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Une puce électronique implantée dans le poignet pour payer à la cafet' : les projets pratiquo-effrayants des géants de la tech
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Progrès

La pratique est de plus répandue auprès des transhumanistes mais une entreprise du Wisconsin a décidé de surfer sur la vague. L'entreprise Three Square Market propose à ses employé(e)s de s'implanter des puces sous-cutanées pour, par exemple, payer à la caféteria de l'entreprise. Evidemment il ne faut y voir qu'une démarche pour faciliter la vie du personnel...

Geneviève Bouché

Geneviève Bouché

Geneviève Bouché est consultante.

Elle est spécialiste de l'innovation et des nouveau médias. Elle est l'auteur de Je vais monter ma boîte (Editions d'organisation). Elle est vice-présidente, en charge des études, du think tank Le Club Jade.

 

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Atlantico : Outre le risque évident d’être traqué par les autorités ou notre employeur, quels sont les risques de ces puces implantées ? (Par exemple, serons-nous tenus pour responsables de nos maladies par les assureurs si les puces révèlent des insuffisances en matière d’alimentation, d’activité physique ou de sommeil ?) 

Geneviève Bouché : La littérature de science-fiction de la fin du 19ème et du début du 20ème siècle a fait la part belle à une certaine idée du progrès technique promettant une utopie selon laquelle la vie matérielle serait facile. C’était le temps du « bien être pour tous grâce au progrès technique ». Rappelons tout de même que ces mêmes auteurs ont décrit les risques de dystopie, nous invitant ainsi à réfléchir avant d’adopter de manière inconsidérée les idées folles de certains décideurs peu enclins aux messages de porteurs de sagesse.

Sur cette base, des stratégies géopolitiques et industrielles ont néanmoins été mises en œuvre. Cela nous donne, par exemple, la GAFA et les tentations en matière d’homme augmenté. Dans cette littérature, il y a le désir d’appartenir à la caste qui devient le maître du monde. Autrement dit, une vision centralisatrice et contraignante.

Actuellement, notre vision collective du monde change. Nous prenons conscience des principes organiques qui régissent notre univers et la vie sur cette terre. Dans cette vision, le maître du monde n’a pas lieu d’être. En revanche, les hommes doivent penser autrement leur désir d’efficacité. C’est ce qui nous amène à privilégier par exemple l’économie circulaire et les modes de gouvernance coopératives.

Pour moi, la puce RFID s’inscrit dans la prolongation de la pensée du 20ème siècle alors que nous entrons dans le 21ème siècle avec d’autres priorités.

Dans cette question de puce sous cutanée RFID (ou autre), il faut bien distinguer le pourquoi et le comment.

Pourquoi implanter une puce, alors que nous allons pouvoir identifier la signature biologique de chaque individu puisque nous sommes tous biologiquement uniques. Nous ne pouvons pas brouiller cette signature alors qu’une puce se pose, s’enlève, se brouille et se pirate ? De plus, nous ne sommes pas capables de mesure les effets secondaires sur certains métabolismes dans la durée.

Que je sache, nous ne circulons pas tout nu dans les lieux que nous partageons avec nos congénères. La puce RFID dont nous pourrions avoir besoin pour être identifiés ou payer nos achats peut se porter en boutonnière ou avec tout autre peut support décoratif.

Comment se fait-il que nous ayons besoin d’être suivi dans l’ensemble de nos déplacements et de nos gestes. Actuellement, nous faisons la chasse aux formulaires pour obtenir une administration plus efficace. Nous remplissons des formulaires lorsque nous sommes demandeurs d’une démarche. La puce qui, en quelque sorte, remplis un formulaire ubiquitaire nous est insupportable.

Alors, nous devons nous poser la question de ce qui fait sens. Dans la nature, les organismes échangent entre eux des tas d’informations, mais ces échanges sont utilitaires : la bonne information au bon moment au bon organisme.

Votre question porte sur les relations entre un assuré et son assurance santé. Nous n’avons pas tous la même résistance à l’alcool ou à d’autres substances dont la consommation excessive produit des dégâts. Il y a des règles qui fixent des seuils et il commence à exister des tests qui permettent d’évaluer son état de dangerosité pour soi-même et pour les autres.

L’assureur qui a besoin de savoir ce qu’il en est peut déjà connaître pas mal de chose sur ses assurés et d’ailleurs il commence à développer des outils coopératifs qui permettent de se prendre en charge. Cela se fait avec des objets connectés qui ne sont pas intrusifs, ce qui facilite la souplesse contractuelle et les échanges.


Politiquement et psychologiquement, comment gérer ce futur possible de puces implantées ? Comment gagner sur le côté pratique sans perdre toute autonomie et toute liberté ?

Comme nous venons de l’évoquer, le plus insupportable dans cette histoire, telle qu’elle nous est présentée ici, c’est cette idée de faire allégeance à une espèce de « maître du monde » que nous n’avons pas choisi et qui nous dépasse.

Dans le sens de l’Histoire tel qu’il se dessine actuellement, ceci ne sera pas accepté, même à travers des actions coercitives. Les penseurs de cette proposition doivent revoir leur copie.

Déjà la révolte gronde sur le net…

Hormis un gain de praticité, pour quels avantages ces puces mériteraient que l’on prenne ce risque ? Cette puce peut-elle vraiment devenir indispensable à notre quotidien ?

La praticité n’est pas démontrée. Je serai plutôt favorable à la signature biologique. Mais en amont de la mise en place de cette forme de signature, nous devons réfléchir aux modalités de mise en œuvre.

L’Union Européenne demande aux entreprises de se préparer à la mise en œuvre du RGPD (règlement général de la protection des données). La philosophie est basée sur celle qui se pratique dans la nature : limiter les échanges à la bonne information au bon moment entre les bons organismes.

Mais bon, je m’intéresse tout de même à ces puces. C’est dans les tentatives essais-erreur que nous progressons !

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