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Derrière l’alliance avec Emmanuel Macron, le projet non-exprimé de François Bayrou de recréer l’UDF
©Reuters

Rêve giscardien

En se ralliant à Emmanuel Macron, François Bayrou ne se cantonne pas à un simple calcul électoral. Le maire de Pau espère aussi réussir à faire triompher libéralisme, centre et modernité...comme Valéry Giscard d'Estaing au temps de l'UDF.

Xavier Chinaud

Xavier Chinaud

Xavier Chinaud est ancien Délégué Général de démocratie Libérale et ex-conseiller pour les études politiques à Matignon de Jean-Pierre Raffarin.

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Atlantico : L’offre d’alliance faite par François Bayrou et acceptée par Emmanuel Macron n'est-elle pas un simple calcul entre un président du modem crédité de 6% et un candidat au coude-à-coude avec François Fillon, ou va-t-elle au-delà ?

Xavier Chinaud : Se limiter à une lecture de calcul serait une erreur. Si la droite filloniste rejette François Bayrou pour avoir refusé de soutenir Nicolas Sarkozy en 2012, le président du Modem n’en est pas moins le tenant d’un centre indépendant, démocrate-chrétien. Emmanuel Macron porte lui une forme de libéralisme et tous deux partagent l’envie de transformer l’offre partisane actuelle si rejetée dans le pays. L’alliance entre libéralisme, modernité et centre c’était la « Démocratie Française » portée par Valery Giscard d’Estaing, elle a présidé à la formation de l’UDF à l’époque et visait le rassemblement de deux Français sur trois dans l’organisation d’un grand pôle stable et central dans la vie politique française ayant vocation à former des majorités d'idées, c’est l’idée de cette construction qui transparait dans cette alliance aujourd’hui.

Il n’y a donc aucune incohérence de fond à ce que se rejoignent des hommes incarnant cette alliance libérale sociale et européenne et la   volonté partagée de bousculer le système partisan gauche/droite.

Oui, Macron a vécu une mauvaise semaine dernière. Oui, Bayrou n’était pas le favori des sondages, oui ils avaient tous les deux besoin d’air ou d’un élan. Mais s’arrêter à ce qui les distingue voir oppose, y compris dans les mots qu’ils ont prononcé l’un vis à vis de l’autre serait un peu court,  la violence de certains commentaires venant de LR comme des soutiens de Benoît Hamon et du FN est l’illustration d’un tournant dans cette présidentielle folle.

N’y a t-il pourtant pas plus de contradictions que de cohérence dans ce tandem face à une droite ressoudée derrière François Fillon et un FN au plus haut derrière Marine le Pen ? François Bayrou avait soutenu Alain Juppé dans la primaire, aujourd’hui il rejoint Emmanuel Macron ?

L’affrontement gauche droite et l’inefficience des quinquennats successifs récents ont généré une extrême droite aujourd’hui en mesure de l’emporter. L’offre d’un renouvellement de la vie politique émanant d’Emmanuel Macron faisant prévaloir une ambition collective à celle personnelle de Bayrou a du sens. 

Cessons l’hypocrisie, il y a une semaine, nombreux étaient ceux qui envisageaient de lâcher François Fillon à cause des affaires, dans les soutiens d’Alain Juppé, beaucoup ont déjà choisi de rejoindre Emmanuel Macron de par le programme défendu par François Fillon, il reste 60 jours avant le 1er tour, et personne n’a de certitude quant à la physionomie du 2eme tour excepté la présence de Marine le Pen :  qu’il y ait une clarification des projets et des candidatures au moment où va réellement démarrer la campagne et la cristallisation est plutôt une bonne nouvelle.

La contradiction majeure dans notre démocratie si malade, c’est qu’une majorité d’électeurs aujourd’hui ne savent pas pour qui ils vont voter.

Pensez-vous que d’autres tournants, d’autres ralliements sont à attendre dans les semaines à venir ?

Nous vivons depuis des semaines des tournants et des retournements. A droite, on ne sait ce que donneront les investigations du parquet financier. A gauche, on ne sait si Hamon et Mélenchon in fine se réuniront. Mais on peut penser que s’interrogeront les centristes, les radicaux, les modérés au sein des républicains quant à cette recomposition; si les élus sortants sont par nature soucieux de leurs ré-investitures, les sympathisants, les électeurs se reconnaissant dans ces courants de pensées pourraient bien reprendre leur liberté.

S’ouvre dans quelques jours la séquence des parrainages nécessaires à toute candidature définitive. Après le 17 mars, les choses seront clarifiées. 60 jours dans une telle campagne, c’est très long et je n’imagine pas qu’elle devienne un long fleuve tranquille.

Les enjeux qui sont ceux de cette élection pour l’avenir de notre pays, pour l’Europe, après l’élection de Donald Trump et le Brexit sont historiques. Qu’ils provoquent des réactions, des évolutions dans le paysage politique, a quelque chose de positif, et les Français trancheront.

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