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Avec Trump, le dollar s’effondre. Conséquence : l’euro n‘a jamais été aussi cher depuis deux ans
©Reuters

Pour une poignée de dollars

Pendant un an, les prévisionnistes nous ont annoncé que l’euro et le dollar allaient se retrouver à parité. Un pour un. Ils se sont tous trompés.

Jean-Marc Sylvestre

Jean-Marc Sylvestre

Jean-Marc Sylvestre a été en charge de l'information économique sur TF1 et LCI jusqu'en 2010 puis sur i>TÉLÉ.

Aujourd'hui éditorialiste sur Atlantico.fr, il présente également une émission sur la chaîne BFM Business.

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Jamais, la parité entre l’euro et le dollar dont les économistes rêvaient et que certains prévisionnistes n'annonçaient, jamais, cette parité n’a été aussi loin. 

L’euro vaut désormais entre 1,16 dollars et 1,17 dollars. Il faut revenir plus de deux ans en arrière pour retrouver un tel niveau. 

L’explication est comme toujours simple et compliquée. 

Disons que l’euro est fort parce que le dollar est faible. Mais pas seulement, l’euro est fort parce que la monnaie européenne le mérite. 

1e Le dollar est faible, parce qu’il est épuisé par les tergiversations du président Donald Trump. La valeur d’une monnaie dépend du degré de confiance que les agents économiques mettent dans le système de production et dans la stratégie d'un Etat ou d'une zone monétaire. Les agents économiques mondiaux ont assez peu confiance en Donald Trump pour conduire une stratégie gagnante. D’abord, aucune de ses promesses électorales n’a pu voir le jour à cette heure-ci. Du coup, son indice de popularité s’est effondré. Il n’a même pas réussi à sortir les réformes fiscales qui auraient permis de booster la machine. 

Quant à l'organisation du travail présidentiel, il laisse très dubitatif tous les observateurs. La semaine dernière, l'annonce de la démission du porte parole du président américain Sean Slicer a encore accentué le repli du dollar US. Ce type de décision, ajoutée aux différents Tweets qui sortent de la Maison Blanche sans beaucoup de cohérence, alimente les inquiétudes sur les dysfonctionnements, alors même qu'il n’y a pas d’informations économiques majeures. Le dollar souffre de toutes les nouvelles. Des soupçons qui pèsent sur la famille Trump, aux différentes procédures dans lesquelles il pourrait être enferré, en passant par les échecs successifs de discussions avec le Sénat pour revenir sur les réformes Obama. En fait, Trump n’a pas de majorité solide et sa notoriété s’effrite.  

Le seul élément de solidité réside à la banque centrale où la présidente retarde le moment de l'atterrissage en douceur dans un paysage monétaire plus normal avec des vrais taux, une vraie création monétaire fondée sur la croissance de richesse et pas sur un rachat de créances pourries.

Cette pression sur le dollar chasse automatiquement les capitaux sur d’autres monnaies et principalement l’euro. 

2e Mais l’euro remonte aussi parce qu’il le mérite. Globalement, l’Union européenne autour de l’euro est sortie de la crise et reprend un peu de croissance et d’activité. Certains pays, dont la France, sont à la traine, mais ça devrait s’arranger. La gouvernance française a donné des garanties qu'elle allait restaurer des structures compétitives. Et quand Emmanuel Macron ou son Premier ministre oublient les projets ou les promesses électorales, la chancelière allemande et le président de la BCE rappellent au président français qu'il n'a pas forcement intérêt à sortir des clous qu’il a lui même plantés. 

C’est exactement ce qui s’est passé au lendemain du discours de politique générale d’Edouard Philippe. Alors que le Premier ministre a donné un programme assez laxiste en matière de réformes, le président de la République a été obligé de le recadrer et de revenir au projet du départ. 

D’où le sentiment de couac. En réalité, le président de la République a sans doute été sensible à la presse et aux parlementaires qui ne reconnaissaient plus leur programme, mais Emmanuel Macron a surtout été sensible au coup de téléphone d’Angela Merkel et aux signaux venus de la BCE. Les entourages de Mario Draghi et de la chancelière étaient furieux. D’où la correction de trajectoire très rapide, ce à quoi les marchés ont été très sensibles.  

Mais l’euro remonte aussi face au dollar, parce que la BCE continue de faire le job de le soutenir. Mario Draghi, contrairement à la présidente de la FED, n’a pas annoncé publiquement qu’il changerait de politique monétaire. Il va laisser au temps le temps qu’il faut, comme disait Giscard.

Le résultat se traduit dans la solidité de l’euro. 

C’est un bon signal, mais à terme, ça peut peser sur le commerce extérieur. Alors ça n‘est pas très gênant pour la France dont la balance est très déficitaire. Ça l’est beaucoup plus pour les allemands qui sont très excédentaires. Avec un dollar faible et un euro fort, les voitures allemandes vont avoir plus de mal à se vendre. 

C’est gênant pour les conservateurs allemands. Et c’est gênant pour les européens. Pas sur, l’Europe toute entière pâtit de la surcompétitivité allemande. Si l’Allemagne perd un peu de ses parts de marché, ça ne troublera personne en Europe. Au contraire. Quant à l’opinion publique allemande, elle va pouvoir se desserrer la ceinture. Là encore, ça n’est pas une si mauvaise nouvelle. 

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