Au secours, l'inflation est de retour ! Dites au revoir à votre pouvoir d'achat...<!-- --> | Atlantico.fr
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La déflation est a priori une situation agréable, pour nous consommateurs, mais très désagréable pour les pouvoirs politiques.
La déflation est a priori une situation agréable, pour nous consommateurs, mais très désagréable pour les pouvoirs politiques.
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Troisième choc pétrolier

Alors qu'un troisième choc pétrolier pointe le bout de son nez, l'inflation permet aux États de surmonter la crise de la dette, mais menace le porte monnaie du consommateur.

Simone Wapler

Simone Wapler

Simone Wapler est rédactrice en Chef des Publications Agora (analyses et conseils financiers).

Elle est l'auteur de "Comment l'Etat va faire main basse sur votre argent: ... et ce que vous devez faire pour vous en sortir !", paru chez Ixelles Editions en mars 2013.

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2011 fut l’année du pétrole le plus cher et 2012 commence sur les chapeaux de roue avec un baril de brent qui atteint 124,5$. Nous sommes au dessus des niveaux record de 2008. Tout ceci est de l’inflation en germe. Sachant que l’indice des prix en zone euro est déjà de 2,7 %, une vague d’inflation se prépare-t-elle, et quand pourrait-elle arriver ?

Les autorités haïssent la déflation. Ce mot de jargon économique signifie que les prix baissent. Si vous achetez demain, c’est moins cher qu’aujourd’hui. C’est a priori une situation agréable, pour nous consommateurs, mais très désagréable pour les pouvoirs politiques.

La déflation est agréable à tous ceux qui ne sont pas endettés. Elle est profitable aux créditeurs et nuisible aux débiteurs. En effet, si les prix baissent et que vous vous êtes endetté en espérant au contraire une hausse des prix, vous êtes mal. C’est le cas de tous les acheteurs à découvert, les spéculateurs, ceux qui pratiquent les LBO (ou leverage buy out ou encore achat par effet de levier) et, évidemment, les gouvernements. Car il ne vous a certainement pas échappé que les gouvernements étaient endettés.

Pour ces gens-là, au contraire, l’inflation est une bonne chose. Elle permet de rembourser en monnaie de singe. Par rapport à vous, misérable mortel, un État (supposé immortel) détient un immense privilège. Il rembourse le principal à échéance de son prêt. Certains mortels fortunés peuvent avoir ce privilège : ils contractent un prêt in fine ou encore un crédit Lombard.

Supposez 5 % d’inflation par an. En combien de temps votre capital est-il divisé par deux ? Réponse : environ 14 ans. C’est la magie des intérêts composés qu’Einstein lui-même considérait comme la force la plus puissante de l’univers. Pas mal pour un État qui emprunte à 15 ans en moyenne.

Vous comprenez mieux pourquoi, confrontées à la déflation, les autorités surendettées essaient de susciter l’inflation, d’allumer un contrefeu en quelque sorte.

C’est ce qu’a essayé de faire le Japon depuis l’éclatement de sa bulle immobilière dans les années 1980 … sans succès. Le Japon n’a pas connu d’inflation et la déflation se poursuit. C’est ce qu’ont essayé de faire les Etats-Unis depuis 2008 en faisant surgir des milliers de milliards de dollars du néant. C’est la voie qu’a choisie  l’Europe en prétextant le sauvetage des banques européenne et des pays insolvables.

Alors, viendra ou viendra pas l’inflation ? Pour Otto Pöhl, un ancien Président de la banque centrale allemande, l’inflation c’est comme le dentifrice, une fois que c’est sorti du tube, impossible de la faire rentrer.

Nous vivons un troisième choc pétrolier sans encore le savoir. Le pétrole est la mère de toutes les matières premières et elles sont reparties à la hausse depuis le début de 2012. Ce qui, dans les pays développés, maintient l’inflation-dentifrice dans le tube c’est le chômage qui comprime les salaires. N’oubliez pas que ceux qui luttent contre la crise sont ceux qui ne l’avait pas vue venir et qui prétendent soigner une crise de la dette en imprimant de l’argent.

Certes, le milieu des brasseurs d’argent se réjouit que l’indice américain S&P500 retrouve son  niveau d’avant crise. On oublie juste une chose : ce ne sont pas les mêmes dollars dans lesquels on évalue la capitalisation des entreprises. Entre 2008 et aujourd’hui, le bilan de la Fed a été multiplié par presque quatre ! La Banque centrale européenne n’a rien à envier à la Fed. Elle est en faillite si les actifs financiers de son bilan perdent ne serait-ce que 2% de leur valeur.

L’argent gratuit n’a jamais enrichi. Le prix à payer sera une vague d’inflation sournoise, probablement pour 2013 et importée au travers des matières premières, énergie en tête. Pour le citoyen occidental, elle se traduira par une perte de pouvoir d’achat puisque les banques centrales des pays surendettées ne peuvent relever leurs taux directeurs (sinon c’est la faillite) et que les salaires ne suivront pas (en raison du chômage).

Les dettes peuvent être payées, répudiées ou rongées par l’inflation. Les autorités ont choisi la troisième voie, moins douloureuse pour elles que la répudiation, mais beaucoup plus pénible pour les citoyens. Le rentier de Keynes est devenu retraité de son État-providence. Il sera euthanasié par les taux bas, comme le prévoyait Keynes, et l’inflation contre laquelle les États surendettés ne pourront lutter.

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