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La cote d’Emmanuel Macron va-t-elle résister à ces 7 trappes ?
©AFP

Pièges

Emmanuel Macron a perdu dix points de popularité en un mois. Et pourtant, rien n'a encore été fait pour résoudre les problèmes de la France.

UE Bruxelles AFP

Jean-Paul Betbeze

Jean-Paul Betbeze est président de Betbeze Conseil SAS. Il a également  été Chef économiste et directeur des études économiques de Crédit Agricole SA jusqu'en 2012.

Il a notamment publié Crise une chance pour la France ; Crise : par ici la sortie ; 2012 : 100 jours pour défaire ou refaire la France, et en mars 2013 Si ça nous arrivait demain... (Plon). En 2016, il publie La Guerre des Mondialisations, aux éditions Economica et en 2017 "La France, ce malade imaginaire" chez le même éditeur.

Son site internet est le suivant : www.betbezeconseil.com

Voir la bio »

Article initiallement publié sur Betbeze Conseil

La cote d’Emmanuel Macron baisse. Et pourtant, rien n’est encore fait pour avaler les potions amères, obligatoires pour sortir des trappes dans lesquelles nous sommes depuis près de dix ans !

1. La trappe à liquidité : l’argent liquide doit coûter ! Français, vous êtes inquiets et ne voulez pas investir. Vous voulez garder plus d’épargne, en liquide. Alors, vous vous en doutez, il y aura moins d’investissement, d’emploi, de consommation et de croissance. Ce n’est donc pas une attitude à encourager. Donc, contre cette (votre) épargne qui s’accumule, il faut maintenir à 0,75% le taux du Livret A, à peine au-dessus de l’inflation à 0,7%. Vos comptes courants ne rapporteront plus rien et même, avec les frais, vous y perdrez ! Mais au moins les taux des crédits restent bas, ce qui profite aux entreprises saines et la France se finance facilement. Allez donc en bourse !

2. Le chômage de longue durée : il faut tout faire pour rester en emploi, ou alors baisser les indemnités chômage, directes ou non ! Tout faire pour rester en emploi, c’est ce qui est en cours avec les ordonnances, à la suite de loi El Khomri, avec plus de discussions dans l’entreprise, voire l’acceptation de réduire les horaires et/ou salaires en cas de problème majeur. Baisser les indemnités chômage, directes ou non,  c’est ce qui est en jeu (sans le dire !) avec le montant maximum accordé par les prud’hommes en cas de licenciement.

Plus on s’éloigne longtemps de l’emploi, plus il est difficile d’y revenir. Les techniques changent et déqualifient qui ne les connaît pas. La motivation s’émousse. Les entreprises s’inquiètent devant ce « chômeur de longue durée ». Donc il faut que les salariés fassent leur possible, et surtout avec l’entreprise, en discutant et négociant, pour y rester. Mieux vaut la flexibilité interne à la flexibilité externe, pour éviter la trappe du chômage. Pas facile !

3. L’impôt et la dépense publique : baisser les deux ! L’impôt tue l’impôt : la trappe de l’impôt excessif ne pousse pas à faire plus d’efforts et à prendre plus de risques, tant il est confiscatoire. La trappe de la dépense publique, en s’ouvrant, offre des emplois publics, ce qui freine la recherche d’emplois privés. Et elle inquiète aussi, car elle fait monter la dette publique, annonciatrice d’impôts futurs.Les autorités parlent donc d’efforts et de modernisation à mettre en œuvre. Les syndicats sont hostiles et les Français, dans les sondages, vont s’inquiéter de la réduction (éventuelle) des services publics ! Mais, avec une dette publique égale au PIB, des dépenses publiques à 56,5% du PIB, contre 40,9% pour la moyenne de l'OCDE, plus des impôts confiscatoires (IRPP et ISF), il faudrait peut-être commencer à changer. Sauf que ceux qui en bénéficient n’aiment la fermeture des trappes !

4. La monnaie unique : impossible de dévaluer. La monnaie unique est une trappe si on est faible, un tremplin si on est fort. Il nous faut donc des entreprises puissantes et peu de dette publique ! Aujourd’hui faible et dans la trappe, la France doit se faire aider, réduire ses dépenses publiques et modérer ses salaires. Donc il lui faut souffrir pour en sortir et surtout ne plus y retomber. Merci !

5. La révolution technologique : plus de formation que d’augmentation de salaires ! Les emplois routiniers sont menacés, les millenials achètent sur Internet et pas en boutique. Seuls les geeks sont recherchés. Les quadras n’ont qu’à bien se tenir, s’ils se laissent larguer. Les quinquas se désespèrent, certains négocient leur départ. La trappe de la révolution technologique est grande ouverte, et pour très longtemps, si on ne se forme pas pour l’éviter. La formation d’aujourd’hui, c’est l’emploi et le salaire de demain : facile !

6. Le populisme: c’est la trappe politique. Croire que c’est « la faute aux autres » et répéter sans cesse : « assez de cette caste de dirigeants qui ne risquent rien, de Bruxelles et de ses oukases, plus d’impôts sur les hauts salaires, pas de licenciement dans les entreprises profitables, un revenu de base pour tous… » ont expliqué le « besoin de dégagisme ». Il a ainsi conduit à… Emmanuel Macron, car on ne peut se dégager de la réalité. Dur !

7. L'impatience : c’est la trappe psychologique. Rien ne sera facile ni rapide pour sortir de toutes, surtout celle-là. Il ne suffit pas de voter pour changer, puis de râler quand le résultat n’est pas encore là ! La cote d’Emmanuel Macron n’a pas fini de baisser.

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