Comment aborder cette rentrée après un été...chaud <!-- --> | Atlantico.fr
Atlantico, c'est qui, c'est quoi ?
Newsletter
Décryptages
Pépites
Dossiers
Rendez-vous
Atlantico-Light
Vidéos
Podcasts
Société
Comment aborder cette rentrée après un été...chaud
©Reuters

Sea, sex and sun

L’été a été le moment du dévoilement des corps et de l'Eros. Après tout, pourquoi ne pas continuer sur cette lancée, à la rentrée, à l'automne puis à l'hiver ?

Michelle  Boiron

Michelle Boiron

Michelle Boiron est psychologue clinicienne, thérapeute de couples , sexologue diplomée du DU Sexologie de l’hôpital Necker à Paris, et membre de l’AIUS (Association interuniversitaire de sexologie). Elle est l'auteur de différents articles notamment sur le vaginisme, le rapport entre gourmandise et  sexualité, le XXIème sexe, l’addiction sexuelle, la fragilité masculine, etc. Michelle Boiron est aussi rédactrice invitée du magazine Sexualités Humaines

Voir la bio »

L’été a été chaud ! Un peu banal comme réflexion, même si cette année  a été effectivement  une saison très très chaude et peut être propice à l’amour ? On a vécu pèle mêle :

 La canicule, qui a sévit très fort et elle est toujours  propice au dévoilement, au dénuement, à l’érotisme. Dans ce contexte, sable chaud,  soirées arrosées,  danses endiablées, bain de minuit sont autant d’invitations à l’amour. L’été favorise  la nudité, ce qui érotise le regard des hommes sur les femmes, alors que les femmes ont tendance, elles, à érotiser leur propre corps. La liberté des corps libère leurs sensations.

Les incendies qui ont ravagé notamment le Var et la Corse sont des moments tragiques où l’on a pu retrouver une forme de solidarité qui relie des hommes et des femmes qui n’avaient pas vocation à se rencontrer. Quand on sort indemne d’un tel séisme, les pulsions de vie reprennent le dessus pour lutter contre les pulsions de mort…  On s’est regroupé, on s’est rapproché, on s’est resserré, on s’est consolé, on s’est peut être aussi donné du plaisir ?

La sexualité a été plus « hot » comme tous les étés. Quand on dit « hot » ce n’est pas « hard ». Cela été peut être le moment de lâcher la vison des films pornographiques pour jouir de la réalité ?

L’été nous a permis  de vivre un temps qui s’est écoulé sans contrainte. Le retour à la nature a été propice au lâchez prise, au ressenti, aux émotions, aux vibrations.

Alors pourquoi ne pas continuer à la rentrée de rester déconnecté de tous nos branchements divers et variés ? Maintenir coûte que coûte nos instincts naturels : continuer de regarder, d’échanger avec l’autre réel, de sentir son odeur, d’entendre sa voix, d’apprécier la présence de l’autre, tout ce qui facilite la rencontre naturelle. Nos sens ainsi en éveil peuvent encore à l’automne provoquer de jolies rencontres amicales ou amoureuses, et en même temps recréer la capacité d’aller vers l’autre… Prendre le risque de la rencontre, s’exposer un minimum même dans le métro ! Moins fun que sur la plage, mais se sont pourtant les mêmes individus qui s’y doraient cet été ?

Profitez de la rentrée pour lâcher le culte de la recherche d’une intensité excitatoire qui signe une course effrénée de laquelle on ne sort pas toujours  indemne. Opter pour une douce euphorie qui a aussi le pouvoir de vous envahir un soir à la terrasse d’un café en continuant  de siroter la boisson de l’été…

Alors que va devenir le couple d’un été si on ne l’entretient pas la relation un minimum ? C’est la vraie question. Le couple est pris dans une double révolution et encore plus après l’été : « Romantique » d’un côté et d’un autre côté tout concourt en 2017 à ce que  le corps sexué soit la primauté. C’est une double injonction qui annihile la décision d’aller vers l’autre, alors que précisément c’est le moment de continuer d’être en relation.

En revanche on s’accorde à penser que l’été, la saison des amours  est évidemment  propice à la passion. Même si il n’y a pas si longtemps elle était vue comme un danger, aujourd’hui on décide de se construire sur le culte de la passion.  Alors si l’été a été passionnel, donnons-lui une chance de passer l’automne et pourquoi pas l’hiver ?

