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Les sous-titres pour comprendre vraiment les consignes de vote des Républicains
©Joël SAGET Kenzo TRIBOUILLARD Martin BUREAU Lionel BONAVENTURE / AFP

Urgence d'attendre

Le bureau politique s'est tenu lundi 24 avril et s'est soldé par un compromis qui en dit long sur l'ambiance au sein du parti de droite. Mais on peut aussi voir cette mise à plat comme un premier plan de bataille en vue des législatives.

Anita Hausser

Anita Hausser

Anita Hausser, journaliste, est éditorialiste à Atlantico, et offre à ses lecteurs un décryptage des coulisses de la politique française et internationale. Elle a notamment publié Sarkozy, itinéraire d'une ambition (Editions l'Archipel, 2003). Elle a également réalisé les documentaires Femme députée, un homme comme les autres ? (2014) et Bruno Le Maire, l'Affranchi (2015). 

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Les Républicains sont au supplice chinois ; la défaite de François Fillon a non seulement balayé les espoirs et les ambitions des uns et des autres, convaincus que l'heure de l'alternance allait enfin sonner et permettre d'assouvir leurs ambitions, mais il y a pire : le fait d'être confronté à un deuxième tour Macron-Le Pen les oblige à se positionner par rapport aux deux finalistes de la présidentielle, à savoir la présidente du Front National et celui qu'ils considèrent comme l'héritier de François Hollande, aussi honnis l'un que l'autre... Et revoilà les affres du Front Républicain, inépuisable sujet de déchirements dans la famille LR, chaque fois que le problème est posé, qu'il s'agisse d'une cantonale ou d'une législative partielle, (la dernière fois, c'était dans le Doubs en février 2015, où le candidat LR avait été éliminé au premier tour et où les électeurs avaient le choix entre le candidat PS et une candidate FN), ou, comme aujourd'hui, de l'élection présidentielle.

Si dimanche soir de nombreux ténors du Parti, à commencer par François Fillon, mais aussi Alain Juppé, Jean-Pierre Raffarin, Jean-François Copé, Christian Estrosi, ont instantanément appelé à voter pour Emmanuel Macron au deuxième tour, les tenants de la ligne dure, dont Laurent Wauquiez et Eric Ciotti se sont contentés de demander aux électeurs de ne pas s'abstenir et de ne pas voter pour Marine Le Pen, sans pour autant appeler nommément à voter pour Emmanuel Macron. Ils justifient cette position par le refus d'une partie de leurs électeurs d'accorder leurs suffrages au candidat d'En Marche ; et il a fallu des heures de discussion lundi pour que les membres des instances de direction parviennent à un compromis élaboré par des orfèvres en rédaction : "Face au Front National l’abstention ne peut être un choix, nous appelons à voter contre Marine Le Pen pour la faire battre au second tour de l’élection présidentielle, et nous engagerons dès demain la campagne des législatives avec notre projet d’alternance, le seul capable de redresser la situation de la France". Ce texte ne mentionne pas nommément Emmanuel Macron, les membres du Bureau Politique n'ayant pas réussi à se mettre d'accord. Une partie des membres du B.P., dont les proches de Bruno Le Maire, Jean-François Copé, Nathalie Kosciusko-Morizet notamment, souhaitant que l'appel soit plus explicite, les autres, notamment Laurent Wauquiez, mais aussi des parlementaires moins connus, s'y opposant, car ils ne veulent pas que "le FN soit considéré comme la seule opposition à En Marche". Pour eux, appeler à voter pour Emmanuel Macron équivaudrait à apporter son soutien au candidat d'En Marche, alors que certains dirigeants LR croient encore pouvoir limiter les dégats en remportant les législatives de juin... 

Pour éviter d'afficher les divisions, il n'y pas eu de vote ("voter c'est diviser", selon un dirigeant du Parti !), et à l'issue de la réunion du Bureau Politique" qui a donné lieu à un très large débat" selon la formule consacrée, Bernard Accoyer a donné lecture du communiqué en expliquant qu'il a été adopté par "consensus", et précisant que ce texte "sera accompagné en conscience par les décisions des uns et des autres". Autrement dit, libre à chacun d'expliciter son propre choix .Ce que Nathalie Kosciusko-Morizet n'a pas manqué de faire dans la soirée. L'ex-candidate à la primaire a publié un communiqué dans lequel elle s'inscrit "dans la foulée de Jacques Chirac" et considère," avec Alain Juppé et François Fillon que la clarté s’impose et que le FN constitue un danger capital pour la Nation et la patrie". Par conséquent, elle "regrette que le bureau politique n'ait pas validé une position plus claire..., se félicite d’avoir avec d’autres battu la thèse mortifère du "ni ni"... et "appelle sans ambiguïté à voter pour Emmanuel Macron". Pour elle "pas une voix ne doit manquer pour battre Marine Le Pen". Cette démarche personnelle est interprétée par une partie des troupes LR comme une offre de service au candidat d'En Marche, ce qui en dit long sur l'ambiance qui règne chez les Républicains en ces lendemains de défaite. Ils ont donc décidé de mettre un couvercle sur la marmite en attendant le lendemain du deuxième tour, tout en redoutant que certains élus aillent plus loin que simplement appeler à voter pour Emmanuel Macron, et acceptent de faire partie d'une future coalition d'un gouvernement d'Emmanuel Macron dans le cadre d'une recomposition politique .Mais à chaque jour suffit sa peine. Dans l'immédiat , la commission d'investiture doit désigner les derniers candidats dans les circonscriptions dont les députés sortants n'ont pas encore choisi entre leur mandat local et leur mandat national, Eric Woerth, déjà chargé de la préparation du projet des Républicains, est chargé de le mettre à jour pour les législatives et Christian Jacob, le président du groupe LR à l'Assemblée a été missionné pour préparer la direction de la campagne des législatives... 

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