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François Baroin, une candidature "en forme d'évidence" pour remplacer Fillon... qui finira plombée par les calculs électoraux
©Reuters

Bonnes feuilles

Dans ce livre en forme de journal intime écrit au fil des jours, Georges Fenech nous raconte l’affaire Fillon mais vue de l’intérieur, au plus près des événements et des hommes. Des réactions extrêmement violentes qu’a déclenché la prise de position de ceux qui demandaient le retrait du candidat à la suite du "Pénélopegate". Extrait de "Qui imagine le Général De Gaulle mis en examen ?" de Georges Fenech aux Editions First (2/2).

Georges Fenech

Georges Fenech

Georges Fenech, ancien juge d'instruction, a présidé la commission d'enquête parlementaire consacrée aux attentats du 13 novembre 2015 et la Mission interministérielle de vigilance et de lutte contre les dérives sectaires (MIVILUDES). Son dernier livre est intitulé "L'ensauvagement de la France : la responsabilité des juges et des politiques" (2023) aux éditions du Rocher.

Il a déjà publié de nombreux ouvrages, parmi lesquels Gare aux gourous (2020), mais aussi "Face aux sectes : Politique, Justice, Etat" (1999) et "Criminels récidivistes : Peut-on les laisser sortir ?" (2007).

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L’avocat Francis  Szpiner, un ami de longue date, au cabinet duquel François  Baroin est associé, m’avait également reproché le choix « Juppé ». « Avec Juppé une large partie de notre électorat désertera pour Marine  Le Pen  », m’expliqua-t-il. Il me confirmait que dans une totale discrétion, François  Baroin commençait déjà à activer ses réseaux pour recueillir des parrainages en sa faveur. Il insistait pour que je lui apporte mon soutien.

En ce début du mois de mars, le chiraquien a des fourmis dans les jambes. « Si Juppé tente une OPA, a-til prévenu, au QG de campagne en présence de Virginie Calmels, première adjointe du maire de Bordeaux, alors je me lance aussi. » Il sait qu’il peut compter sur de nombreux sarkozystes prêts à monter au créneau pour lui. – «  Baroin, il n’y a que lui  », me répéta Nadine Morano. – « Et comment vont réagir les Wauquiez et autres ? », m’inquiétais-je. – « Ils se sont entendus entre eux, Wauquiez a dix ans de moins que Baroin, il peut attendre le prochain tour ! » L’éternelle égérie de Nicolas  Sarkozy se lançait sur France Info : « Quel est celui qui rassemblerait le plus ? François Baroin a été ministre, il est sénateur, il est président de l’Association des maires de France, il a été parlementaire, vice-président de l’Assemblée nationale, il a ces talents de rassemblement. »

Pour moi, la candidature Baroin était devenue une évidence. Le 6  mars, je publiais un nouvel appel à adresser des parrainages spontanés en sa faveur : «  Face au retrait définitif d’Alain  Juppé, dont je salue sa tentative de rassemblement de la droite et du centre, « Face à la prise d’otage de l’élection présidentielle par François  Fillon, à la fois candidat et justiciable ayant renié sa parole publique et dont l’élimination dès le premier tour apparaît inéluctable, « Face à l’impossible plan B rejeté catégoriquement par le candidat issu de primaires caduques […], « J’émets le vœu que François Baroin, homme humaniste et d’expérience, représentant d’une nouvelle génération, parvienne dès aujourd’hui à provoquer un large rassemblement de tous ceux qui aspirent au redressement de la France dans l’esprit de nos valeurs qui fondent notre grande démocratie. »

La garde rapprochée de François  Fillon a senti à nouveau le danger, même si la veille, au Trocadéro, Baroin s’était ostensiblement affiché à ses côtés. Elle décide d’allumer des contre-feux : « François est un type très bien, reconnaît Gérard Longuet. Mais, pour être candidat à la présidentielle, il faut une expérience et une autorité ». Baroin en manquerait-il à ses yeux ?

Pour d’autres fillonistes moins intransigeants, la solution de compromis était le ticket Fillon/Baroin qui aurait en outre l’avantage de la synthèse des courants filloniste et sarkozyste. Mais François Baroin a préféré jouer «  placé  », Fillon lui ayant promis Matignon en cas de victoire, son éphémère candidature n’aura en définitive prospéré qu’une seule petite journée, jusqu’au soir du lundi 6 mars et l’adoubement définitif de Fillon par le comité politique.

François Baroin me téléphonera le lendemain pour me remercier de mon appel en sa faveur. Il ne me cachait pas sa consternation face à l’attitude de Fillon à l’égard de la justice. Il me fit part de son pessimisme quant à nos chances de qualification avec Fillon. Plus rien à voir avec le visage souriant qu’il avait affiché la veille au Trocadéro. Il mènera campagne tambour battant aux côtés d’un candidat dangereusement affaibli et dont il ne croyait pas lui-même à ses réelles chances de succès.

Pourquoi Baroin n’a-t-il pas osé s’affranchir de Fillon ? Pourquoi n’a-t-il pas eu l’audace du fondateur de En Marche !

Il restait encore deux mois de campagne. Tout était encore possible.

Extrait de "Qui imagine le Général De Gaulle mis en examen ?" de Georges Fenech aux Editions First

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