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Chiffres du chômage : une baisse en trompe l'œil
©Reuters

Tendance

Les premiers chiffres du chômage du quinquennat Macron sont sortis, et ils sont dans le vert. On observe que le nombre de demandeurs d'emploi catégorie A (sans aucune activité) avait baissé de 0,3% au mois de juin, soit 10 900 chômeurs de moins qu'en mai.

Pierre-François Gouiffès

Pierre-François Gouiffès

Pierre-François Gouiffès est maître de conférences à Sciences Po (gestion publique & économie politique). Il a notamment publié Réformes: mission impossible ? (Documentation française, 2010), L’âge d’or des déficits, 40 ans de politique budgétaire française (Documentation française, 2013). et récemment Le Logement en France (Economica, 2017). Il tient un blog sur pfgouiffes.net.
 

Vous pouvez également suivre Pierre-François Gouiffès sur Twitter

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Atlantico : En juin pourtant le chômage avait augmenté de 0,6 % dans cette même catégorie, comment expliquez-vous ce retour à la baisse ?

Pierre-François Gouiffès : La tendance est… qu’il n’y a pas de tendance et en tout cas pas de tendance claire à la baisse pour le moment, si ce n’est pas une légère dégradation par rapport à 2016. Les chiffres font du yoyo et la France n’a pas connu quatre mois consécutifs de baisse du chômage depuis février 2008, ce à dire il y a quasiment dix ans.

Rappelons que le nouvel exécutif a décidé de ne pas commenter les chiffres chaque mois et donc de rompre avec un rituel de communication républicaine d’ailleurs déprimant vu la piètre performance de la France depuis la crise financière… La nouvelle équipe se concentre sur la question plus fondamentale de l’évolution structurelle avec en tête de gondole le projet de loi travail en cours de discussion, avec des objectifs affichés ambitieux.

Le gouvernement prévoit en revanche une revue trimestrielle des données avec un premier rendez-vous pour les chiffres à fin juillet dans un mois.

On observe en revanche qu'en incluant les autres catégories de chômeurs (catégories B et C), le nombre de demandeurs d'emploi est toujours en hausse. Comment expliquer cela ?

Dans les faits et en dépit d’un contexte économique plutôt favorable, le chômage n’a pas baissé sur le premier semestre 2017 (10 000 catégories A en plus et près de 90 000 catégories ABC supplémentaires) alors qu’il l’avait fait au premier semestre 2016. L’augmentation forte des ABC indique seulement que le chômage continue à monter légèrement et qu’on est davantage sur un plateau que sur une quelconque tendance de reflux.

La stabilité des chômeurs de longue durée des catégories ABC, au-dessus de 2,4 millions depuis aout 2015 est un bon indicateur du caractère structurel de ce haut niveau de chômage hexagonal.

Durant la campagne, Emmanuel Macron s'était fixé l'objectif de descendre à 7 % à la fin de son mandat en 2022. Ces chiffres de début de mandat lui permettent-ils de partir du bon pied selon vous ?

Cette cible d’un taux de chômage cible à 7 % selon veut dire une baisse de 30 % par rapport au taux de chômage actuel autour de 10,1 % (données Eurostat). Si l’on se limite à des calculs de coin de table, cela signifierait sur la base des chiffres à fin juin de 1,1 million de DEFM A et 1,8 millions de DEFM ABC en moins. Des chiffres considérables.

On parle donc ici d’une séquence continue de 60 mois marquée en moyenne par une baisse mensuelle de près de 20 000 chômeurs de catégorie A (aucune activité) – donc le double des chiffres de juin - et de 30 000 de catégories ABC (avec ou sans activité réduite) … alors que ce chiffre n’a légèrement augmenté en juin.

La France n’a pas connu une telle séquence depuis plus de dix ans (2005-2008) et on voit bien l’ampleur du challenge, qui ne peut en outre faire l’impasse sur l’environnement macroéconomique qui peut connaître de son côté des trous d’air. On prend donc ici la mesure de l’ampleur des réformes structurelles – pensons à la seule question du chômage des seniors qui flambe depuis dix ans - que doivent mettre en œuvre le Président et le gouvernement pour s’orienter vers les 7 %.

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