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Les 10 obstacles économiques qui se dressent sur la route du quinquennat Macron
©Capture d'écran Dailymotion

Pièges

Ce sont les dix premiers bien sûr, sans compter ce que réservent la politique, la justice, les médias, les opérations internationales… plus tous ceux que j’ai oubliés.

UE Bruxelles AFP

Jean-Paul Betbeze

Jean-Paul Betbeze est président de Betbeze Conseil SAS. Il a également  été Chef économiste et directeur des études économiques de Crédit Agricole SA jusqu'en 2012.

Il a notamment publié Crise une chance pour la France ; Crise : par ici la sortie ; 2012 : 100 jours pour défaire ou refaire la France, et en mars 2013 Si ça nous arrivait demain... (Plon). En 2016, il publie La Guerre des Mondialisations, aux éditions Economica et en 2017 "La France, ce malade imaginaire" chez le même éditeur.

Son site internet est le suivant : www.betbezeconseil.com

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1) Ça va mieux en politique : donc on oublie les risques !

Les marchés financiers avaient peur de l’éclatement de la zone euro, avec la possible élection de Marine Le Pen. Ils en reviennent. En politique, ils ont vu l’échec de Marine Le Pen, conséquence d’un débat télévisé qui a montré les lacunes de son programme. Ils attendent maintenant sans grande inquiétude la réélection d’Angela Merkel (le 24 septembre), mais on ne sait jamais. Surtout, ils oublient les élections législatives autrichiennes (15 octobre, avec le poste de Chancelier en jeu), les élections législatives italiennes (début 2018) et au milieu le référendum catalan. Pour eux, après les angoisses, tout devrait bien se passer…

2) Ça va mieux en économie : donc les vents contraires de l'amélioration sont déjà là !

1% de PIB de frais financiers bientôt en plus dans le budget ! Les marchés financiers avaient très peur de la déflation. Maintenant qu’elle est oubliée, c’est l’inflation qui est crainte. Mario Draghi a ainsi été surpris de l’orage financier qu’il a déclenché ce 27 juin à Sintra : « Avec la poursuite du redressement économique, une orientation constante de la politique monétaire deviendra plus accommodante et la banque centrale peut accompagner la reprise en ajustant les paramètres de ses instruments de politique monétaire – non en vue de durcir son orientation, mais de la maintenir globalement inchangée ». Ces mots voulaient simplement dire que, puisque les choses allaient mieux, la Banque centrale européenne allait revoir un peu son dispositif, tout en le gardant accommodant. Mais les marchés ont compris que, puisque les choses allaient mieux, l’inflation à 2% était à la porte, donc la réduction de la politique accommodante de la BCE. Immédiatement, les taux à 10 ans allemands sont passés à 0,47% contre 0,27% le 23 juin. Le rendement à 10 ans de la dette française s’inscrit actuellement à 0,76% contre 0,53%, le 23 juin aussi. « La Banque centrale européenne devra ajuster sa politique monétaire avec prudence, souplesse et transparence pour éviter de provoquer des désordres sur les marchés financiers », déclare depuis Benoît Coeuré, membre du directoire de la BCE. On aura compris qu’il n’est pas très content de son chef…

3) On ne voit rien venir ! De la flexibilité d’accord, mais si l’emploi s’améliore vite : c’est la vraie question

Les Français sont dubitatifs vis-à-vis des mesures générales et des programmes de flexibilité : ils veulent des résultats rapides. Ce qui n'est jamais évident. À la question : « Diriez-vous que le cap fixé par le président Emmanuel Macron dans le discours de Versailles du 3 juillet (Congrès) permettra une amélioration de la situation du pays ? », 54% des Français ont répondu "non" (65% pour les sympathisants de gauche) et 46% "oui" à l’enquête Odoxa du 7 juillet. Pour le discours de politique générale d'Édouard Philippe du 4 juillet devant l'Assemblée nationale, 58% des sondés « n'approuvent globalement pas les mesures annoncées », 41% les « approuvent ». De leur côté, les entrepreneurs rendent compte d’une amélioration du climat des affaires (et les ménages ont meilleur moral). Ils envisagent d’investir et surtout d’embaucher plus, en fonction de la situation et des mesures de flexibilité annoncées. Ce sera là le juge de paix.

4) Merci François Hollande : le faux budget fait repousser les baisses d’impôts

Le gouvernement s’engage à passer au-dessous de 3% du PIB de déficit autorisé (le maximum), ce à quoi les Français ne croient pas (l’habitude sans doute), tandis qu’on découvre pour 8 milliards de dépenses budgétaires non provisionnées. Le gouvernement serre donc les dépenses publiques et les grands travaux, mais aussi repousse les réductions et modifications fiscales (CICE et ISF notamment), ce qui est de nature à freiner les comportements d’investissements et d’emploi. Cette « préférence pour la crédibilité européenne» risque ainsi d’avoir un prix en matière de croissance et d’emploi, donc de « crédibilité politique strictement française ».

5) Les trous sont revenus

Le « trou » de la Sécu devrait être de 1,6 milliard en 2017, et plutôt de 5,5 milliards en comptant le Fonds de solidarité vieillesse, selon les dernières projections de la commission des comptes de la Sécu. Un écart de 1,3 milliard par rapport aux prévisions de Marisol Touraine. Les dernières prévisions sur les retraites ne sont pas plus favorables : toujours ce réel qui vous rattrape !

6) Priorité à la City ! Logique, mais il faudra expliquer, avec les problèmes budgétaires actuels

Pour accroître l'attractivité de la place financière de Paris dans le contexte du Brexit, l’idée est de réduire certaines taxes sur les hauts salaires et sur les banques. Faire revenir les riches, tout un programme !

7) Dur de se rapprocher de l’Allemagne et d’être sérieux !

La stratégie française de renforcer la zone euro en œuvrant avec l’Allemagne implique du sérieux budgétaire – ce qui permettra en retour à l’Allemagne d’investir plus en grands travaux, d’augmenter les salaires et de soutenir directement et indirectement notre situation. Mais c’est à la France de faire les premiers pas, et de l’expliquer aux Français. Autrement…

8) Trop sérieux les « En Marche », plus fun les Mélenchonistes : les réseaux sociaux seront pour eux !

La rigueur, la flexibilité, la réduction des dépenses publiques… peuvent provoquer des tensions, exploitées peut-être par les syndicats et plutôt par l’extrême-gauche. Comment être le chouchou des médias en parlant de réduction du déficit budgétaire et de jour de carence ?

9) Ce qui devait arriver arrive : la récession américaine

Sans doute sur les cinq ans à venir, sûrement dans les dix. Il y aura donc un plongeon de l’activité et des bourses, et la question sera de savoir si la BCE pourra réagir. Se  préparer à ce choc certain est obligatoire, mais l’histoire montre que réduire le déficit budgétaire, former, monter en gamme… ne sont jamais suffisamment pris en compte. On attend l’incendie pour être héroïque.

10) La Bulle du crédit chinoise explose : il faut toujours envisager les cas extrêmes

Pas si extrêmes d’ailleurs, quand on voit l’incroyable envolée des dettes publiques et privées dans ce pays, dettes qui ne sont pas toutes de bonne qualité (loin s’en faut)... On s’en inquiète, on prévient, on attend… Encore une fois, la seule réponse est une zone euro plus solide.

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