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Premiers doutes dans les rangs : ceux qui pourraient sauver Emmanuel Macron et ceux dont la défection pourrait le plomber lourdement
©Reuters

SOS renforts politiques

Les mécontentements parmi les alliés de la campagne d'En Marche sont le signe d'un certain mécontentement, mais bien plus le signe d'une tempète que le capitaine Macron devra passer en septembre s'il souhaite gouverner sereinement.

Alexis Massart

Alexis Massart

Alexis Massart  est directeur d'Espol, école européenne de sciences politiques et sociales de l'Université catholique de Lille.

 

 

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Atlantico : Les réserves émises à l'égard d'Emmanuel Macron se multiplient depuis quelques semaines, notamment par Jean-Yves Le Drian ou Corinne Lepage. Quels seraient les soutiens à ne pas perdre pour Emmanuel Macron ? Quelles défections le Président doit-il le plus craindre pour la stabilité de son gouvernement et qui pourrait représenter une "alerte rouge" pour le Président ?

Alexis Massart : Dans une logique d'alliance et de coalition, il est quand même assez récurrent dans la vie politique que les alliés puissent émettre de la sorte des réserves, au contraire des membres du parti du Président qui ont pour reflexe de soutenir mordicus tout ce que le Président peut dire. Ce n'est donc pas en soi totalement inhabituel. Mais effectivement, il faut être honnête, ce ne sont pas des signes très positifs. Surtout de la part de Jean-Yves Le Drian, qui est dans une situation peu confortable en ce moment. On a connu l'épisode du départ du Chef d'État-Major des Armées. Jean-Yves Le Drian était un ministre de la Défense particulièrement investi, reconnu et apprécié. De fait, au regard de ce qui se passe dans son ancien périmètre, il n'aurait pas agi de la même manière. Et ce n'est pas quelque chose de très agréable à suivre pour lui, cela me parait évident. Il est légitime qu'il puisse avoir quelques doutes et réserves

De plus c'est une situation compliquée pour Jean-Yves Le Drian qui n'est pas de la même génération qu'Emmanuel Macron. Il a une histoire politique assez ancienne, avec des habitudes et modes de fonctionnement qui ne corresponde par forcément à ceux du pouvoir aujourd'hui. On est toujours mine de rien sur ce point dans une période de calage.

Quant à Corinne Lepage, j'ai lu ses déclarations sur votre site : elle n'est pas d'une violence extrême. Elle émet quelques réserves et sur ce point est dans son rôle. Elle n'est pas dirigeante de LREM et n'est qu'un soutien précoce d'Emmanuel Macron. Elle a toujours eu cette liberté de parole, et ne s'est jamais vraiment attaché à un parti, l'épisode de son passage au Modem en est la preuve.

Mais ce qui serait en effet inquiétant c'est que ce type de propos en viennent à se multiplier.

A l'inverse quels seraient les nouveaux soutiens les plus utiles au Président ? Quels seraient les profils politiques les plus utiles au Président pour redresser la barre d'une popularité en berne, et gagner en efficacité politique ?

De mon point de vue, ce qui manque aujourd'hui dans le mouvement général lancé par Emmanuel Macron, c'est une présence un peu plus visible de l'UDI. Le parti centriste a été mis sur le côté depuis le début. Il y a eu un certain nombre de soutiens, notamment d'anciens socialistes – majoritairement d'ailleurs. On a senti la volonté d'accueillir un certain nombre de républicains avec pour but derrière de dynamiter un peu la machine. Le grand absent depuis le départ me semble être l'UDI. De fait, depuis le départ de Jean-Louis Borloo, on ne peux pas dire qu'il y ait eu de figures marquantes à l'UDI qui du jour au lendemain serait capable d'apporter une popularité plus importante à Emmanuel Macron. 

Ceci étant, et en vue des sénatoriales, il faut prendre en compte un réseau d'élus locaux assez dense. Et ce que ce soit ceux qui sont directement encartés à l'UDI ou ce qu'on appelle plus classiquement les Divers Droite qui sont plus proches de l'UDI qu'ils ne peuvent l'être des Républicains ce qui permettrait à Emmanuel Macron d'avoir un meilleur relais sur le terrain. Pour la perspectives des sénatoriales du mois de septembre, si Emmanuel Macron souhaite avoir non pas une majorité des deux tiers mais une majorité sur le Congrès en cas de réunion des deux chambres, je crois que cela pourrait être intéressant pour lui de regarder dans cette direction. 

À 36% d'opinion favorable au cœur de l'été, le Président n'est-il pas déjà dans une situation particulièrement défavorable pour aborder la cote de la rentrée, notamment en raison de la loi travail ? Y a til déjà urgence pour le Président pour parvenir à retrouver une position plus favorable, et notamment en parvenant à capter de nouveaux soutiens ? 

C'est en effet important qu'il puisse retrouver une popularité plus importante car la chute de sa cote de popularité a été assez rapide. Maintenant on est en période estivale, et il est assez compliqué de bien mesurer les choses puisque autant les Français ont été particulièrement investi avec les primaires, la campagne et un intérêt réel pour ce que proposait l'actualité politique, autant cette période est peu propice à un réel enthousiasme. Cela va permettre à sa cote de rebondir, de retrouver une vraie dynamique à la rentrée. Mais ici, plus que la question des défections, ce qui va jouer c'est la capacité au parti de la République en Marche de se structurer et de répondre aux exigences de ses adhérents. On sent que sur ce point, cela se tend depuis quelques temps. Et donc que pour porter la politique annoncée, notamment sur la réforme du code du travail, il faut des soutiens sur le terrain qui soient réellement importants. A mon sens, c'est le point le plus problématique pour Emmanuel Macron aujourd'hui.

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