Basculement
SOS peuple disparu : la marche confirmée de la gauche vers sa gentrification
Dans une sorte de remake du vote au référendum de 2005, on retrouve la France de la façade atlantique et des villes contre la France de la façade européenne, ou la France des insiders contre celle des outsiders... C'est ce que raconte l'élection d'Emmanuel Macron : une gauche qui a abandonné tout lien avec les classes populaires.
La gentrification est un terme habituellement utilisé pour désigner la métamorphose sociologique de quartiers populaires en quartiers plus bourgeois, peuplés par de nouveaux arrivants tels que des professionnels de l’information, des arts et des spectacles, mais aussi des ingénieurs et des cadres du privé, et enfin des cadres et professions intellectuelles supérieures
C’est ce que l’on peut constater dans certains quartiers de Paris qui est peu à peu devenue une "ville sans peuple".
Cette métamorphose s’observe de façon tout aussi évidente dans la vie politique et notamment au sein de la gauche française socialiste ou plutôt sociale-démocrate. Cette gauche française qui aura fini sa mue en portant Emmanuel Macron au pouvoir, celui qui pose là le libéralisme économique, tout aussi bien qu’une forme certes timide mais réelle du libéralisme culturel.
Au bon endroit et au bon moment
Changer de working class
Que disait ce rapport pour rappel ?
Une mue libérale parachevée
L’élection de Macron pose la pierre finale à cette mue sociologique et politique. Elle laisse un Parti socialiste exsangue et franchit le dernier pas de cette métamorphose à savoir : ajouter à cette France que d’aucuns qualifieraient de "bobo" – féminine, urbanisée, diverse – la France de la Ivy League – cadres du privé, ingénieurs – et celle de la Silicon Valley – start-upeurs. C’est exactement, trait pour trait le processus de gentrification que peut connaître Paris ("Paris sans le peuple", déjà cité) ou d’autres grandes villes, et qui se traduit ici du point de vue d’un mouvement politique, se cristallisant dans le mouvement "En Marche !"
Un mouvement qui parle de libéralisme, d’empowerment, de liberté, de gouvernement de soi-même, pour ne pas dire de "self-start-up".
Aujourd’hui, cette mue libérale, cette migration électorale est achevée, voire dépassée : la France gentrifiée a laissé la gauche canal historique-socialiste exsangue, les classes populaires ont été en partie récupérées par Jean‑Luc Mélenchon et sont encore largement fidèles à Marine Le Pen. Quant aux libéralismes, ils se sont réconciliés au cœur d’un bloc élitaire venant de la droite et de la gauche. On peut voir d’ailleurs combien ce qu’il est convenu d’appeler les populismes ne s’additionnent pas, contrairement à cesdits libéralismes.
C’est le parachèvement de cette mue que raconte l’élection d’Emmanuel Macron, c’est une sorte de remake du vote au référendum de 2005, c’est la France de la façade atlantique et des villes contre la France de la façade européenne, c’est la France des insiders contre celle des outsiders. Finalement, la nature – et la politique – ayant horreur du vide, l’effacement du clivage gauche-droite s’est mué en clivage de classe. Une sorte de retour vers le futur.
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