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Inversion du domaine de la lutte : quand Daniel Fasquelle soutient les emplois aidés
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"Sauvons la droite" !

Daniel Fasquelle, député du Touquet, a regretté l’arrêt trop rapide des emplois subventionnés annoncé par Muriel Pénicaud. Et l’on se surprend à entendre le fondateur du mouvement « Sauvons la droite » se faire l’avocat de l’étatisme… Une déroute intellectuelle définitive pour les Républicains qui sont décidément fâchés avec le libéralisme et modernité politique.

Éric Verhaeghe

Éric Verhaeghe

Éric Verhaeghe est le fondateur du cabinet Parménide et président de Triapalio. Il est l'auteur de Faut-il quitter la France ? (Jacob-Duvernet, avril 2012). Son site : www.eric-verhaeghe.fr Il vient de créer un nouveau site : www.lecourrierdesstrateges.fr
 

Diplômé de l'Ena (promotion Copernic) et titulaire d'une maîtrise de philosophie et d'un Dea d'histoire à l'université Paris-I, il est né à Liège en 1968.

 

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La plus grande chance de l’étatiste Macron, c’est sans doute d’être face à une droite idéologiquement à bout de souffle, incapable de penser le destin collectif en dehors du papa État qui protège et rend inutile la prise de responsabilité individuelle. Daniel Fasquelle, qui a entrepris, par une imposture dont seuls les notables républicains ont le secret, de « sauver la droite », vient d’en apporter une nouvelle jolie preuve

Fasquelle et l’éloge du conservatisme étatiste

Ils n’ont décidément rien compris! Après la victoire surprise de François Fillon à la primaire de la droite sur la base d’un programme proposant une révolution libérale, on aurait pu imaginer que les ténors républicains en retiennent quelques leçons politiques.

On ne leur demandait pas de devenir des thatchériens, non! on ne leur demandait pas non plus de proposer des reaganomics. Mais au moins, on imagine sans être particulièrement exigeant que les Républicains, au lieu d’un gloubi-boulga sur des valeurs mal partagées, proposent une réduction sérieuse des dépenses publiques dans le PIB. Rappelons que celles-ci dépassent les 55% en France, chiffre que les Grecs n’atteignent même plus, et qui place la France en tête des pays industrialisés qui mutualisent le plus la richesse privée.

S’il existe bien une voie, et une seule, pour sauver la droite française, c’est celle-là: non pas préparer une révolution libérale, mais simplement envisager un retour à la situation française d’avant 2008 en matière de dépenses publiques. L’Allemagne de la conservatrice Merkel a fait cet effort de remise en ordre. La Grèce du gauchiste Tsipras aussi. Mais la droite de Fasquelle ne l’imagine pas.

La mascarade des emplois aidés

Au lieu de cortiquer une vision alternative de la société française, Fasquelle préfère défendre la France flasque d’une droite sclérosée qui persévère dans l’erreurs de ses vieux réflexes. Le gouvernement propose de réduire les emplois aidés pour assainir les comptes publics? On explique forcément que c’est une mauvaise idée, en reprenant tous les présupposés les plus absurdes.

L’argument de Fasquelle est celui d’un député qui relaie le lobbying de l’économie sociale et solidaire et des élus locaux (toujours utiles quand on veut prendre la présidence d’un parti): la suppression des subventions va compliquer la vie des collectivités locales et des associations. Ce faisant, Fasquelle ne défend certainement pas l’intérêt général. Il se fait juste le primus inter pares de quelques intérêts privés, au mépris de la cohérence idéologique de son parti.

Cette insupportable façon de réduire la politique à une série de plaidoyers pro domo n’est pas seulement le poison qui tue la droite française. Elle est aussi ce dont les Français ne veulent plus, mais les messages passés dans les urnes en mai et en juin n’ont manifestement pas convaincus le maire du Touquet.

Au passage, le même maire s’est fait, dans un rapport parlementaire consacré à l’économie sociale, l’apôtre de la gouvernance démocratique et participative et de la lucrativité limitée. Outre qu’il reste à prouver que ce secteur économique soit réellement d’une lucrativité limitée (en tout cas par choix), on appréciera de voir que celui qui s’imagine en sauveur de la droite française est aussi un ennemi discret, mais bien ancré, de l’économie lucrative.

On en viendrait presque à souhaiter la victoire d’Emmanuel Macron.

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