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Emplois fictifs au Modem ? Les grandes lignes de l'affaire qui agite les réseaux sociaux
©LIONEL BONAVENTURE / AFP

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Le Modem aurait-il employé ses assistants parlementaires européens au siège parisien du parti ? C'est ce qu'affirmait Corinne Lepage dans un livre paru en 2015. Maintenant que l'écologiste se retrouve dans la même équipe que les membres du parti de François Bayrou, force est de constater que ces accusations passées sont beaucoup plus gênantes pour Emmanuel Macron et ses nouveaux soutiens...

La redécouverte de quelques lignes oubliées a provoqué une avalanche de réactions dans la matinée du 28 février. Sur Twitter, un court extrait du livre de Corinne Lepage, Les Mains Sales (2015) est partagé par des centaines de personnes. Son contenu a de quoi faire bondir de nombreux soutiens de François Fillon et de Marine Le Pen, tous les deux mis en cause dans des affaires d'emplois fictifs, à l'Assemblée Nationale pour l'un et au Parlement européen pour l'autre. Évoquant son éloignement du Modem qu'elle avait fondé avec Bayrou en 2008, la présidente de LRC-Cap21 y dénonçait un étrange manège au sein du parti de François Bayrou. Une pétition en ligne est même lancée, comptant le 28 février au soir près de 1 000 signataires et demandant que le parquet se saisisse du dossier. L'affaire – qui ne date donc pas d'hier – est loin d'être anodine, surtout quand on sait que Corinne Lepage puis François Bayrou et la majorité de ses équipes du Modem se retrouvent depuis peu au sein d'En Marche ! , et sont donc à priori nouveaux alliés dans cette campagne.

"Lorsque j'ai été élue au Parlement européen en 2009, le Modem avait exigé de moi qu'un de mes assistants parlementaires travaille au siège parisien. J'ai refusé en indiquant que cela me paraissait d'une part contraire aux règles européennes et d'autre part illégal. Le Modem n'a pas osé insister mais mes collègues ont été contraints de satisfaire cette exigence. Ainsi, durant cinq ans, la secrétaire particulière de François Bayrou a été payée… par l'enveloppe d'assistance parlementaire de Marielle de Sarnez, sur fonds européen."

Contactée pour connaître son avis, Corinne Lepage a indiqué ne pas vouloir faire de commentaire et s'est contentée de rappeler que le livre a reçu le Prix du Livre Politique du Barreau de Paris en 2015.

Si la plupart des députés Modem de l'époque n'ont pas répondu à nos appels, Marielle de Sarnez, vice-présidente du Modem, a en revanche tenu à s'exprimer. "Tout ce que [Corinne Lepage] a dit est faux", s'étonnant de voir resurgir cette affaire en 2017 et indiquant l'avoir déjà commentée en 2015 dans un communiqué (que nous avons par ailleurs cherché sans succès). Pour elle, il s'agirait d'une rumeur aux motifs troubles "Ce qui est intéressant, c'est de voir que tout cela semble venir d'un milieu composé de soutiens de François Fillon [...] Je n'ai jamais vu ça, c'est le degré zéro de la politique !"

Jean-François Kahn, ancien rédacteur en chef de Marianne et ancien élu Modem -avant de se désister- en 2009 dit ne pas avoir eu connaissance ni de tels agissements, ni d'une telle demande de la part de la formation centriste. Il exprime d'ailleurs son étonnement : lors de ses différentes rencontres avec les parlementaires européens du Modem, ceux-ci étaient bel et bien accompagnés d'assistants, et donc non consacrés aux activités nationales du parti. Faut-il encore rappeler qu'il est prévu pour les députés européens une enveloppe de 21 209 euros, à répartir entre trois assistants au maximum par élu.

Nicolas Hervieu, juriste en droit public et européen affirme que si l'affaire était avérée, il s'agirait de fait d'un cas en tout point similaire à celui qui touche Marine Le Pen aujourd'hui. Comme pour la présidente du Front National, l'affaire serait entre les mains de l'Office européen de la lutte contre la fraude, qui a le pouvoir de sanctionner financièrement et disciplinairement mais non pénalement. Passer au pénal demanderaient des éléments plus précis (par exemple l'usage de faux) et serait alors du ressort du Parquet national financier, également impliqué dans l'enquête sur les emplois présumés fictifs des membres de la famille Fillon.

Les retrouvailles des anciens fondateurs du Modem sous la bannière d'En Marche! pourraient être plus compliquées que prévues... Le vent de fraîcheur que souhaite insuffler le mouvement d'Emmanuel Macron résistera-t-il aux vieilles rancœurs ? Le mouvement de l'ancien ministre, contacté lui-aussi, n'a pas souhaité réagir.

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