis en lumière l’écart impressionnant existant entre la taxation des entreprises de part et d’autre du Rhin. Celui-ci s’est établi à 185 milliards d’euros en 2015 , et la situation aurait plutôt empiré depuis . Rapporté à la taille des économies, cela signifie un prélèvement de 9,3% sur le produit intérieur brut allemand, alors qu’il a représenté 17,7% sur la richesse nationale française. Il en résulte un handicap considérable qui explique en partie les mésaventures du commerce extérieur. L’étude montre ainsi qu’il existe un surcoût de 37 milliards sur les impôts sur les salaires au détriment de la France,(alors que le niveau moyen des salaires est supérieur outre-Rhin), de 33 milliards sur l’impôt foncier. Mais il existe aussi toute une panoplie d’impôts et taxes qui alourdissent la barque hexagonale et qui demeurent plus ou moins cachés aux yeux de l’opinion, pour laquelle on brandi surtout l’impôt sur les sociétés, qui représente seulement une partie des prélèvements. Ainsi les entreprises subventionnent certains secteurs publics, comme la Sncf, ou des transports régionaux pour leur personnel. A l’échelle de la planète, la population française représente1,5% de la population mondiale, qui fait face à des prélèvements de 15%. C’est cette anomalie à laquelle il convient de remédier , en luttant contre une inertie entretenue par des siècles d’immobilisme, puisque certaines institutions sur lesquelles nous reposons datent de la période révolutionnaire et que l’inconscient collectif suggère que l’on peut encore maintenir ce qui existe depuis si longtemps. Pour l’instant, le gouvernement envoie des messages, lance des pistes, qui affolent une grande partie de l’opinion, toujours inquiète de la nouveauté et du changement. Le pire serait de se contenter de réformer à la marge, selon la technique fragmentaire du rabot, alors qu’il faudrait porter le fer sur un projet de réforme de l’Etat lui-même, en son centre, et en revisitant les privilèges des castes dirigeantes. Mais sur ce plan, le pouvoir est plus discret.
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