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Mélenchon : OPA sur la gauche ou score sans lendemain ?
©Capture d'écran ibtimes.co

Coma pour le PS

Malgré sa quatrième position, Jean-Luc Mélenchon a su s'imposer en tant qu'homme de gauche de cette élection et avoisine les 20% des sufffrages. Reste à savoir si le leader des Insoumis rerpésentera une véritable opposition à gauche, ou s'il s'agit d'une victoire sans lendemain à la manière d'un François Bayrou en 2007.

Virginie Martin

Virginie Martin

Virginie Martin est Docteure en sciences politiques, habilitée à Diriger des Recherches en sciences de gestion, politiste, professeure à KEDGE Business School, co-responsable du comité scientifique de la Revue Politique et Parlementaire.

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Atlantico : Jean-Luc Mélenchon a-t-il réussi à mettre définitivement la main sur la gauche ou est-il destiné à un destin comme celui de François Bayrou en 2007 (à savoir un gros score mais qui ne pèse pas grand-chose par la suite) ?

Virginie Martin : Je pense que si, avec la présence d'Emmanuel Macron au milieu du jeu, le très faible score du Parti Socialiste et surtout les négociations que le PS est en train de faire avec En Marche!, Jean-Luc Mélenchon adopte une stratégie politique pertinente, il pourra alors véritablement mettre la main sur la gauche. Il a eu l'intelligence de ne pas céder tout de suite à Emmanuel Macron en ne donnant pas de consigne de vote et réussit ainsi à représenter une véritable alternative. 

De par son attitude et son score important, il va représenter l'opposition. Il faut dire qu'il y a trop de porosité entre le Parti Socialiste et En Marche !. On sait que beaucoup de députés historiques du PS sont aujourd'hui députés En Marche !. Qui va pouvoir s'opposer à Emmanuel Macron si ce n'est une gauche critique sur la financiarisation de l'économie et sur la mondialisation ? 

Certes Benoit Hamon était dans cette gauche alternative, mais la porosité est trop grande dans son parti. 

Clairement, Jean-Luc Mélenchon a une vraie carte à jouer dans l'opposition. Il faut peut-être qu'il édulcore un petit peu certains de ses discours. C'est ce qu'il fait déjà et c'est ce qu'on a pu observer en cette fin de campagne. Il est clair que son mouvement peut devenir une opposition très crédible à ce que représente Emmanuel Macron (qui d'un point de vue économique est quasiment de droite). 

Comment cette opposition va-t-elle se concrétiser ? 

On est dans le flou à ce niveau-là. Le problème c'est que beaucoup de députés PS ne veulent pas perdre leurs sièges pour aller prendre l'étiquette Mélenchon. Garder l'étiquette PS pure n'a plus vraiment de sens aujourd'hui. Finalement le PS aujourd'hui c'est l'étiquette Macron. 

Si Mélenchon avait été au second tour, le PS aurait pu renaître de ses cendres en appelant à voter Mélenchon. Là, la présence de Macron oblige le PS à se positionner et à se normaliser. 

Quant à savoir si les deux ex-candidats finiront par s'unir, je ne le sais pas. Je trouve que l'attitude de ce soir nous fait voir un Hamon très légitimiste à l'égard de son histoire au PS. Je le trouve moins frondeur qu'à l'accoutumé. 

Avec Macron, les extrêmes montent mécaniquement. Au clivage gauche-droite se substitue un clivage système/antisystème. Partant de là, vous avez un Hamon vs Mélenchon et un Macron vs Marine Le Pen.  

Finalement, si l'avenir de la gauche est représenté par Jean-Luc Mélenchon, que va devenir le Parti Socialiste de Benoit Hamon ? Peut-on imaginer que Benoit Hamon rejoigne finalement Jean-Luc Mélenchon ?

C'est ça que je n'arrive pas à saisir. On a bien senti un Benoit Hamon plus proche de Mélenchon plutôt que de Macron pendant toute cette campagne. Mais pour acter cela, il aurait dû réserver sa consigne de vote pour plus tard et ne pas appeler à voter En Marche ! le 23 avril au soir. C'est évident qu'il allait le faire, mais il aurait dû attendre un petit peu. Ça aurait permis de sentir une opposition réelle. Je trouve qu'il a peut-être manqué un cap. Et Mélenchon est arrivé à mieux jouer cette opposition au pouvoir qui va être en place. Il a beaucoup mieux capté la gauche.  

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