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Make the planet great again : la France a-t-elle les moyens des ambitions d’Emmanuel Macron ?
©Reuters

Et chez nous ?

Les ambitions sont bonnes, mais la France ne peut pas éternellement se reposer sur ses victoires diplomatiques. Son économie est aujourd'hui bien à la traîne dans la transition écologique, loin derrière l'Allemagne et même la Chine.

Henri Landes

Henri Landes

Henri Landes est Directeur général de la Fondation GoodPlanet. Il enseigne aussi la politique de l’environnement à SciencesPo Paris depuis 2013 et est le cofondateur de CliMates, un think et do tank sur le changement climatique. Il a également cofondé une start up, Croc, un traiteur bio, local et zéro déchet en Ile-de-France. Franco-américain, il s’intéresse à la comparaison entre la politique américaine et la politique française, notamment sur les questions écologiques. Il est le coauteur avec Thomas Porcher de l'ouvrage sur la COP21, Le déni climatique (novembre 2015) et auteur de Allô Houston, ouvrages respectivement sur la politique climatique internationale et sur la politique américaine. Diplômé de SciencesPo Paris en Affaires internationales et de l’Université de Californie, Davis, Henri Landes a grandi a New York et San Francisco avant de s’installer à Paris en 2009. Il est passionné par la biodiversité marine, et est par ailleurs ancien joueur de tennis de haut niveau.

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La réaction d'Emmanuel Macron au retrait des Etats-Unis des accords de Paris a mis en avant la volonté de la France de s'imposer sur la scène internationale comme le champion de la lutte écologique. Mais a-t-elle vraiment les épaules pour endosser ce statut de leader ?

Henri Landes : Elle a des épaules pour porter ce combat. Mais elle doit prendre acte d'un certain nombre d'engagements qu'elle a pris pour engager la transition écologique chez elle afin d'être le plus exemplaire possible. A commencer par mettre en place la loi sur la transition énergétique, montrer qu'elle peut accélérer le développement des énergies renouvelables parce que la France est en retard. Elle doit aussi pouvoir démontrer quel est son engagement sur le désinvestissement en matière de subventions sur les énergies fossiles. Elle est aussi en retard sur la rénovation des bâtiments. Tout cela nuit en terme de crédibilité interne. Mais si elle accélère sur ces points elle peut malgré tout avoir une action sur la scène internationale parce que la France est dans une position très favorable grâce aux accords de Paris et à la victoire diplomatique que cela représente pour elle. 

Emmanuel Macron est un nouveau visage sur cette scène, il a exprimé une volonté de lutter contre le changement climatique et a invité les scientifiques américains à trouver un sorte de refuge en France pour montrer sa distance avec la position de la France en matière de transition énergétique. Sa vision d'une Europe influente pourrait donner du poids à ses engagements. La coopération entre les pays est essentielle. Tout cela est favorable, mais elle devra pour cela mobiliser largement, convaincre tout ceux qui sont encore réticents. Par exemple la Pologne qui a encore 75% d'énergie générée par le charbon. Mais cela commencera par l'interne avec les collectivités territoriales qui doivent porter tout ces projets localement. 

Quel est le statut actuel de la France en matière d'environnement, si on se penche sur son implication dans la recherche ou son industrie ? Les accords de Paris n'avaient-ils pas montré l'ascendant spectaculaire de la Chine, et l'affirmation de l'Allemagne ?

En effet, l'Allemagne et la Chine sont d'avantage reconnues pour leur recherche et leur économie en matière des nouvelles technologies vertes. L'Allemagne a beaucoup investi dans l'éolien et le solaire et la Chine est leader mondial dans le solaire. La France est plus en retrait, et est plus reconnue pour son rôle de leader diplomatique et politique pour l'instant. Elle a pris du retard, ce qui signifie pas qu'elle ait besoin de le rattraper nécessairement afin d'être en concurrence avec ces deux pays. Des choix stratégies doivent être fait, et il faut engager plus de coopération avec les pays qui sont en avance dans ces domaines. Ces filières prennent du temps à être développées. Et peu importe notre position sur le nucléaire, il faut qu'on devienne leader dans le démantèlement des centrales, une économie qui aura une forte valeur dans les années à venir. Il faudrait un projet national sur l'agro-écologie aussi. On est encore au stade embryonnaire dans de nombreux domaines, et il y a bien des solutions qui doivent être adoptées afin que la France ne soit pas un simple leader politique vide sans véritable crédibilité interne.

Est-ce que le discours d'Emmanuel en temps de coup de communication (et comme réponse à Trump) pourrait malgré tout avoir un impact sur l'avenir ?

Emmanuel Macron ne va pas avoir beaucoup de succès pour influencer Donald Trump sur la question écologique, c'est certain. Donald Trump est préoccupé avant tout par son électorat. Évidemment que sa voix ne porte pas fort dans une Amérique qui se tourne vers les énergies fossiles. Mais il y a aussi une Amérique plus moderne, par exemple la Californie avec laquelle elle pourra travailler directement. 

Mais il n'y aura pas de brain drain à mon avis. Les scientifiques dont il parle ont déjà du travail, et bien des Etats américains ont ratifiés dans les faits les accords de Paris.

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