"La gauche invente des idées. Et quand elles sont usées, la droite les adopte" <!-- --> | Atlantico.fr
Atlantico, c'est qui, c'est quoi ?
Newsletter
Décryptages
Pépites
Dossiers
Rendez-vous
Atlantico-Light
Vidéos
Podcasts
Politique
"La gauche invente des idées. Et quand elles sont usées, la droite les adopte"
©Reuters

Caviar de droite ?

La phrase est de Mark Twain. Elle date du début du siècle dernier. Jamais elle n'a été aussi actuelle qu'aujourd'hui.

Benoît Rayski

Benoît Rayski

Benoît Rayski est historien, écrivain et journaliste. Il vient de publier Le gauchisme, maladie sénile du communisme avec Atlantico Editions et Eyrolles E-books.

Il est également l'auteur de Là où vont les cigognes (Ramsay), L'affiche rouge (Denoël), ou encore de L'homme que vous aimez haïr (Grasset) qui dénonce l' "anti-sarkozysme primaire" ambiant.

Il a travaillé comme journaliste pour France Soir, L'Événement du jeudi, Le Matin de Paris ou Globe.

Voir la bio »

La gauche caviar naquit dans les années 1980. On les appela les années Mitterrand. Il eut été plus juste de dire les années United Colors of Benetton. Une célèbre affiche réalisée par Toscani en fut le symbole. On y voyait une main blanche et une main noire reliées par des menottes. 

En ces années-là, le métissage et le mélange s'imposèrent comme le code obligé d'un savoir vivre nécessairement coloré, foncé ou basané. En ces années-là, la fête battait son plein. Alcool et coke cohabitaient sous le regard amusé et condescendant de François Mitterrand.

Les petits marquis de la gauche caviar se conformaient à ce qu'était mode et in. D'autant plus facilement que c'est eux qui décrétaient ce qui devait être mode et in. Ils avaient fait leur la devise suivante : un homme qui ne sort pas avec une fille noire ou arabe est un raté. 

Les années ont passé. La gauche caviar, fatiguée et usée, a fait son temps. Mais elle a durablement installé ses rites et ses coutumes. Voici que naît maintenant la droite caviar. Et c'est la gauche caviar qui lui sert de modèle. En cela elle descend en droite ligne du bourgeois triomphant du 19ème siècle. Rien ne lui paraissait plus enviable que de s'habiller, de manger, et de parler comme l'aristocratie finissante. Et – c'était le comble de la réussite – le bourgeois cherchait par tous les moyens à épouser une aristocrate désargentée, et à revendiquer une désirable particule. 

La droite caviar veut être reçue dans la bonne société. Elle désire être acceptée à la table de Libération, des Inrocks, de Télérama, de BFM TV, des radios et télévisions du service public. Et là, attention ! Tenue correcte exigée ! C'est pourquoi elle quémande, et obtient, des postes au gouvernement. Elle réclame l'onction de Macron pour se présenter à la députation. Comme le bourgeois du 19ème siècle fasciné par l'aristocratie, elle singe la gauche caviar devenue l'arbitre des élégances. 

Mais comme elle ne souhaite pas être confondue avec la masse qui s'est mise en marche, elle persiste, contre toute réalité, à se dire de droite. La droite avec Macron… La droite bienveillante avec La République En Marche… La droite qui pour rien au monde ne veut être de droite. Sinon, elle ne serait plus reçue dans les salons où il faut se montrer. Ou, pire encore, on la ferait manger à l'office avec le personnel domestique… 

En raison de débordements, nous avons fait le choix de suspendre les commentaires des articles d'Atlantico.fr.

Mais n'hésitez pas à partager cet article avec vos proches par mail, messagerie, SMS ou sur les réseaux sociaux afin de continuer le débat !