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Retour sur terre pour Thomas Pesquet : tout ce que nous permettent d'apprendre les séjours dans la station spatiale internationale
©STR / EUROPEAN SPACE AGENCY / AFP

Mission réussite

6 mois dans l'espace, c'est court, mais en même temps, l'occasion de faire énormément de travail pour Thomas Pesquet. Et tout montre que cette opération fut une réussite absolue.

Olivier Sanguy

Olivier Sanguy

Olivier Sanguy est spécialiste de l’astronautique et rédacteur en chef du site d’actualités spatiales de la Cité de l’espace à Toulouse.

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Atlantico : Thomas Pesquet est sur le point de revenir de sa mission dans la Station Spatiale dans l'espace. On l'a beaucoup suivi sur les réseaux sociaux, notamment en découvrant certains superbes clichés de la terre pris de l'espace. Mais au delà de l'opération de communication très réussie, à quoi ont servi ses 6 mois dans l'espace ?

Olivier Sanguy : Les 6 mois dans l'espace de Thomas Pesquet ont eu la même utilité que les autres missions des astronautes de la Station Spatiale Internationale (ISS), à savoir la science et l'avancement des technologies spatiales. Pour la science, n'oublions pas que l'ISS associe 5 agences spatiales (Russie avec Roscosmos, USA avec la NASA, Europe avec l'ESA, Japon avec la JAXA et Canada avec l'ASC) afin de disposer là-haut de plusieurs laboratoires capables de mener des expériences impossibles à réaliser sur Terre. C'est bien évidemment l'impesanteur qui est avant tout exploitée, mais aussi l'exposition au vide orbital pour certaines études. La science menée là-haut est souvent de nature fondamentale, donc avec des retombées sur le long terme. On étudie ainsi le comportement de la matière ou de la combustion en impesanteur, ce qui est au final très différent de ce qu'on fait au sol où on étudie aussi la matière et la combustion... mais dans un environnement soumis à la pesanteur ! La comparaison des résultats fait du coup progresser nos connaissances. Pour la combustion, on espère par exemple appliquer ce qu'on apprend pour mettre au point des moteurs bien plus propres qu'aujourd'hui. L'astronaute est à ce titre un laborantin qui applique les procédures définies par des scientifiques.
En dépit des progrès de la robotique, on ne peut pas toujours remplacer l'humain pour mener certaines manipulations délicates ! Des expériences peuvent toutefois avoir des applications plus immédiates. Thomas Pesquet a ainsi utilisé un appareil d'échographie dont la sonde est téléguidée par un médecin au sol. Cette technologie, perfectionnée pour le spatial, a déjà et aura de plus en plus des applications concrètes pour les terriens. On compte ainsi faire reculer les déserts médicaux puisque des spécialistes très pointus de l'échographie pourront examiner des patients très éloignés. Pour le deuxième volet, à savoir l'avancement des technologies spatiales, l'ISS en elle-même est une sorte d'expérience grandeur nature. Voilà le plus gros objet jamais assemblé sur orbite (400 tonnes au total) qui consiste à faire fonctionner des modules et des systèmes informatiques complexes issus de Russie, des USA, d'Europe, du Canada et du Japon. Et ça marche ! Les 5 agences impliquées ont aussi appris à travailler ensemble sur un projet de grande envergure en dépit de cultures internes très différentes. Enfin, les astronautes sont des cobayes : les médecins étudient grâce à eux les effets des vols spatiaux sur le long terme et les moyens de contrecarrer certaines conséquences comme la perte de masse osseuse ou musculaire, la modification du système immunitaire, etc. À long terme, il s'agit de préparer le voyage vers Mars.
La mission de Thomas Pesquet sera-t-elle terminée une fois arrivée ?

Non, car en tant que cobaye d'expériences médicales, sa mission continue au sol puisqu'il sera soumis à plusieurs examens (dont certains réalisés à peine quelques heures après son retour !) afin de documenter comment son corps se réadapte à la vie terrestre, soumis à la pesanteur. Les données recueillies iront compléter celles acquises avec les autres astronautes. Thomas Pesquet est aussi désormais détenteur d'un savoir-faire rare : celui d'une personne qui a vécu un vol spatial. Il y a seulement un peu plus de 500 personnes qui détiennent ce vécu. Comme ses collègues qui ont volé, Thomas Pesquet pourra apporter son expérience à ceux qui au sol préparent les futures missions ou conçoivent les engins spatiaux de demain. Enfin, sa mission de partage continue puisqu'il ne manquera pas de relater son vol avec des conférences, en allant à la rencontre du public, etc.

Globalement, quel bilan peut-on tirer dès aujourd'hui du séjour de Thomas Pesquet dans la Station Spatiale Internationale ?

Très sincèrement, cette mission s'est avérée extrêmement productive sur le plan scientifique. Thomas Pesquet a ainsi mené 60 expériences scientifiques : un bilan remarquable. Il a de plus participé à deux sorties en scaphandre, montrant que la politique de préparation mise en place par l'Agence Spatiale Européenne porte ses fruits. Les astronautes européens suivent en effet à Cologne, sous la direction d'Hervé Stevenin, un pré-entraînement aux rigueurs et aux règles de la sortie en scaphandre, une activité considérée comme l'une des plus difficiles là-haut. Du coup, lorsque les astronautes européens arrivent à la NASA aux États-Unis ou en Russie pour y suivre l'entraînement, les instructeurs remarquent que ce sont d'excellents élèves ! Enfin, dans une perspective un peu plus "locale", Thomas Pesquet a su partager sa mission sur les réseaux sociaux, donnant une image positive de la France tout en poussant la jeunesse du pays à se tourner vers les carrières scientifiques.?

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