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Ne passons pas à côté des révolutions industrielles en cours
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EDITORIAL

Et si les vrais enjeux industriels n'étaient pas de sauver telle ou telle usine par perfusion publique mais plutôt de se projeter dans le long terme ?

Alain Renaudin

Alain Renaudin

Alain Renaudin dirige le cabinet "NewCorp Conseil" qu'il a créé, sur la base d'une double expérience en tant que dirigeant d’institut de sondage, l’Ifop, et d’agence de communication au sein de DDB Groupe.

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Pendant que Renault ouvre des usines à l’étranger et que l’on s’en inquiète, offusqués par l’exode industriel, le constructeur lance aussi à grande échelle des véhicules 100% électriques, et cela passe inaperçu. Pourtant il n’est pas le seul. Yoba Inaba, patron de Toyota en Amérique du Nord , révélait lors du Chicago Auto Show début février que la moitié de la vingtaine de nouveaux modèles de la marque courant 2012 seront hybrides ou totalement électriques, expliquant, certes avec la caricature de l’excès « si les Américains conduisaient tous la Prius, la dépendance des États-Unis vis-à-vis du pétrole étranger chuterait de 70 % ».

Si Tesla Motors avait déjà démontré ces dernières années que l’on pouvait rouler en voiture de sport électrique (100 km/h en 5,6 secondes) et avait conquis une partie du show biz américain, l’heure est maintenant à la production grand public. Volkswagen, le numéro un européen du secteur automobile développera des modèles tout électriques d’ici 2014, notamment en Chine avec ses partenaires SAIC Motor Corp et FAW, les deux plus grandes entreprises automobiles chinoises. Ceci après avoir investi plus de 700 millions de dollars dans une unité de production au sud de la Chine.

C’est une des pièces maîtresses de la stratégie de Volkswagen qui entend tripler son chiffre d’affaire en Chine, un pays par ailleurs confronté à d’énormes risques de pollution, notamment automobiles, qui sont aussi des risques de santé publique qui l’obligent à avancer vers du zéro émission. Les autorités chinoises prévoient d’ailleurs d’investir 15 à 20 milliards de dollars dans les 10 ans qui viennent pour soutenir le développement de modes de transports écologiques. Toutes les conditions sont réunies aujourd’hui pour la révolution verte de la filière automobile, en Chine et dans le monde.

D’ailleurs, ce n’est qu’une forme de « revival » : en 1900 (oui, l’année 1900), plus du tiers des voitures en circulation étaient électriques. Dans les années 1910-1920, c’est la conjonction de l’essence bon marché et de l’arrivée de l’offre Ford (construction à grande échelle de la fameuse « T ») qui renversent la vapeur pour une domination des motorisations essence. Aujourd’hui les mêmes causes sont en train de reproduire les mêmes effets (prix élevé du pétrole cette fois, et nouvelles offres).

Et quand un groupe comme Volkswagen se développe, ce n’est pas en raison d’une meilleure compétitivité prix de son coût du travail mais d'une stratégie de long terme. L’industrie, c’est une affaire de vision, de conviction, de stratégie et de savoir-faire. C’est sur ces thèmes que le débat devrait avoir lieu aujourd’hui.

De notre côté, deux ingénieurs français ont entamé le 11 février dernier depuis Strasbourg un tour du monde en voiture électrique, à bord d’une Citroën C0. Vous pourrez les suivre pendant environ 8 mois sur electric-odyssey.com. C’est sympathique, mais au delà du symbole, c’est toute une filière française qui pourrait se structurer autour de la motorisation électrique. Le génie industriel et technologique français a tous les atouts pour occuper une place de premier plan sur toute la chaine de valeur, depuis la production électrique (Alstom inaugurait en début d’année la plus puissante turbine éolienne offshore du monde), en passant par la distribution (nous avons des géants mondiaux) jusqu’aux motorisations de nouvelles générations.

Sans oublier les enjeux, notamment sociaux évidemment, se focaliser sur telle ou telle usine métallurgique, c’est bien, c’est même visiblement considéré comme payant électoralement, mais cela ne doit pas devenir la seule façon d’appréhender les enjeux industriels et économiques. Ne passons pas à côté des révolutions industrielles en cours, qui sont des révolutions d’avenir, un avenir à long terme, plus lointain que les seules échéances électorales.

De quoi la France veut-elle être leader demain ? Amortir les mutations est nécessaire, les encourager aussi.

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