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Pourquoi l'humiliation de Manuel Valls par En Marche contraint le parti du président à se transformer en nouveau PS
©JACQUES DEMARTHON / AFP

Pour l'exemple

Manuel Valls est une épine dans le pied et un exemple à donner pour En Marche !. Le mouvement aurait tout intérêt à ne pas voir affluer tout le Parti socialiste à ses portes afin de prendre sa place aux législatives.

Virginie Martin

Virginie Martin

Virginie Martin est Docteure en sciences politiques, habilitée à Diriger des Recherches en sciences de gestion, politiste, professeure à KEDGE Business School, co-responsable du comité scientifique de la Revue Politique et Parlementaire.

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Atlantico : Le refus d'En Marche ! pour le moment, d'avaliser le ralliement de Valls, qui fut malgré tout le Premier ministre de François Hollande pourrait-il signifier que la stratégie est bien aujourd'hui d'affaiblir le Parti Socialiste dans la perspective des législatives, en bloquant toute possibilité de sortie ? 

Virginie Martin : Quelque part, la réponse est dans la question. Bien entendu qu'il y a la stratégie des législatives, et il faut affaiblir le PS et les Républicains de l'autre. Il faut avoir le plus possible pour la présidentielles en marche. Il faut avoir le plus grand nombre de députés. Je crois aussi, au-delà de ça, il y a la volonté d'apparaitre comme cohérent et droit dans leurs bottes. Est-ce qu'on peut leur en vouloir de ne pas récupérer les voitures balais du politique ? Ils en ont déjà récupérer beaucoup. Je ne suis pas sûr que ce soit une bonne idée. Par exemple, François de Rugy a tout de suite retourné sa veste. Il a trahi les primaires. Mais finalement, il n'était pas si important. Valls joue le jeu des primaires jusqu'au bout. Il dit qu'il ne tuera pas Hamon. Mais il est dans une ambiguïté dans l'après primaire. Il ne soutient pas vraiment Hamon pendant la présidentielle, et puis là, on pourrait se demander si Hamon avait fait 15 ou 20% si Valls aurait la fait la même chose. Il y a une espèce d'opportunisme, qui est trop visible. Et comme le dit Delevoye, il y a déjà des gens qui sont investis. Et Valls, de sa position surplombante de Premier ministre, arriverait et tout le monde devrait se pousser ? Ce ne serait pas très bien pour En Marche de faire ça tout de suite. Ils doivent marquer le coup, et leur indépendance. 

Plus globalement, la stratégie d'affaiblissement du PS par En Marche ne vise-t-elle pas simplement à installer purement et simplement En marche sur le PS, tout en modifiant "par le haut" sa ligne politique ?

Je ne sais pas si on peut dire ça. On peut affaiblir le PS en tant qu'organisation partisane. On peut faire infléchir sa ligne politique vers la gauche ou la droite. On peut tout faire en termes de partis politiques et de rapports de forces. Il y a une chose qu'on ne peut pas faire : tuer les idées qui sont socialiste, écologiste, de gauche, qui sont encore portés par Hamon, Aubry, Taubira etc. Celles-ci renaîtront toujours quelque part. Maintenant, si la volonté d'En Marche, avec la complicité d'Hollande et de Cambadélis, c'est de faire un grand "truc" de gauche, il va falloir qu'En Marche dise où il se situe politiquement. Avec un programme En Marche plutôt libéral de droite, quel va être la ligne du PS ? Cela fait des années que je répète que le parti socialiste doit faire son " aggiornamento". C'est évident. Mais doit-il être complètement abordé par En Marche ? Dans ce cas-là, ce n'est plus le PS qui s'infléchit. C'est En Marche qui absorbe. C'est différent. Ça laisse la place à un nouveau parti de gauche, entre En Marche et le parti de Mélenchon. 

Quels sont les autres avantages politiques que Emmanuel Macron pourrait tirer de cette fin de non-recevoir adressée à Manuel Valls, notamment vis à vis de l’électorat de droite ? Après ce geste d'autorité, Emmanuel Macron pourrait-il finalement accepté de "prendre" un Manuel Valls considérablement affaibli ?

Il ne faut pas qu'il paraisse trop en attente de la proposition de Manuel Valls. Après, s'il compte lui donner un rôle, il ne faut qu'il le ridiculise. Mais ils sont sur une ligne qui me semble être la bonne. C’est-à-dire expliquer qu'il y a un pôle central d'En Marche, constitué de ceux qui ont rejoint le parti dès le début, sur lequel sont venus se greffer ceux qui sont venus plus tard. Donc En Marche à raison : ils ont une dynamique présidentielle pour eux, et ils ont une ligne. Les gens les ont élus sur le renouvellement. Là, il y a des tractations politiciennes qui sont en train d'être faite. S'ils rentrent là-dedans, ils sont foutus. Après, Manuel Valls et Emmanuel Macron sont à peu près compatibles sur les questions économiques. Le sont-ils également sur des questions républicaines ou de laïcité ? On ne le sait pas, car on ne connait pas assez bien la ligne politique d'En Marche pour tout dire. 

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