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Et boum : le dernier rebondissement politique de la campagne est aussi le premier rétropédalage majeur d'Emmanuel Macron sur le renouvellement des élites
©AFP

Retournement de veste

Après avoir déclaré hier à Albi qu’il voulait renouveler les élites politiques “jusqu’au bout”, notamment en annonçant qu’il n’investirait pas aux législatives des candidats issus d’autres partis, Emmanuel Macron s’est lancé dans un premier rétropédalage.

Éric Verhaeghe

Éric Verhaeghe

Éric Verhaeghe est le fondateur du cabinet Parménide et président de Triapalio. Il est l'auteur de Faut-il quitter la France ? (Jacob-Duvernet, avril 2012). Son site : www.eric-verhaeghe.fr Il vient de créer un nouveau site : www.lecourrierdesstrateges.fr
 

Diplômé de l'Ena (promotion Copernic) et titulaire d'une maîtrise de philosophie et d'un Dea d'histoire à l'université Paris-I, il est né à Liège en 1968.

 

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 Ce matin, sur RTL, il a concédé qu’il ne demanderait pas à ses candidats de renoncer à appartenir un autre parti. En revanche, il leur demande de présenter leur candidature sous l’étiquette “En Marche” et non sous l’étiquette de leur autre parti.

Cette inflexion du discours et des orientations est un premier signal envoyé sur la stratégie qui sera celle du prochain président de la République avant les élections législatives. Face à la difficulté (réelle) de recomposer de l’intérieur une classe politique majoritaire, Emmanuel Macron est obligé de lâcher du lest.

Vers un discret accord électoral avec le PS

Sur le fond, les préoccupations d’Emmanuel Macron sont loin d’être antagonistes à celles des candidats socialistes aux législatives. Réduits au stade quasi-groupusculaires par Benoît Hamon, les sortants du PS ont en effet un problème colossal à régler, comme c’est le cas pour Jean-Christophe Cambadélis. Dans ce fief intact depuis 1986, le PS est arrivé troisième, loin derrière Mélenchon et Macron…

D’un côté, un éléphant socialiste mis en danger par les Insoumis. De l’autre, un candidat d’En Marche totalement inconnu qui aura bien du mal à frayer son chemin, faute d’avoir commencé sa campagne. Il ne faut pas être grand clerc pour comprendre que l’idée d’un code de bonne conduite s’impose aux protagonistes s’ils veulent éviter une percée majeure des insoumis.

Un rétropédalage à géométrie variable

Selon toute vraisemblance, le discret accord électoral de Macron avec le PS devrait prendre des formes très variables.

Dans un certain nombre de cas, Macron investira un sortant socialiste, sous réserve (à ce stade, mais on en rediscutera au vu de son résultat au second tour) qu’il porte le logo En Marche sur son affiche. En revanche, il ne lui sera pas demandé de rompre les liens avec la rue de Solférino. Selon les rumeurs, cette solution devrait rapidement trouver preneur, par exemple en Seine-Saint-Denis avec Elisabeth Guigou, confrontée à une forte pression des mélenchoniens.

Dans d’autres cas, Macron accueillera des transfuges qui renonceront aux relations avec leur maison d’origine. Cette formule conviendra aux sortants des Républicains, notamment.

Assez logiquement, En Marche devrait donc se contenter d’investir des “inconnus” essentiellement dans les circonscriptions peu gagnables ou sans sortant candidat.

Lent glissement vers la vieille politique?

Au-delà des intentions, Emmanuel Macron fait donc, avant même l’élection, l’expérience de la dure réalité de la Vè République. Avec son mode de scrutin majoritaire, elle complique singulièrement le renouvellement des élites politiques. Reste à savoir si le président Macron parviendra à être plus fort que les mécaniques institutionnelles et disposera d’une légitimité suffisante pour mettre ses intentions à exécution.

Au demeurant, le sondage Atlantico Harris Interactive du jour montre bien que l’opinion ne souhaite globalement pas accorder une majorité parlementaire à Macron. 57% des Français expriment clairement la volonté de le laisser minoritaire…

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