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Réalité augmentée : 
Google invente la vie 2.0
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zone franche

La réalité augmentée façon Google bouleversera bientôt votre existence. Et si ça ne vous enthousiasme pas plus que ça, peu importe : toute résistance est futile...

Hugues Serraf

Hugues Serraf

Hugues Serraf est écrivain et journaliste. Son dernier roman : La vie, au fond, Intervalles, 2022

 

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Google s'apprête à lancer des lunettes high-tech permettant de téléphoner (ce qui semble affreusement banal de nos jours,même pour des binocles), mais également de faire ses premiers pas dans cette fameuse « réalité augmentée » chère à Terminator (ce qui l'est déjà moins).

Un petit écran situé à quelques millimètres de la pupille du porteur autorise en effet ce dernier à surfer discrètement sur le Web sans lâcher son volant s'il est en voiture, par exemple. Hum, c'est sans doute la fin des PV pour conduite dangereuse même si le nombre d'accidents mortels pourrait subséquemment faire un sacré bond...

Mais qu'il descende de son auto pour faire un tour en ville et apparaîtront, toujours sur la  petite lucarne, tout un tas d'informations touristiques ou commerciales absolument indispensables : j'admire la tour Eiffel, bing, la voici encadrée de données techniques ou historiques édifiantes ; j'examine une cagette d'oranges au Franprix, paf, je suis bombardé de messages sur leur patelin d'origine et leurs qualités gustatives.

Bon, OK, tout le monde est d'accord : à l'exception des quelques geeks qui vendraient leur mère pour être les premiers à mettre la main sur un iPad 3, ce gadget est absolument grotesque. Et si passer son son temps à pianoter sur son smartphone pendant le déjeuner est déjà une première étape vers l'autisme volontaire, on imagine la manière dont les relations humaines seront affectées par un produit pareil.

Tout le monde est d'accord, donc, mais ça n'empêchera par les lunettes Google de se répandre au moins aussi rapidement que les demi-lunes Afflelou multicolores chez les plus de quarante ans. Moi qui vous parle, j'ai beau trouver le concept désolant, je ne manquerai certainement pas de rejoindre les « early adopters » lorsqu'il sera devenu impossible de réserver un billet de TGV sans Google Glasses.

Après tout, en déplacement, je dois déjà trimbaler un ordinateur portable (et son chargeur), un iPhone (et son chargeur), le lecteur MP3 avec lequel je vais courir (et son chargeur), l'eBook reçu de mes filles pour Noël (et son chargeur), pour ne rien dire, mais c'est sans doute moins universel, de la tondeuse à cheveux qui me permet de ressembler à un nervi du Front national (avec son chargeur, elle aussi).

Alors des lunettes Google à réalité augmentée (et leur chargeur)...

De fait, ma mère est à peu près l'une des seules personnes susceptible de rester à l'écart du mouvement, le Minitel étant la dernière technologie aux avances desquelles elle ait accepté de céder. Tss... Quelle vieille réac ! Tiens, je me demande si je ne vais pas la vendre pour me les payer, ces fameuses lunettes...

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