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Fin de semaine de folie sur les marchés financiers... avec un Dow Jones euphorique, un dollar qui plonge et un euro fort qui piège les économies européennes
©AFP

Bourse

Que ceux qui comprennent vraiment ce qui se passe sur les marchés financiers lèvent le doigt. Parce que ce monde a peut-être perdu la raison.

Jean-Marc Sylvestre

Jean-Marc Sylvestre

Jean-Marc Sylvestre a été en charge de l'information économique sur TF1 et LCI jusqu'en 2010 puis sur i>TÉLÉ.

Aujourd'hui éditorialiste sur Atlantico.fr, il présente également une émission sur la chaîne BFM Business.

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Le monde des affaires est exactement comme un train lancé à grande vitesse. Tous les acteurs de marché en profitent. Tous savent que ça ne peut pas durer; le train va finir par se "crasher" contre le mur des réalités.

Dans ce type de situation qu’on a déjà connu, il y a deux types de gagnants. Il y a ceux qui ont refusé de monter dans le train. Ils gagnent mais peu. Et puis, il y a ceux qui réussiront à sauter du train au dernier moment avant qu’il n’entraine tous les voyageurs dans la catastrophe.

C’est déjà ce qui c’était passé lors des deux crises précédentes. Celle de la bulle internet en 2000, et surtout celle des subprimes en septembre 2008.

Aujourd’hui, que les économistes qui comprennent vraiment la situation sur les marches financiers nous expliquent ce qui va se passer, parce que les valeurs, les tendances sont devenus folles. Elles partent dans tous les sens. Sans raison, ni cohérence en dehors de l’argent gagné par certains.

Alors, comme toujours face à une situation surréaliste, il faut se raccrocher aux faits qui paraissent incompréhensibles.

1e phénomène (incompréhensible): l’euphorie à New- York sur les valeurs américaines. Avec un Dow Jones qui dépassera une fois de plus les 22 000 points cette semaine, alors que Donald Trump faisait peur à tout le monde, le comportement des investisseurs paraît inexplicable. Sans compter l'emballement autour des valeurs technologiques sur le Nasdaq, là-aussi à un niveau jamais vu.

Donald Trump lui triomphe dans ses tweets, « le business américain va de mieux en mieux » dit-il . Sous entendu: il croit en ma politique. 

Sauf que la politique de Trump n’a rien à voir avec ce qu’il avait promis dans sa campagne et qu’il n’est pas responsable de cette euphorie.

On est en pleine période d'annonce de résultats et techniquement, la montée de l'indice et de la plupart des valeurs industrielles américaines est tirée par trois locomotives super puissantes :

Boeing, qui a engrangé des commandes considérables lors du dernier trimestre, plus de 180 commandes d’avions et qui a, lors du dernier Bourget, dépassé en parts de marché le concurrent Airbus.

MacDonald, qui se transforme et s’adapte aux exigences nouvelles du consommateur de fast food et qui délivre des résultats en forte hausse puisqu’il progresse de 27% depuis le début de l’année en bourse. Les boursiers y croient.

United Healthcare, un acteur majeur du système de santé américain qui ne dépend pas de l’Obamacare. Il est donc protégé d’une éventuelle suppression du système social que voudrait abattre Donald Trump.

L’ensemble des autres valeurs américaines traduit le fait que les entreprises US, de l’industrie, des services et de la technologie  s’accommodent fort bien de tous les couacs et de tous les retards ou même de tous les abandons de Donald Trump. Trump ne fait pas ce qu’il avait dit qu’il ferait et le monde du business est très content. Il a même acquis la conviction que le président américain ne pourra jamais faire ce qu’il avait promis de faire et pour le business, c’est une bonne chose. Ils ont même fait une croix sur le seul projet qui leur était favorable : le choc fiscal. Ils s’en passeront. Il préfère que l’économie tourne.

Les seuls risques sérieux que fait peser Donald Trump sont plutôt d’ordre géopolitique. 

Les mesures protectionnistes par exemple vont beaucoup gêner l’Amérique du Sud. Une faillite de l'Amérique du Sud aux portes des Etats-Unis ne serait pas facile à assumer.

Le durcissement des relations avec la Russie est porteur de crise grave d’ordre militaire. La Russie retrouve ses vieux réflexes. Les embargos décidés par l’Amérique ne gênent pas trop les entreprises américaines, mais perturbent surtout le peuple russe et les européens pour qui le marché de la Russie est potentiellement considérable.

2e phénomène, la disparité profonde entre le dollar et l’euro. Alors qu’au début de cette année, tout le monde faisait le pari d’une parité entre le dollar et l’euro. Aujourd’hui, six mois plus tard, l’euro file très vite vers les 1,20 dollars.

« C’est le dollar qui s’effondre » ont dit les adversaires de Trump. Le monde n’a plus confiance dans un pays gouverné par Trump donc ils vendent le dollar. L’explication est très légère, parce que l’économie américaine n’a jamais été aussi puissante dans tous les secteurs clefs (énergie, militaires, aéronautique, banque et surtout nouvelles technologies).

Autre explication, ça n’est pas le dollar qui s’effondre, c’est l’euro qui remonte parce que l’euro et le pays de la zone euro ont regagné la confiance du reste du monde. Et c’est vrai, l’euro ne remonte pas seulement face au dollar, il remonte aussi face à toutes les autres devises .
L’euro est devenu la monnaie qu’il faut avoir. C’est plus qu’une mode, c’est une assurance. Pourquoi? Parce que les économies européennes se portent mieux, parce que les perspectives sont fortes, parce que la stabilité est revenue et que les risques de crises ont été enrayés.

Mais la véritable explication de la force de l’euro vient de la restauration du couple franco-allemand.

Pour la première fois depuis 20 ans, les gouvernements européens ont réussi a imposé un discours pro-business, un discours libéral, un discours pro européen.  Donc on peut faire crédit à l’euro.

Maintenant, et c’est le revers de la médaille, la baisse du dollar rend service aux entreprises américaines qui gagnent en compétitivité. A la limite, si l’action monétaire à la baisse se poursuit, Donald Trump n’aura nullement besoin de mesures coercitives pour freiner les importations.

Mais la hausse de l'euro, elle, preuve d’une bonne santé retrouvée, peut aussi perturber les entreprises qui travaillent avec les marchés en dehors de la zone euro.

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