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Cette droite des élites qui peine tant à comprendre celle de ses électeurs
©Thomas SAMSON / AFP

Choix multiples

Laurent Wauquiez annonçait sa candidature à la présidentielle, il pourrait vraisemblablement mettre en action un mouvement de recomposition de la droite.

Caroline Wallet

Caroline Wallet

Caroline Wallet est coach et consultante en communication politique et communication de crise. Elle a été chargée de mission auprès du Premier ministre, conseiller pour la communication auprès de plusieurs ministres, et directrice des relations extérieures pour l’ex-UMP. 

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Guillaume Bernard

Guillaume Bernard

Guillaume Bernard, docteur et habilité à diriger des recherches en histoire des institutions et des idées politiques, est maître de conférences à l'ICES (Institut Catholique d'Études Supérieures).

Il enseigne ou a enseigné dans divers autres établissements comme Sciences-Po Paris. Il a rédigé ou codirigé un certain nombre d'ouvrages scientifiques parmi lesquels Dictionnaire de la politique et de l'administration (PUF, 2011) et Introduction à l'histoire du droit et des institutions (Studyrama, 2éd., 2011), ou destinés au grand public, dont L'instruction civique pour les nuls (First, 2e éd., 2015). Il est également l'auteur de La guerre à droite aura bien lieu, (Desclée de Brouwer, 2016).

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Si l’épisode délicat traversé par François Fillon devait s’amplifier, malgré sa constance et sa fermeté face à la tourmente, Les Républicains prendront-ils le risque avec cette candidature fragilisée d’être absents du second tour de la présidentielle ? Et si la droite avait l’obligation de se réinventer très vite pour créer les conditions de sa victoire ?

En l’état, le duel Macron-Le Pen semble le plus probable au second tour de l’élection présidentielle. La droite modérée peinant à trouver la bonne sortie de crise à l’empêchement de son candidat pourrait sortir étrillée de cette élection et n’aurait plus le choix alors que d’entamer une mue nécessaire mais trop tardive. Et si la recomposition politique devait advenir plus tôt que prévu ?

La question que tout le monde se pose est : quel candidat pour se substituer à un Fillon défaillant ? Même s’il serait imprudent d’enterrer trop vite le candidat, elle est dans tous les esprits tant l’altération de son image est grande. Il semble cependant que ce ne soit pas la seule question possible et que celle-ci puisse tout simplement ne pas être la bonne.

Changer de cadre de référence

La désignation d’un candidat de remplacement est un problème en soi. Il n’est plus temps de refaire le match des primaires et les candidats malheureux du choix de novembre sont par définition des perdants déjà abimés par cet échec. Et puis comment valider un nouveau choix ? Un vote au sein d’une instance interne au parti provoquera d’interminables conflits fratricides et claniques.

Avec l’affaiblissement brutal du Parti socialiste qui permet de douter de la présence de son candidat au second tour de l’élection présidentielle, c’est l’ensemble du système partisan qui est ébranlé. L’aspiration des Français à un renouvellement politique est profond et de grande ampleur. À ne pas entendre le message, la droite court à son tour le risque d’en être réduite à jouer les arbitres.

Le vrai enjeu pour elle est de répondre à cette soif de renouveau. Il lui revient d’apporter un nouvel élan, un nouveau souffle et d’embrasser un spectre beaucoup plus large que celui des seuls Républicains. Il pourrait s’agir d’une des seules possibilités de contrer un Emmanuel Macron qui, cherchant à réaliser une "grande coalition" à cheval sur la gauche et la droite, "crée" une nouvelle dynamique ringardisant, du même coup, tous les "vieux" partis. Dès lors, la seule solution réaliste ne se trouve-t-elle pas dans la constitution d’un mouvement analogue à "En marche !", c’est-à-dire nouveau, mais de droite ? Un mouvement dont l’objectif ne serait pas de chercher à lui ressembler pour le concurrencer (convergence des libéralismes économique et sociétal) mais de le combattre en lui opposant une autre vision de la société.

L’échappée belle

L’hypothèse de l’échappée belle d’un candidat qui ne se serait pas présenté à la primaire de la droite et s’affranchirait de l’autorisation de son parti pour créer un mouvement de convergence, non pas "à" droite mais "de" droite, mérite, dans cette perspective, d’être étudiée. Les chances de succès d’une telle opération dépendent en partie de la rapidité avec laquelle l’ensemble des décisions qui y conduiraient pourraient être prises.

Ainsi, contrairement à ce que la victoire de François Fillon avait un temps laissé penser, la constitution d’un courant de droite alternative faisant le pont entre tous les électeurs de droite, depuis le centre-droit jusqu’au FN compris, en passant par le PCD et DLF, pourrait trouver sa place à l’occasion de l’élection présidentielle de 2017.

De la même manière qu’Emmanuel Macron est en passe de faire exploser le Parti socialiste, un tel mouvement contribuerait à l’implosion des actuels partis à droite mais autoriserait à envisager une victoire de la droite, tout en favorisant une clarification doctrinale. En dehors d’une éventuelle candidature "hors les murs", c’est, au sein de LR, Laurent Wauquiez qui semble présenter le profil le plus adapté. Le trio Buisson-Villiers-Zemmour s’était d’ailleurs, fut un temps, déjà penché sur lui.

L’hypothèse Wauquiez

Le quadra trace sa route porté par une solide victoire à la présidence de la région Rhône-Alpes. Sa jeunesse et pourquoi ne pas le signaler – tant cela a de l’importance en politique – son physique lui permettent de déranger sérieusement un Emmanuel Macron qui joue manifestement plus de ces deux atouts que d’un contenu réel.

Mais surtout, son positionnement politique, tout en s’inscrivant dans le "mouvement dextrogyre" qui s’affirme en France (droitisation de l’électorat, glissement du libéralisme vers la gauche du spectre politique), cherche à être équilibré. Cela devrait lui permettre de rassembler nombre d’électeurs des différentes familles de la droite : critique de l’Union européenne, défense des libertés économiques, affirmation de valeurs sociétales conservatrices. Il fait partie de ces rares hommes politiques qui s’affichèrent régulièrement auprès de "La Manif pour tous". Il a aussi la fibre sociale, ce qui a semblé faire cruellement défaut au candidat Fillon identifié comme le fossoyeur de la Sécurité sociale. Sa motion, la "Droite Sociale" était d’ailleurs arrivée en deuxième position lors du congrès de son parti en 2012.

Si un homme comme Laurent Wauquiez annonçait sa candidature à la présidentielle, il pourrait vraisemblablement mettre en action un mouvement de recomposition de la droite. Il apparaît dès 2017 au centre du jeu, lui qui préparait surtout, semble-t-il, l’échéance de 2022. Relèvera-t-il le gant en suivant l’adage célèbre : "l’Histoire ne repasse pas les plats" ? 

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