L’amour  ne sera durable que soutenu par une résolution. Sans, cela on va vers la banqueroute de l’Eros. L’éternelle question : « Ne pas céder à son désir » ?  Ou « ne pas céder sur son désir»? Alors si la scène du désir se passe ailleurs, pourquoi pas à la rentrée. Créons nous même en vile le contexte propice à une jolie rencontre qui sera le socle d’une relation durable ou jetable selon notre résolution !

L’été nous aura permis de sortir de la fonctionnalité qui nous « bouffe » la moitié de notre temps, laissant peu de place, pendant les trois autres saisons à la légèreté de l’amour ! Décidons de ne pas retomber dans le quotidien qu’on a mis entre parenthèse pendant les vacances et inventons un espace de jeu.

 Il semblerait que  l’on a trop perdu la capacité de jouer ensemble. Quelque soit la saison créons des occasions de partager des moments ludiques qui sont efficaces pour créer du lien.

Hélas, on ne peut pas nier que chez l’homme la sécrétion de l’hormone du désir,  la testostérone, a aussi un rôle prépondérant pendant les périodes de chaleur. Le même phénomène existe aussi chez la femme en plus soft.

Mais l’obligation d’être heureux l’été devient une contrainte, une obligation sous peine de déprime assurée !  Alors qu’être heureux l’automne devient un must qui requiert une vraie volonté ! L’amour au moment où l’on ne l’attendait plus ?

On pense  légitimement à ce que l’été soient plus propices aux rencontres naturelles. Or il semblerait que même dans la période estivale chacun reste branché dans la sphère de ces contacts répertoriés sur Internet.  Cela n’a pas échappé aux sites de rencontres qui doublent leurs publicités et leurs inscriptions en périodes estivales. En témoigne un article lu sur  le Monde.fr qui titre : « L’été saison des amours en ligne ».  L’été représente pour eux un pic d’activité en lien avec le pic de chaleur !

Alors soyons optimistes et voyons l’automne avec ses couleurs chaudes, les corps encore imprégnés de tous les bienfaits de l’été, la mémoire qui a engrangée de merveilleux souvenirs afin de nous maintenir optimistes curieux et surtout tourner vers l’autre réel… 

Pour conclure, servons nous de la rentrée  pour continuer de  jouer ensemble, de rêver ensemble, de jouir ensemble, de retrouver un espace émotionnel en libre circulation, évertuons nous à doser habillement la contrainte, lâcher le tiers virtuel…

Ne laissons pas la rentrée nous faire replonger dans la détresse individuelle, l’individualisme forcené qui conduit à la solitude qui rend fragile et conduit à une existence qui est happée par le tiers virtuel. La seule alternative c’est encore le couple alors il n’y a pas de saison pour trouver la personne prédestinée : le Prince charmant que nous promettaient les comtes d’enfants même s’il est difficile aujourd’hui  de le trouver pour une femme et de l’incarner pour un homme, continue de rester une valeur sûre ! On ne croit guère plus à la personne prédestinée ou alors elles seront plusieurs !

L’Amour?  Pas de recette miracle. Si vous l’avez rencontré cet été garder le au chaud, en revanche, si ce n’est pas votre cas ne cédez pas à la déprime se sont les mêmes qui sont rentrés ! Regardez-vous les uns les autres avec un œil indulgent ! Ne baissez plus les yeux en permanence sur vos tablettes… Levez les yeux, oser le regard !  Essayez simplement de ne pas oublier que l’amour devrait servir à  s’unir et pas à se séparer.  Certes la relation sexuelle est aujourd’hui un facteur de réussite d’une relation de couple. C’est précisément  la raison pour laquelle il convient de trouver un équilibre entre la philanthropie sexuel et le retour au puritanisme qui nous guettent comme après toutes les périodes d’excès. Cette devise serait une bonne philosophie pour la rentrée 2017 !

En raison de débordements, nous avons fait le choix de suspendre les commentaires des articles d'Atlantico.fr.

Mais n'hésitez pas à partager cet article avec vos proches par mail, messagerie, SMS ou sur les réseaux sociaux afin de continuer le débat !