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Make.org, Gov WhatsApp, YouTube et cie : la campagne 2017 ne se fait pas dans les médias audiovisuels (ou si peu) mais sur internet
©Pixabay

Réseaux sociaux

Avec l'émergence des réseaux sociaux, il n'a pas fallu attendre longtemps avant qu'internet ne se politise, et exerce une influence importante sur les internautes

Feryal  Larabi

Feryal Larabi

Feryal Larabi est en charge des analyses politiques au sein de Bloom.

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Atlantico : Quelle est la place aujourd'hui d'internet dans les échanges entre les électeurs ? Sur quelle plateforme se rendent ils et (dans les grandes lignes) que disent-ils ?

Feryal Larabi : Twitter est aujourd’hui la plateforme privilégiée par les internautes lorsqu'il s’agit de politique. A titre d’exemple, nous avons recensé près de 900000 données sur Twitter pendant le 1er débat diffusé sur TF1 !  

Et contrairement à ce que l’on pourrait penser, les internautes ne font pas que tourner les candidats à la dérision, ils expriment surtout leurs opinions et leurs émotions sans qu’aucune question ne leur soit posée, il n’y a donc aucun biais. Certains sont militants, d’autres sont beaucoup plus indécis. Ces derniers sont la clef de cette présidentielle, c’est eux qu’il faut convaincre et ils sont nombreux.

Au regard de ce qui a pu se produire aux Etats Unis avec l'élection de Donald Trump et une forte présence des réseaux sociaux notamment, quelle place internet occupe dans la campagne présidentielle en France aujourd'hui selon vous ?

Internet occupe une place très importante et bien trop sous-estimée par les candidats à la présidentielle. Avec les réseaux sociaux, les internautes influencent l’opinion publique, nous en avons eu la preuve avec Donald Trump mais aussi avec le Brexit. La veille du vote, 61% de l’audience dans les réseaux sociaux était pour une sortie,  une fois les résultats annoncés, tout a basculé, 65% était contre. C’est à qui se fait le plus et surtout le mieux entendre !  Donald Trump a utilisé les réseaux sociaux pour créer une dynamique et une proximité avec les citoyens, il a fait d’internet son propre média. Hilary Clinton l’a considéré comme un média ordinaire, c’est certainement une de ses principales erreurs.

Qu'est ce qui explique cette forte implication des groupes de discussions et d'internet en général dans la campagne ? Est-ce que ça traduit une sorte de désaveu des médias traditionnels de la part des électeurs ?

Encore une fois, Donald Trump est un excellent exemple. En créant son propre média grâce à internet, il n’était plus contraint à jouer le jeu des médias plus traditionnels. Et les citoyens américains comme français ont envie d’un candidat proche et d’une relation plus directe. Les politiques ont la réputation d’être déconnectés de la réalité, internet les reconnecte enfin à leurs électeurs. Pour ce qui est de l’implication des internautes, elle est liée à cette proximité mais également à notre époque, et elle risque d’être de plus en plus conséquente avec les années.

Pendant cette campagne présidentielle, on assiste à une véritable explosion des forums, des sites, des groupes de discussion. Comme par exemple Make.org, GOV, ces groupes de débat de tous les mouvements citoyens, etc...  Mais sociologiquement est ce que c'est vraiment représentatif de l'opinion des électeurs ?

L’inconvénient de ces plateformes est qu’elles peuvent très vite être prises d’assaut par les militants qui vont biaiser les résultats en activant leur réseau avant que les opposants ne puissent réagir. A mon sens, ce n’est donc pas représentatif de l’opinion. L’avantage d’une analyse des échanges sur Internet est de ne poser aucune question, de ne pas influencer mais seulement d’observer ce qui se dit et d’en tirer les conclusions nécessaires pour informer ou pour établir une stratégie telle que la conquête d’indécis.

Les favoris des sondages sont-ils les favoris sur internet ? Peut-on dégager un candidat qui tire son épingle du jeu qui séduit le plus sur les forums ?

Les favoris des sondages sont rarement ceux d’internet. On se souvient encore de la percée de François Fillon sur internet lors de la primaire alors que les sondages l’enterraient. D’ailleurs, sur Ie net, le candidat des Républicains n’est pas tombé dans l’oubli, son groupe d’irréductibles soutiens continue à se battre, il a encore une chance. Mais celui qui tire son épingle du jeu depuis le débat est Jean-Luc Mélenchon, alors que son activité était très faible, il a réussi à redresser la barre et avec une large majorité d’opinions positives. De là à dire qu’il pourrait vivre la même destinée que Fillon lors de la primaire, c’est bien trop tôt. De son côté, Emmanuel Macron bénéficie d’une large audience et d’une confiance qui ne cesse de croître. Il est impossible de prédire la victoire de quiconque à l’heure actuelle mais la tendance autour de chaque candidat se précise de jour en jour.

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