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Arno Klarsfeld : 
"Construire un mur entre la Grèce 
et la Turquie n'a rien de fasciste !"
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Face à l'immigration clandestine

Le président de l'Office français de l'immigration explique pourquoi il soutient le projet de mur que souhaite construire la Grèce pour limiter les flux de migration clandestine venue de Turquie.

Arno Klarsfeld

Arno Klarsfeld

Arno Klarsfeld est avocat. 

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Atlantico : Vous avez évoqué lundi l’idée de construire un mur entre la Grèce et la Turquie, afin de limiter les flux de migration clandestine. Pouvez-vous expliquer précisément en quoi cela consisterait ?

Arno Klarsfeld :Ce n’est pas une proposition que je formule mais une initiative qui a été prise par la Grèce il y a déjà un an. Non pas sur 130 kilomètres comme l’a rapporté la dépêche mal rédigée de l’AFP mais sur les 12,5 kilomètres qui séparent les deux pays, la majorité de la frontière entre la Grèce et la Turquie étant fluviale. Le ministre grec chargé de l’immigration a lancé un projet de barrière, de clôture, de mur, on peut l’appeler comme on veut, sur la partie terrestre de la frontière.

Les Grecs mettent ainsi l’accent sur la réalité de la migration clandestine. Chaque jour, près de 300 personnes passent la frontière à cet endroit précis. A l’endroit où le fleuve Maritsa joue le rôle de séparation naturelle entre les deux pays. Pourtant, l’arrivée de clandestins en provenance de la Turquie a augmenté de 400% en un an. D’où l’idée de construire une clôture sur les 12,5 kilomètres de frontière terrestre qu’il reste.

C’est une initiative grecque : la clôture se trouverait sur le territoire grec. C’est une décision prise par la Grèce souverainement. Un bloc de fil barbelé a déjà été déposé symboliquement en attendant que les travaux ne commencent à la fin du mois de mars. Une société a déjà été missionnée pour une durée des travaux estimée à cinq mois. Le site est également équipé de caméras de surveillance.

La France s’est déclarée favorable à cette initiative. Certains, à la Commission européenne, sont contre. Mais la plupart des Etats de l’Union européenne sont pour. Il y a une porte qui est entrebâillée, il est donc normal de vouloir la fermer. Cette démarche n’a rien à voir avec le mur de Berlin : là où ce dernier empêchait les gens de sortir, la clôture grecque empêchera les gens de rentrer.

Le Front national s’est d’ailleurs déclaré contre. Cela montre bien que le Front est dans la gesticulation et pas dans la recherche de solutions au problème. Le FN continue de vouloir expulser de France des gens qui ont toutes leurs attaches ici alors que le problème est en réalité d’empêcher d’autres gens de rentrer en Europe.

Est-ce que cela veut dire qu’il va falloir construire des murs et des clôtures le long de toutes les frontières européennes pour empêcher le passage de migrants illégaux ?

Qu’est-ce que c’est qu’un mur ? Il peut aussi bien être transparent. Bientôt, il n’y aura plus de murs au sens propres du terme mais des rayons qui permettront d’empêcher les gens de rentrer. Il s’agit de regarder à l’horizon, dans cinquante ans, on ne parlera plus de clôtures comme aujourd’hui.

La proposition est parfaitement raisonnable. Il n’y a rien de méchant ou de mauvais là-dedans. Il y a une espèce de cabale bien-pensante de gauche, un regard très parisien qui crie au fascisme. La Grèce a entamé cette démarche parce qu’il y a chaque année entre 60 000 et 70 000 personnes qui passent illégalement vers l’Europe chaque année. Ces gens sont en situation irrégulière. Les mêmes qui crient aujourd’hui au fascisme sont les mêmes qui construisent de grandes barrières pour protéger leur maison de vacances de leurs propres voisins.

Les murs de ce type qui existent aujourd’hui fonctionnent pourtant assez mal. Celui, très connu, qui sépare les Etats-Unis du Mexique n’a fait que déplacer le flux de migrations illégales et de trafics...

Absolument pas, cela fonctionne très bien ! Cette clôture a réduit l’immigration illégale de 40% comme le prouvent de nombreux documentaires sur National Geographic. C’est simple : il est plus difficile de passer s’il y a un mur que s’il n’y en a pas. Ca n’empêche pas tout le monde de passer mais ça réduit le nombre de ceux qui y parviennent de manière significative.

Si un jour, la Turquie rejoignait l’espace européen, qu’allons-nous faire ? Démonter la clôture pour la construire un peu plus loin ?

Et alors ? Les choses évoluent. Je reste hostile à l’entrée de la Turquie dans l’Union européenne. Les socialistes y sont favorables. Moi, j’attends d’eux qu'ils s'expriment à ce sujet. Ils devraient avertir les Français de leur position sur ce sujet. Nous avons bien vu les nombreux problèmes qu’a posé l’entrée de la Roumanie, je ne pense donc pas que la Turquie soit capable de rentrer dans l'Union européenne à court terme.

Propos recueillis par Romain Mielcarek

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