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Quelle semaine ! La Grande Bretagne conteste le Brexit dur de Theresa May, l’Amérique paralyse Donald Trump et l’Europe se tourne vers une modernité plus solidaire
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Atlantico Business

Pour les conservateurs de droite comme de gauche, la semaine a été terrible. Le monde occidental a donné tous les signes d’un recul des pressions de la démagogie et du protectionnisme.

Jean-Marc Sylvestre

Jean-Marc Sylvestre

Jean-Marc Sylvestre a été en charge de l'information économique sur TF1 et LCI jusqu'en 2010 puis sur i>TÉLÉ.

Aujourd'hui éditorialiste sur Atlantico.fr, il présente également une émission sur la chaîne BFM Business.

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Par des processus démocratiques parfaitement transparents, les populations des grands pays occidentaux sont en train de montrer qu‘ils refusent finalement les solutions démagogiques, populistes ou extrémistes à la crise qui ont déferlé sur la planète depuis 2008. Et curieusement, ce sont les jeunes et les vieux qui se manifestent pour les solutions les plus modernes et les plus libérales. Les jeunes, ceux qui ont du mal à trouver du travail et qui veulent faire sauter tous les blocages qui les empêchent de développer des activités, tous les freins qui les enferment dans les habitudes forgées par leurs parents.

Et puis ce sont les vieux, les seniors, les retraités, les acteurs des années 1968, qui savent qu'ils devront payer le prix du conservatisme en rognant sur leur épargne. Eh bien, les vieux ont tendance à voter pour les politiques alternatives plus ambitieuses.

Le résultat des élections britanniques a déjoué tous les pronostics. Après un referendum l’année dernière qui avait traduit la colère et le ras le bol des Anglais les plus démunis, et qui avait ouvert la porte sur l'inconnue du Brexit, la Première ministre Theresa May, qui a hérité de ce dossier, avait voulu conforter sa majorité pour aller négocier les conditions du Brexit dur parce qu’elle pensait qu’il correspondait a la demande populaire et elle a échoué. Elle a perdu sa majorité absolue. Alors, elle va sans doute rester Première ministre, certes, mais pourra-t-elle négocier le Brexit à partir du 19 juin ? Avec quel mandat et quelle majorité ? C’est très confus. Une majorité de britanniques ont signifié que le Brexit leur paraissait très risqué. Il fallait donc trouver des arrangements avec les Européens. Tel est le message reçu d'ailleurs très clairement par les milieux d’affaires et le monde de la finance, si inquiets jusqu'alors et si puissants à Londres. On en est pas à stopper les projets de déménagement , mais on va en ralentir le calendrier .

Ce qui est intéressant c’est que les jeunes, qui avaient très peu voté au referendum, ont découvert l’ampleur des difficultés. Cette génération Internet se moque de la grandeur passée de l'Empire britannique, ils ont besoin de circuler dans le monde entier, ils savent que l’ouverture des frontières est créatrice de richesses et porteuse de croissance donc d’emplois. Ils savent qu’avec un Brexit dur et pur , leur avenir aurait été compromis. Les enfants d’Erasmus l'ont dit, les industries d’aujourd’hui, la finance, le digital, la pharmacie, l’énergie, l’ont dit.

Paradoxalement, les plus âgés de la société britannique se sont réveillés aussi quand ils se sont aperçus qu’ils allaient payer la facture du ralentissement économique et de la hausse des prix . Et oui. Moins de croissance, plus d’inflation, une livre déflatée et moins d’exportations, un patrimoine immobilier qui se déprécie et des enfants installés en France ou en Italie qui demandent à rentrer, tout cela se sont des charges en plus. Qui, en Occident, a les moyens de financer des charges supplémentaires ? Les vieux.

La gouvernance britannique et les conservateurs pur sucre auront du mal à négocier un Brexit pur et dur comme ils le voulaient. En interne, Theresa May est beaucoup soutenue. Et en Europe, on ne cèdera plus rien sauf à trouver un compromis qui sauve l'essentiel du lien avec la Grande Bretagne, c’est-à-dire le maintien des libertés de circuler , et d’échanger.

L’Europe, aussi a changé. Dans les pays où il y a eu des élections, les mouvements extrémistes, de droite et de gauche, qui avaient le vent en poupe ont reculé partout. En Espagne, en Italie, en Autriche, aux Pays-Bas, et surtout en France avec le raz de marée du mouvement En Marche qui a explosé tous les partis traditionnels, à droite comme à gauche, y compris aux deux extrêmes. Mélenchon est affaibli, Marine Le Pen aussi.

Quant à l’Allemagne, les sondages nous disent qu’Angela Merkel, qui a passé une année difficile, est en meilleure posture désormais pour l’emporter à l’automne.

Mais ce qui est intéressant, c’est que la combinaison entre les situations économiques, les choix politiques et les politiques très pro-business, très libérales qui se mettent en place partout en Europe, donne à l’Union européenne plus de cohérence, et par conséquent plus de force pour se positionner face à la Grande Bretagne et ses envies de Brexit, face à Poutine et ses ambitions impériales et face à l’Amérique et ses tentations protectionnistes.

Le modèle européen change mais il se renforce et on sent bien qu’il va le faire grâce à la position et au discours d’Emmanuel Macron et d'Angela Merkel.

Si les résultats aux élections législatives confirment en France ce que nous disent les sondages, la politique définie par Emmanuel Macron et portée par son gouvernement et sa majorité sera appliquée.

Et sauf erreur, cette politique installe la France dans la modernité, la mondialisation et la compétitivité internationale. Sauf erreur, cette politique doit produire de la croissance. C’est bon pour les nouvelles générations qui trouveront enfin du travail. Mais ça n’est pas mauvais pour les anciens, les retraités. Parce que la croissance, c’est la meilleure garantie pour protéger leur retraite et leur épargne.

L’Amérique n‘échappe pas au mouvement. Donald Trump a été élu de façon démocratique grâce à la colère des victimes d’une industrie traditionnelle délocalisée, mais Donald Trump n'a toujours pas su endosser l‘habit de président, le résultat est que son bilan des premiers mois ne correspond pas a ses promesses et n’annonce aucun résultat. En fait, on s’aperçoit que le président américain a beaucoup moins de pouvoir que lui même le pensait Depuis son élections, les contre-pouvoirs politiques, syndicaux et économiques et financiers ont fonctionné à plein régime, c’est la force du système américain. Le pays n’est pas en danger, mais la Maison blanche, elle, est en grand risque. Le président est au bord de la procédure de l’impeachment. Il ne sera pas démissionné, mais il sera incapable de gouverner.

Et qui fait fonctionner l’Amérique aujourd’hui : les jeunes de la Silicon Valley, les grandes industries du digital qui sont devenues mondiales, l’industrie financière, les services, etc. L’Amérique sent bien qu‘elle étoufferait sous le coup d’un protectionnisme et ne se remettrait pas d’avoir à se chauffer au charbon.

Pour beaucoup d’observateurs, la planète est entrée dans le XXIème siècle. Alors, bien sûr, il va falloir veiller à ceux qui n’ont pas pris le train en marche. Dans les pays émergents, on a compris comment fabriquer de la croissance, et on a presque accepté de fabriquer de la croissance propre pour la planète. En Afrique, on entre tout juste dans le processus de développement. Les facteurs de résistances existent. Ils se coagulent dans l’extrémisme religieux et s’expriment dans la violence.

Mais les grandes démocraties sont passées tellement près de la catastrophe depuis 2008, qu’on peut espérer qu’elles commencent à comprendre que les pauvres aussi ont le droit de l’être un peu moins.

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