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Loi Travail, encore un petit effort !
©Reuters

Les entrepreneurs parlent aux Français

Les PME en rêvaient, Macron et Pénicaud l’ont fait...

Denis Jacquet

Denis Jacquet

Denis Jacquet est fondateur du Day One Movement. Il a publié Covid: le début de la peur, la fin d'une démocratie aux éditions Eyrolles.  

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Les PME en rêvaient, Macron et Pénicaud l’ont fait. Une promesse de changement enfin tenue par des politiques, on pensait que c’était totalement impossible, alors ils l’ont fait. Parfois, la méthode et l’annonce, a plus d’importance que le contenu, car elle pose le débat, marque d’un sceau indélébile le démarrage d’un mandat présidentiel et donne le ton. Selon la qualité de la musique, les acteurs, avant même de lire les notes, écoutent le son et la mélodie. Si elle est douce à leurs oreilles, la confiance qu’elle induit les porte à se mettre en position de prendre des risques et d’investir. C’était le but de ce premier acte, bien réussi. Même la CGT ne réussira pas à pourrir cette mesure de salubrité publique, et ses merguez n’empoisonneront les rues que le temps d’une petite journée, sans que personne ne s’en soucie. Dommage pour les charcutiers, tant mieux pour l’économie française !

Mais il y a encore un gros trou dans la raquette, ce qui n’est pas grave et assez compréhensible. C’est la méthode Macron : On avance par vague et nous attendons la prochaine avec impatience.

Quelle est donc cette musique que j’évoque plus haut, qui sonne harmonieusement aux oreilles des entrepreneurs français ?

La première note, c’est l’attention aux PME. Qui aurait pensé qu’un gouvernement qui n’ai pas choisi de nommer un Ministre aux entreprises et au digital, soit aussi soucieux de donner aux mal-aimés de la nation, un bol d’air qui pourrait nous rapporter 1 million d’emplois, des vrais emplois, pas des emplois aidés. Au lieu d’emplois aidés il fallait aider l’économie à en créer de réels et ce premier pas est franchi.

La seconde note, c’est la confiance. Comment aider les PME à cesser de céder à cette peur de l’embauche ? Effectivement ne pas craindre comme la loterie ou le sort divin, la décision d’un Prud’hommes, selon son inclinaison locale pour le salarié ou l’employeur, en plafonnant les indemnités était un premier pas nécessaire. Il est franchi.

La troisième, c’est de réaliser enfin que plus on s’approche de l’entreprise, moins la loi nationale est juste. Plus on donne à ce qui se rapproche du terrain le pouvoir de contredire un accord national, souvent fruit d’une négociation politique déconnectée de la réalité, par des technocrates plus aveuglés par leur combat contre l’adversaire qu’obsédés par l’impact sur les PME, plus on a des chances de laisser l’économie l’emporter sur la politique. La branche devient désormais « l’échelon de protection » face à  l’accord national. C’est encore insuffisant, mais tellement mieux déjà. Encore un pas de franchi.

Enfin, la réalisation qu’une PME n’est souvent que la succession de projets et non un long fleuve tranquille, rassure sur la possible fin de la myopie en politique, qui n’avait jamais compris jusqu’alors que s’appeler Sodexo ou la SG n’avait rien à voir avec le fait de s’appeler Dupont (pardon aux Duponts !) avec 10 salariés. La PME ne sait souvent pas ce qu’elle deviendra dans les 3 prochains mois, et sans nouveau projet ou signature de contrat, elle « plante ». Pire même, mal payée par les grands groupes, elle peut quand même mourir, terrassée par la croissance ! Un comble quasi uniquement possible en France. Les PME, ce ne sont pas « Omar qui les a tué », mais les délais de paiement. Avec l’arrivée du contrat de projet, on fait un pas vers le réalisme économique. Il faudra rappeler à tous qu’aucun entrepreneur de PME n’a pas pour obsession le matin en se rasant, de supprimer des emplois pour améliorer son cours de bourse. Et que les salariés y sont les bienvenus, qu’on aime les y conserver. Là aussi un nouveau pas de franchi.  

Alors que manque t-il ?

La confiance c’est la route. Ensuite il faut les infrastructures. Il nous les faut. Vite. Et surtout, il y a un élément brillant par son impact, positif parfois, négatif aussi, sur nos économies, qui est totalement absent de cette réforme. C’est le digital. Pas un mot sur ce phénomène qui bouscule le contenu et le contenant du travail plus que toutes les lois des 30 dernières années. Et il n’est pas abordé.

Les infrastructures 

Il faut construire du lourd ! Et du global. Un abri solide pour mettre nos champions à l’abri le temps de leur croissance. Le temps d’en faire des champions, ce qui nous replacerait en 1ère classe, notamment en matière de digital.

Sur les premières mesures il faut au plus vite les améliorer de la façon suivante :

Idéalement il faudrait réserver la réforme principale aux PME, c’est à dire en France, à toutes les entreprises de moins de 500 personnes, qui constituent 99% de notre tissu économique. Les plus grandes n’ont pas ou peu besoin de ces mesures car l’emploi ou le licenciement n’est pas un problème pour elles. Il faut tenir compte de la sociologie de nos entreprises. D’un côté les géants de l’autre côté les nains. Il est temps de réaliser que les règles ne peuvent pas être les mêmes pour ces 2 extrêmes.  Et donc, non seulement ne pas édicter les mêmes règles pour les PME, mais permettre que les exceptions se discutent au niveau de l’entreprise directement, le plus possible.

Ensuite, il faut donner aux start-up et PME françaises, la souplesse maximale dont elles ont besoin pour s’adapter à leur condition économique et leur taille. Et pour éviter que des mesures, comme celle qui permettrait un licenciement libre, ou une capacité d’engager des indépendants autant que des salariés, ou de recourir aux heures supplémentaires, ne soit bloquée politiquement par l’incompréhension et l’aversion des français, il faut justement la réserver aux PME. Pour elles, ils sont prêts à tout comprendre.

Enfin il faut compléter la souplesse donnée au système par une réforme complète du travail, par des mesures liées au financement, à la protection/favoritisme de leur activité le temps de leur croissance, à la fiscalité des investisseurs, sans oublier la renégociation des accords de Solvency, l’obligation de transférer une partie de l’assurance-vie dans les PME et start-up françaises, (voir les propositions de l’Observatoire de l’Ubérisation sur les fonds sans fin). Le droit du travail est une pièce essentielle de l’environnement des entreprises, mais comme le corps humain, se soucier seulement des poumons et des jambes n’est pas suffisant. Il faut gérer la santé de l’ensemble et de l’environnement extérieur.

Donc bravo pour ce moment, nous attendons la suite avec impatience !

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