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Christiane Taubira : pourquoi n'aimez-vous pas les "500 frères" encagoulés de Guyane ?
©Reuters

Tristes tropiques

Ils sont intéressants ces "500 frères". Et ils mériteraient un peu plus d'empathie de votre part.

Benoît Rayski

Benoît Rayski

Benoît Rayski est historien, écrivain et journaliste. Il vient de publier Le gauchisme, maladie sénile du communisme avec Atlantico Editions et Eyrolles E-books.

Il est également l'auteur de Là où vont les cigognes (Ramsay), L'affiche rouge (Denoël), ou encore de L'homme que vous aimez haïr (Grasset) qui dénonce l' "anti-sarkozysme primaire" ambiant.

Il a travaillé comme journaliste pour France Soir, L'Événement du jeudi, Le Matin de Paris ou Globe.

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Ces derniers temps vous parlez beaucoup. C'est normal : tous les médias sont désireux d'avoir votre opinion sur la situation en Guyane. Cette terre vous est proche. Vous en venez. Et vous avez été, pendant des années, député de ce département français.

Pour l'essentiel ce que vous déclarez n'a rien qui puisse choquer ou déranger. Vous pointez du doigt la pauvreté qui règne en Guyane, le chômage (20% de la population), la déscolarisation de dizaines de milliers d'enfants qui ne dépassent pas le primaire, le manque d'infrastructures. Qui pourrait ne pas être de votre avis ? Il est celui de tout le monde y compris celui du gouvernement dont vous avez fait si longtemps partie.

On ne vous chicanera pas sur le fait que ministre de François Hollande, ministre d'État et donc d'un grand poids, vous n'avez guère tapé du poing sur la table pour exiger que les pouvoirs publics s'occupent enfin de la Guyane oubliée. Seuls les Guyanais seraient habilités à vous faire ce reproche. Et ils ne manqueront sans doute pas de le faire quand vous vous rendrez à Cayenne.

Non, ce qui pose problème, ce sont vos réponses embarrassées, brouillonnes et fuyantes quand des intervieweurs, plus pugnaces que d'autres, vous interrogent sur la délinquance, l'insécurité et les "500 frères". Sans en dire trop de mal vous déplorez la façon d'agir de ces derniers. Selon vous, elle n'est pas très "démocratique". Les "500 frères" sont en effet une sorte de milice. Ils sont accoutrés pour faire peur : cagoulés, vêtus de combinaisons noires façon guerriers ninjas.

Une milice citoyenne, ce n'est évidemment pas de votre goût. Mais les "500 frères" sont plébiscités par la population guyanaise. Elle les acclame. Et les soutient. Pourquoi ? Parce que cette milice noire (la couleur de leurs tenues) s'est donnée pour mission de traquer les délinquants, les criminels et les immigrés clandestins. Dans ces domaines, les pouvoirs publics sont totalement défaillants.

Les chiffres de la violence qui pourrit la Guyane sont effrayants. Avec 49 homicides sur les douze derniers mois, la Guyane avec ses 250.000 habitants, est devenue la terre la plus criminogène de France. Sept fois plus que les Bouches-du-Rhône, 14 fois plus que la Seine-Saint-Denis. En 2016, on y déplorait 23 actes de violences pour 1000 habitants. Avec près de 200 viols, elle détient là aussi un abominable record. Sur l'année écoulée, elle a enregistré 428 vols à main armée. Deux fois plus qu'à Marseille, ou dans le 93 !

Et les immigrés clandestins se comptent par dizaines de milliers. Des Surinamiens. Des Haïtiens devenus indésirables au Brésil. Au Surinam, 70% de la population vit en dessous du seuil de pauvreté : à côté, la misérable Guyane, c'est le Pérou… De ces immigrés, les Guyanais ne veulent pas. Et on ne peut pas vous demander, Christiane Taubira, de le crier avec eux.

Mais nous allons quand même, Madame, tomber d'accord sur un point. La Guyane, c'est la France ! Et les Guyanais font partie du peuple français, et non pas du "peuple guyanais" comme l'a dit bêtement la ministre des Outre-mer. Donc les "500 frères" sont partout chez eux sur le territoire français. Et nul doute que s'ils venaient dans le 93 ou dans les Bouches-du-Rhône, la population, excédée par la délinquance, leur accorderait le même accueil que les Guyanais.

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