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Les 4 promesses de campagne qui effraient les milieux d'affaires
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Atlantico Business

A J-6, les perspectives du premier tour de la présidentielle sont toujours aussi incertaines. Sauf que le champion du premier tour a beaucoup de chance de gagner la finale.

Jean-Marc Sylvestre

Jean-Marc Sylvestre

Jean-Marc Sylvestre a été en charge de l'information économique sur TF1 et LCI jusqu'en 2010 puis sur i>TÉLÉ.

Aujourd'hui éditorialiste sur Atlantico.fr, il présente également une émission sur la chaîne BFM Business.

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Pour les milieux d’affaires, jamais une élection présidentielle n’aura été dominée par autant de projets de réformes qui paraissent très éloignées de la réalité. Qu’elles soient populistes ou démagogiques, les réformes proposées par les différents candidats répondent à la demande de l'opinion publique qui se sent déclassée, abandonnée et frustrée par l’élite politique. Le résultat est que les projets et les promesses qui sont censées faire plaisir, seront difficilement applicables sans provoquer des dysfonctionnements douloureux.

Le résultat est que les promesses irréalisables entrainent des catastrophes économiques ou alors engendrent des frustrations politiques.

François Hollande a perdu la confiance des Français parce qu’il n’a pas réalisé ce qu’il avait dit qu’il ferait. Et il ne l’a pas fait parce que c’était irréalisable.

Donald Trump court le même danger. Il a été élu sur un programme populiste très compliqué à réaliser. Il a promis mais se retrouve en difficulté dès qu’il s’agit de passer à l’acte.

La responsabilité des chefs d’entreprise n’est pas de donner des avis ou consignes de vote pour tel ou tel candidat. De telles démarches sont en général très mal accueillies par les personnels, par les actionnaires ou par les clients.

En revanche, la responsabilité du chef d’entreprise est de se préparer à toutes les hypothèses, et d’écrire tous les scenarios possibles pour préserver les intérêts de son entreprise. Les actionnaires et les salariés ne comprendraient pas que les dirigeants ne soient pas capables de réagir à toutes les situations.

Face au Brexit, la majorité des chefs d’entreprise se sont préparés aux impacts et aux effets. Devant l’élection de Donald Trump, ils ont tous pris la mesure de ce qui pouvait se passer. L’électionprésidentielle a suscité les mêmes réactions dans les états-majors. Pas question de tirer à boulet rouge sur tel ou tel candidat, en revanche, les milieux d’affaires ont fait une liste de réformes proposées par les candidats qui provoqueraient beaucoup de difficultés pour l‘avenir.

1ère réforme qui fait peur : la sortie de l’euro. Quoi qu’on dise, quoi qu’on fasse, la monnaie unique a stabilisé le marché européen qui représente 70 % de l’activité de la majorité des entreprises françaises. Quoi qu’on dise, quoi qu’on fasse, la monnaie unique a crée une forme de solidarité à l'intérieur de la zone euro qui revient à mutualiser les contraintes et qui abaisse le taux de risque et facilite donc les financements. Pour les milieux d’affaires, l’Europe monétaire n’a pas pour vocation à s’autodétruire, mais au contraire à s’approfondir par l’harmonisation fiscale et sociale.

La fin de l’euro et la sortie de l’Europe ouvriraient une période de désordre dont personne n’est capable d’imaginer l’issue, sauf dans une concurrence exacerbée qui conduirait à l’affaiblissement des plus pauvres à commencer par les épargnants.

2ème  réforme : le retour à la retraite à 60 ans. Le projet est tout à fait possible sauf qu’il ne peut pas être financé, compte tenu des évolutions de la démographie. La retraite à 60 ans, c’est la ruine annoncée du retraité, par la baisse des pensions ou l’asphyxie des salariés étouffés par la hausse des cotisations.

3ème  réforme : la hausse systématique des bas salaires et la relance par la demande. La promesse part d’un bon sentiment sauf qu’elle entraine une hausse générale des masses salariales et par conséquent pèse sur la compétitivité. La hausse du SMIC, c’est l'encouragement à délocaliser les fabrications encore plus qu‘aujourd’hui. La hausse des salaires ne peut venir que de la productivité. Donc de l’investissement.

4e la surprotection sociale de l’emploi. Là encore, proposer des protections contre les licenciements, accroitre le financement des indemnités chômage peut évidemment sembler légitime, indispensable même, sauf que cette surprotection renforce la rigidité du marché de l’emploi alors que l’entreprise a besoin de souplesse et de flexibilité pour répondre aux mutations et aux aléas de la conjoncture. La capacité d’embauche est d’autant plus grande que la flexibilité de l’emploi est grande.

Pour les milieux d’affaires, les 4 candidats qui arrivent en tête des sondages sont tous porteurs de quelques réformes difficiles à réaliser. Plus grave, ils craignent que, d’ici à dimanche, ils soient amenés à faire de la surenchère pour convaincre certains segments d’électeurs.

C’est évidemment le cas des deux candidats extrémistes qui ont des programmes très proches et des offres politiques très concurrentielles pour un marché qu’ils se partagent. Jean-Luc Mélenchon et Marine Le Pen vont tout faire pour conserver leur socle d’électeurs.

Les deux autres candidats plus responsables ou pragmatiques ne sont pas à l’abri des tentations et des dérapages. Le risque existe dans tous les cas de figures.Les derniers jours vont être d’autant plus chauds, que les jeux ne sont pas faits. 

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