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Ce que la fin des primaires à droite pourrait changer à l’avenir des Républicains
©Reuters

Boule de cristal

Une large partie de la base militante du parti de droite serait favorable à l'abandon du système des primaires ouvertes. Un tel choix aurait plusieurs conséquences.

Atlantico : Dans un entretien donné au Fig​aro, le député LR Daniel Fasquelle a déclaré: "L'immense majorité des militants que je rencontre me disent qu'ils ne veulent plus d'une primaire ouverte dans laquelle des gens de gauche peuvent venir voter. S'il y a une primaire, elle devra être réservée aux militants voire aux sympathisants mais pas au-delà". Quelles pourraient être les conséquences, pour LR, de renoncer à des primaires ouvertes, aussi bien en termes de ligne politique que de structures du parti ? Quels sont les courants, ou les personnalités, qui pourraient profiter d'un tel changement ?

Maxime Tandonnet : Les primaires de la droite et du centre en novembre 2016 et du parti socialiste en janvier 2017 ont abouti à un fiasco invraisemblable. Aucun des deux candidats sélectionnés, ni M. Fillon, ni M. Hamon n’ont figuré au second tour des élections présidentielles. Alors que la généralisation des primaires devait être la marque des présidentielles de 2017, les deux candidats  du second tour, M. Macron, ni Mme le Pen, justement, n’avaient pas été désignés par des primaires. Alors peu importe qu’elles soient ouvertes ou fermées, le scrutin des présidentielles a été un plébiscite des Français dans leur ensemble contre les primaires. Pourquoi ? Parce que les primaires, mauvaise imitation du système américain, sont une aberration au regard de l’esprit de la république française. En s’adressant à une fraction de la nation par exemple partageant les valeurs de droite ou les valeurs de gauche, elles divisent le corps social, poussent à la radicalisation des positions en s’adressant à la frange la plus idéologique des sympathisant d’une cause politique. Les Français ont rejeté ce système. Comment serait-il concevable de le remettre sur la table quelle qu’en soit la forme? Le mot même de primaires est désormais maudit comme une déviance au regard de l’esprit de la Ve République. 

En poursuivant cette logique, quelles seraient les conséquences d'un renoncement pur et simple à tout système de primaire ? Quelles pourraient en être les conséquences internes au Parti ? Le risque de division peut-il être vraiment mieux "contrôlé" dans une telle configuration ?

Le problème est plus général de mon point de vue. Il procède d’une dérive pernicieuse du fonctionnement de la République française. Avoir fait de l’élection présidentielle le centre vital et unique de la vie politique est une monstruosité antirépublicaine et antidémocratique. Cela revient à faire de la politique l’instrument de sublimation d’un homme ou d’une femme, au détriment du débat d’idées et du projet de société. L’électorat se prononce sur l’émotion que suscite chez lui tel ou tel personnage, largement façonnée par l’image qu’en ont donné les médias, et non plus sur une ligne politique ou sur un programme. Le rôle d’un parti politique, dans une démocratie européenne, n’est en aucun cas de servir de tremplin aux ambitions d’un personnage. Il est avant tout de construire un projet sur la base d’un débat d’idées. L’abandon de toute idée de primaires devrait s’accompagner d’une sortie de l’obsession présidentialiste et d’un retour aux fondements républicains : un parti sert avant tout à bâtir un projet en exprimant les attentes de la Nation. Ce retour aux fondements de la démocratie aurait pour effet d’atténuer les clivages : on se déchire sur les passions autour du choix d’une idole mais on se réunit pour construire une ambition commune. 

L'élection du nouveau Président des LR aura lieu les 10 et 17 décembre prochains, un scrutin pour lequel Laurent Wauquiez est annoncé favori. Dans le cas d'un renoncement aux primaires pour les échéances de 2022, en quoi la présidence du parti d'opposition peut elle être perçue comme un avantage ou un inconvénient dans la course présidentielle ? 

Etre président de l’un des deux grands partis traditionnels, surtout 5 ans à l’avance, me semble être aujourd’hui, en soi, un lourd inconvénient pour la présidentielle, voire une position quasi rédhibitoire. Toutes ces années à recevoir des coups, à devoir assumer des scandales, la calomnie, les dénonciations, les intrigues, les déchirementspeuvent avoir pour effet de ternir son image en termes de choix présidentiel. En outre, les Français ont manifesté en 2017 leur rejet viscéral des partis traditionnels en élisant un président qui n’en provenait pas. Le scrutin de 2017 a déjoué tous les pronostics et rien de ce qui était prévu huit mois à l’avance ne s’est réalisé. Prendre un poste aujourd’hui à la tête d’un parti en pensant qu’il va permettre d’être élu président de la République me semble totalement inconcevable. En revanche, l’atout formidable de Laurent Wauquiez, s’il est désigné président de LR serait de prouver sa capacité à redonner un sens au mot politique : non pas la glorification narcissique d’un homme ou d’une femme, mais l’expression des attentes populaires, l’animation du débat d’idées, la conception d’une ligne politique, d’un projet collectif sur tous les grands sujets vitaux du moment : les institutions, l’autorité de l’Etat, la dette, l’emploi, la crise migratoire, la transformation nécessaire de l’Union européenne, la sécurité des biens et des personnes, l’indivisibilité de la France contre les communautarisme. S’il réussissait dans ce défi de réconcilier les Français avec la politique son image en sortirait évidemment grandie et il pourrait s’imposer comme l’homme de l’avenir. 

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