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Le jour où Penelope Fillon fabriqua une bombe à retardement... qui explosera dix ans plus tard sous les pieds de son mari
©AFP

Bonnes feuilles

Soit une épouse qui longtemps n’a été qu’une ombre furtive. Soit son candidat de mari que tous les sondages ont consacré grand favori de l’élection présidentielle. Tout semble joué d’avance. Et voilà que l’épouse effacée, née outre-Manche, donne son prénom à un scandale, le Penelopegate, qui change le cours de l’Histoire en chamboulant l’un des scrutins les plus cruciaux de ces dernières années … Extrait de "Penelope" de Sylvie Bommel, aux Editions JC Lattès.

Sylvie Bommel

Sylvie Bommel

Sylvie Bommel est journaliste.

Elle vient de publier Penelope, aux Editions JC Lattès (2017).

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Pourquoi le 18 mai 2007 Penelope transgresse-t-elle les vœux de silence qu’elle respectait depuis toujours sans difficulté aucune ? Tout simplement, sans doute, parce que Kim Willsher du Sunday Times le lui a demandé gentiment. Et parce que la journaliste aussi est une Anglaise mariée à un Français. La veille, le mari de Penelope a été nommé Premier ministre. Elle estime l’avoir un peu aidé à en arriver là, même si personne ne semble le remarquer. À une compatriote, elle pourra en parler sans paraître arrogante.

Les deux femmes se sont donné rendez-vous dans un café près de l’appartement qu’occupent encore pour quelques heures les Fillon. Les cartons sont faits, demain ils emménageront à Matignon. La conversation s’engage à bâtons rompus, small talking diraient les Anglais. Souvent, les phrases de Penelope butent sur de mystérieux points de suspension tandis que son regard s’échappe vers des contrées qu’elle seule connaît. Pendant près d’une heure, elle évoque les prairies de son enfance, sa rencontre avec François, ses études, son blues de femme au foyer, la vie qui passe, ce qu’elle aurait pu devenir si les choses avaient tourné autrement. En repartant chez elle à pied et, pour la dernière fois des cinq années à venir, sans garde du corps, Penelope est plutôt contente d’elle. Ce n’est pas si difficile finalement de s’exposer un peu à la lumière. On ne devrait jamais forcer sa nature.

On ne devrait jamais s’écarter de son chemin, même une seule fois. Si on s’égare, si un accident aux séquelles irréversibles survient, on s’en voudra toute sa vie de ne pas avoir été fidèle à soi-même. Ce jour de printemps, Penelope Fillon fait une exception. La femme qui jusque-là ne murmurait qu’à l’oreille des chevaux se confie à un être humain. La modeste se met un peu en avant. La provinciale joue à la Parisienne. Une audace qu’elle va payer cher.

Elle vient de fabriquer une bombe à retardement qui explosera sous les pieds de son mari dix ans plus tard au moment où il entame la dernière ligne droite qui mène à l’Élysée. L’entretien a été filmé, les propos tenus sont incontestables. À ce jour, on n’a retenu qu’une approximation de Penelope, le moment où elle dit : « Je n’ai jamais été l’assistante de mon mari ou quoi que ce soit de ce genre ».

Pourtant Penelope se trahit à quatre autres reprises. À l’époque de l’interview, nous l’avons appris depuis, elle est l’assistante parlementaire de Marc Joulaud, le député de la Sarthe qui a suppléé François à cette fonction. Pour ce job, qu’elle exerce depuis cinq ans et qu’elle conservera encore trois mois, elle touche mensuellement 6000 euros net. Pourtant, quand au tout début de la rencontre, son téléphone sonne, elle s’excuse auprès de la journaliste en ces termes : « Désolée, c’est probablement un de mes enfants qui m’appelle ». Elle dit : « Un de mes enfants ». Pas « mon patron », « le bureau », « un élu » ou « la secrétaire de Marc ».

Un peu plus tard, Kim lui demande ce qu’elle fait de ses journées. Réponse : « Il y a toujours des choses terriblement ennuyeuses à faire mais Paris est un endroit merveilleux pour les expositions ». Il semblerait que Marc Joulaud ne soit pas un employeur très exigeant.

Extrait de "Penelope" de Sylvie Bommel, aux Editions JC Lattès

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