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Le CRIF n’a aucun humour 
(et tient à ce que ça se sache)
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Zone franche

« A votre écoute, coûte que coûte », la désopilante émission de France Inter, met Richard Prasquier, le président du Conseil représentatif des institutions juives de France en pétard. Tant mieux !

Hugues Serraf

Hugues Serraf

Hugues Serraf est écrivain et journaliste. Son dernier roman : La vie, au fond, Intervalles, 2022

 

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Le CRIF, c’est vraiment tout un poème. Cette organisation ― que les antisémites aiment bien voir comme la partie émergée de l’iceberg (hé hé, iceberg, c’est pas un nom juif, ça ?) du grand complot au prétexte qu’elle organise une bar-mitzvah annuelle où se presse le Tout-Paris politique ―, si elle n’existait pas, n’aurait certainement pas besoin d’être inventée.

En tout cas pas par les juifs gaulois, dont elle pense être le porte-parole simplement parce que le R de son sigle veut dire « représentatif », mais qui se passeraient pourtant aisément de son truchement pour faire valoir leurs points de vue.

Sa dernière lubie en date : dénoncer « le festival de clichés antisémites » d’une émission humoristique de France Inter, émission dont j’avais déjà eu l’occasion de dire le plus grand bien ici même. Pour mémoire, cet OVNI proprement désopilant, que je ne rate plus jamais ou presque, est une parodie de programme de libre-antenne dont les deux animateurs accumulent les clichés xénophobes et réactionnaires façon Sud-Radio au grand désespoir des (faux) auditeurs leur exposant leurs soucis…

Depuis son lancement, « A votre écoute, coûte que coûte » aura donc fait bondir les défenseurs trop premier degré des immigrés, des homosexuels, des handicapés, des détenus, des femmes battues ou des enfants violés ― les juifs ayant été conservés pour la bonne bouche. Dans l’édition de lundi 27, une candidate à l’installation en Israël est donc enfin confrontée à un déluge de commentaires grotesques de la part de ses interlocuteurs et finit par leur raccrocher au nez, outrée.

Le hic, c’est qu’il faut vraiment être Richard Prasquier, président du CRIF et personnage radicalement dénué d’humour (juif ou zoroastrien, à ce niveau, on ne distingue plus vraiment), pour ne pas saisir qu’il s’agit de s’en payer une bonne tranche, OK, ça va de soi, mais que c'est manifestement aux dépens des antisémites.

Le bonhomme s’est donc fendu d’une protestation officielle auprès du patron du CSA, Michel Boyon, évoquant notamment une « émission dangereuse » risquant « d’alimenter les préjugés qu’elle envisage peut-être de combattre » (quelqu’un a dû lui signaler que c’était pour rire au moment où il cachetait sa missive, mais c'était moins une).

Hum, si quelqu’un alimente les préjugés qu’il envisage (peut-être) de combattre, c’est bien Richard Prasquier. Et l’on se demande si quelqu’un au CRIF, ne devrait pas être recruté pour lui filer des cours de communication, lui évitant ainsi bien des impairs. Je garde encore un souvenir ému de sa suggestion d’antisémitisme larvé au PS, à l’occasion du renouvellement des investitures pour les législatives...

Tiens, Guy Bedos, qui avait dû arrêter de jouer son sketch « Vacances à Marrakech » parce que des beaufs racistes venaient le féliciter en coulisses, pourrait peut-être prendre le job. Remarquez, il n’a plus beaucoup d’humour non plus, celui ci…

Bon mais tout ça n’est pas bien grave. Ce qui importe, c’est que les auteur d’« A votre écoute » continuent d’ignorer consciencieusement les dames patronnesses qui font le siège du standard d’Inter depuis qu’ils ramènent un peu d’acidité dans l’univers policé de l’humour radiophonique. D’autant plus que des victimes potentielles et des progressistes scandalisés, il en reste encore pas mal.

Sur ce shabbat shalom et bon weekend !

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