Le programme d'Emmanuel Macron rend-il crédible sa promesse de ne pas augmenter les impôts pendant son quinquennat ? <!-- --> | Atlantico.fr
Atlantico, c'est qui, c'est quoi ?
Newsletter
Décryptages
Pépites
Dossiers
Rendez-vous
Atlantico-Light
Vidéos
Podcasts
Economie
 Le programme d'Emmanuel Macron rend-il crédible sa promesse de ne pas augmenter les impôts pendant son quinquennat ?
©ERIC FEFERBERG / AFP

Lisez sur mes lèvres

Le candidat d'En Marche ! promet qu'il n'y aura pas d'augmentation d'impôts durant son quinquennat s'il est élu. Pourtant, le niveau de dépenses qu'il promet d'engager semble entrer en contradiction avec cette promesse.

Philippe Crevel

Philippe Crevel

Philippe Crevel est économiste, directeur du Cercle de l’Épargne et directeur associé de Lorello Ecodata, société d'études et de conseils en stratégies économiques.

Voir la bio »

Emmanuel Macron a promis qu'il n'augmenterait pas les impôts pendant son quinquennat. Est-ce vraiment imaginable quand on voit le niveau de dépenses qu'il promet d'engager ? (45 milliards d'euros de dépenses publiques en plus). 

Philippe Crevel : A mon sens, parmi les différents candidats, le plus économe reste François Fillon. Emmanuel Macron c'est vrai prévoit des nouvelles dépenses. Ses économies, qu'il chiffre au départ à 60 milliards d'euros, sont jugées peu crédibles et l'institut Montaigne les a réduites à 35 milliards. On voit bien qu'in fine, on est plutôt sur un programme de relance budgétaire qui n'est pas complètement équilibré par les hausses d'impôts. 

Cette hausse d'impôts d'ailleurs, c'est essentiellement la CSG pour Emmanuel Macron. Comme il promet de nombreuses baisses (20 milliards d'euros sur le quinquennat), on voit qu'on a un déséquilibre très fort entre le montant de ses dépenses programmées et le montant de ses recettes potentielles, ce qui fait un déficit budgétaire accru et une dette publique augmentée.  

Si ce n'est pas dans les impôts, ou compte-t-il trouver l'argent ? Pour exemple, sur ses 60 milliards d'euros d'économies sur cinq ans (donc 35 pour l'institut Montaigne), 27 milliards reposeront un mode de gouvernance nouveau. Qu'entend-il par là ?

Ca s'appel de l'enfumage. Sachant qu'une gouvernance nouvelle peut représenter également des coûts nouveaux. Sa réforme du régime de la retraite par exemple, son fameux régime unique, peut s'apparenter à un changement de gouvernance. C'est une réforme qui peut générer des économies potentielles à terme, c'est vrai. Mais dans un premier temps il y aura des surcoûts parce qu'il faudra faire des dépenses en informatique et en recherche pour avoir l'ensemble des bulletins de salaire. Donc les économies ne seront pas immédiates, elles viendront après. 

Deuxième idée quand il parle de nouvelle gouvernance, c'est l'étatisation de l'assurance chômage. Là aussi, on peut imaginer une amélioration et une efficacité accrue de cette assurance. Mais ce n'est pas évident car il l'étend en même temps à l'ensemble des indépendants et des professions libérales, sans compter le fait qu'on aura aussi le droit de toucher le chômage si l'on démissionne… Je vois plus les surcoûts que les économies. 

Enfin quand il parle de supprimer le RSI, tout le monde applaudit. Mais on se demande ce qu'il se passera après. On supprime un problème mais on intègre le RSI dans un système qui ne fonctionne pas très bien, le régime général de la sécurité social. Je constate que les problèmes de gouvernance ne sont pas traités dans le fond. On ne voit pas les modalités pratiques de bonne gestion et d'économie que le candidat d'En Marche! met en avant. 

Finalement la méthode d'Emmanuel Macron c'est, des dépenses d'abord, l'économie après… 

C'est un candidat qui est extrêmement dépensier. Quand on regarde la réforme sur l'assurance chômage, le surcoût est chiffré entre 4 et 5 milliards d'euros. Sa décision d'augmenter les moyens de la Défense, c'est plus de 3 milliards d'euros. Si on regarde au niveau de la sécurité sociale et l'augmentation au niveau de l'assurance maladie, on est aux alentours de 2.5 milliards d'euros. Sa décision d'augmenter les prestations sociales, on en est à 4 milliards d'euros environ…

On est donc sur une série de dépense extrêmement importante à laquelle s'ajoutent 50 milliards d'euros de "mesures exceptionnelles" dans un plan d'investissement. On voit bien qu'il ne se restreint pas. 

Le chiffrage sur les économies (les 60 milliards qui apparaissent plutôt comme 35), reste assez vague. Sur le fait notamment qu'il promette de baisser de 17 milliards les dépenses de l'assurance maladie, ça n'a pas de sens car ces dépenses vont augmenter dans les prochaines années et non pas baisser. Sur les retraites il ne promet pas la retraite à 65 ans qui est la seule mesure qui permettrait d'économiser 20 milliards d'euros. On voit bien que les comptes n'y sont pas ou alors s'ils y sont, ils sont plutôt déséquilibrés. 

Concernant les fonctionnaires, il parle de 120 000 postes non renouvelés. C'est peut-être le seul domaine où il propose des économies tangibles même s'il reste prudent sur le sujet. 

En raison de débordements, nous avons fait le choix de suspendre les commentaires des articles d'Atlantico.fr.

Mais n'hésitez pas à partager cet article avec vos proches par mail, messagerie, SMS ou sur les réseaux sociaux afin de continuer le débat !