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Pourquoi Emmanuel Macron vise aussi les électeurs qui pourraient être attirés par le FN
©Thomas SAMSON / AFP

Qui est Macron ?

A seulement 39 ans, il est aujourd'hui sur le devant de la scène politique. Qualifié par ses rivaux de "candidat de façade", il a su s'imposer comme l'un des favoris de la campagne présidentielle juste derrière Marine Le Pen. Décryptage du candidat de "En marche !".

François-Xavier Bourmaud

François-Xavier Bourmaud

François-Xavier Bourmaud est reporter et journaliste politique au Figaro. Il suit notamment l'action de l'Elysée, de Matignon, et de la majorité présidentielle, et est l'auteur de PS : La bataille des egos et de Emmanuel Macron, le banquier qui voulait être roi aux éditions de l'Archipel.

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Atlantico : Comment, selon vous, Emmanuel Macron parvient-il à imposer une idée de renouveau autour de sa candidature ? Quels sont les éléments permettant d'indiquer si sa candidature est un renouveau réel ou si celui-ci est simplement une façade ?

François-Xavier Bourmaud : Le premier élément c'est celui qui saute aux yeux de tout le monde : son âge. Au regard des pratiques habituelles de la cinquième République, il ne devrait pas être là. A 39 ans, il est sur la scène politique depuis seulement deux ans et demi et aujourd'hui favori de l'élection présidentielle. C'est du jamais vu donc le renouveau politique est déjà porté rien que par cet état de fait et son ascension expresse au sein du monde politique français. Deuxième idée il y a sans doute une méthode Macron, qu'il a exposé hier, sur la façon d'aborder la construction d'un programme présidentiel qui est sans doute différente et en même temps identique à ce que l'on a déjà vu. Différente car faire travailler la gauche et la droite ensemble c'est quelque chose qui a toujours été compliqué, qui institutionnellement n'est pas prévu dans le cadre de l'Assemblée nationale où les partis sont là pour s'opposer. Et ancienne car ce genre de discours et de volonté transpartisane a déjà été portée par d'autres candidats. Sans succès.

Dernier aspect, sans doute les idées. On les voit plus clairement maintenant mais elles restent à préciser.  Sa proposition de supprimer la taxe d'habitation c'est une idée qui n'a jamais traversé l'esprit d'un camp ou d'un autre. Il essaye de penser à rebours des autres et cela produit des idées nouvelles que l'on a jamais vu.

Quant aux accusations de candidatures de façade, je pense que les personnalités politiques qui lui adressent ces critiques s'empêchent de penser. En fait cette critique paradoxalement le protège. Derrière lui il a en réalité des équipes qui sont nombreuses. Experts énarques, société civile, politique qui produisent son corpus d'idées. D'autant plus que l'on voit qu'Emmanuel Macron depuis le début, chaque fois qu'il a été attaqué, cela l'a toujours renforcé. Cette critique lui est profitable et donc il a tout intérêt à l'entretenir.

Comment s'est construit le candidat Emmanuel Macron, de son arrivée aux côtés de François Hollande à son déclaration ? Quelles ont été les étapes de cette ambition présidentielle ? 

Il y a une étape essentielle à mon sens c'est le 49-3 sur la loi Macron. Quand il arrive à Bercy il arrive en bon élève appliqué qui veut rendre une copie impeccable, donc il travaille. Tous les parlementaires en témoignent, de droite ou de gauche, qu'il fournit un travail à l'Assemblée nationale qui n'a jamais été vu pour élaborer sa loi. A l'arrivée, sa copie est propre, tout le monde est à peu près d'accord et lui pense que cela va passer. Finalité, il a sous-estimé le paramètre politique et trébuche. Lui pense que Manuel Valls utilise le 49-3 pour bloquer son envolée dans les sondages et d'apparaître comme le ministre qui peut faire passer une loi compliquée à l'AN.

A ce moment-là quand il se persuade que Manuel Valls a voulu le bloquer, c'est ici, à ce point de rupture que l'ambition présidentielle se révèle vraiment. L'étape clé est là. Après on peut baliser le chemin, derrière il y a le lancement de En Marche, la démission de Bercy, la candidature… Toutes ces étapes ont été conçues en amont. Il ne fait que développer une stratégie élaborée en amont.

Au regard des événements des mois derniers, renoncement de François Hollande, défaites de Nicolas Sarkozy, Alain Juppé, Manuel Valls, les rebondissements de l'affaire Fillon, voyez-vous Emmanuel Macron comme un moyen d'expression du mécontentement des français, avant d'être le porteur d'un réel projet ? Emmanuel Macron a-t-il su capter ce "moment" de rupture de la politique française pour s'imposer ? 

Macron est le pendant antisystème de Marine Le Pen. Sur une ligne de clivage que les deux ont eux-mêmes créé, c’est-à-dire les pro et les anti européens. Ce nouveau clivage qu'ils essayent de mettre en place se nourrit du rejet du système. Emmanuel Macron bénéficie et vise un soutien large des déçus du monde politique qui sont aussi pro européens alors que Marine Le Pen vise l'inverse. Emmanuel Macron d'une certaine manière vise aussi l'électorat Front National lorsqu'il va à Hénin-Beaumont et parle aux commerçants et artisans. A-t-il rempli ses objectifs, on le verra au moment du premier tour. Ce qui est sûr c'est que ce moment-là il l'a analysé et anticipé. S'il en est là aujourd'hui c'est que son diagnostic a été de dire que la primaire de droite allait faire une scission dans son électorat, tout comme pour la primaire de gauche. C'est exactement ce qu'il s'est passé. Il a anticipé le clivage sur l'Union européenne et va pouvoir bénéficier de ralliements large.

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