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Les radicalisés ne veulent pas être déradicalisés ! Et on peut les comprendre…
©Reuters

De profundis

Les pouvoirs publics voulaient les soigner. Mais eux ne se considèrent pas du tout comme malades.

Benoît Rayski

Benoît Rayski

Benoît Rayski est historien, écrivain et journaliste. Il vient de publier Le gauchisme, maladie sénile du communisme avec Atlantico Editions et Eyrolles E-books.

Il est également l'auteur de Là où vont les cigognes (Ramsay), L'affiche rouge (Denoël), ou encore de L'homme que vous aimez haïr (Grasset) qui dénonce l' "anti-sarkozysme primaire" ambiant.

Il a travaillé comme journaliste pour France Soir, L'Événement du jeudi, Le Matin de Paris ou Globe.

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C'est un communiqué du ministère de l'Intérieur qui, avec quelques efforts stylistiques, aurait pu être rédigé comme une annonce de décès. Gérard Collomb a l'immense douleur et l'infinie tristesse de vous faire part de la mort du centre de Beaumont-en-Véron. Et ce malgré la compétence, la détermination et l'investissement des personnels de ce centre. Les obsèques auront sans doute lieu dans le carré musulman d'un cimetière de la région…

Ainsi vécut et mourut sans gloire l'unique centre de déradicalisation français. Des centres comme ce malheureux défunt, il devait y en avoir plein sur notre territoire. Pas autant que de mosquées quand même… Les nigauds qui nous gouvernent avaient inventé le mot "déradicalisation" pour ne pas avoir à prononcer ceux d'"islam" et d'"islamisme". Quant aux centres mêmes ils étaient conçus pour soigner ce qu'on considérait comme une infection bénigne du genre grippe ou bronchite. Personne n'avait voulu s'aviser qu'il s'agissait d'un cancer.

Pour être admis dans ces accueillantes unités de soin, il fallait être volontaire. La prison aurait tout aussi bien pu faire l'affaire mais, là, le bénévolat requis par nos gouvernants n'était pas prévu. Il n'y eut pas de candidats pour aller faire un séjour à Beaumont-en-Véron. Faute de pensionnaires, le centre est resté désespérément vite. C'est pourquoi Gérard Collomb, dont on mesure la peine, a dû se résoudre à le fermer.

Car le radicalisé est heureux d'être radicalisé. Ça lui donne, alors qu'il mène une vie plutôt médiocre et pitoyable, un formidable égo surdimensionné. Ça lui permet de voir du pays. Beaucoup de pays. La Syrie, l'Irak, le Yémen… Et les madrassah d'Afghanistan, du Pakistan, du Soudan, du Qatar etc. lui ouvrent les bras. Là-bas on lui dit qu'il est grand, beau et courageux. Ça fait du bien. Et c'est tellement mieux que la psychanalyse freudienne.

Qu'est-ce qu'il serait allé faire le radicalisé à Beaumont-en-Véron ? Ecouter des sermons sur les droits de l'Homme, sur la beauté de la citoyenneté ? Entendre parler de la République, écouter peut-être la Marseillaise ? Se faire abimer le cerveau avec des homélies sur la noblesse des trois religions monothéistes ? Etre obligé d'accepter, sans rien dire, des discours scandaleux prônant l'égalité femmes-hommes ?

Supposons qu'il ait subi, de plein gré ce calvaire, de quoi aurait-il eu l'air en rentrant, déradicalisé, dans sa cité. Ses copains l'auraient chahuté : "Mais t'es plus un homme, les kouffars t'ont manipulé". Les filles se seraient détourné de lui, sa virilité leur paraissant désormais sujette à caution.

Le radicalisé a donc – et comment ne pas le comprendre - préféré rester radicalisé. Mais il parait que Gérard Collomb n'a pas dit son dernier mot. Il se murmure qu'il a demandé à l'institut Pasteur de faire des recherches sur un vaccin contre la radicalisation. Pourquoi pas ? On a bien trouvé un vaccin contre la rage.

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