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Les 4 raisons pour lesquelles on peut défendre la candidature de François Fillon même si les accusations étaient avérées
©AFP

Au royaume des aveugles, les borgnes sont présidents

Après l’exorde de François Fillon sur le Penelopegate, tous les Français ont entendu que le candidat renoncerait à sa candidature s’il était mis en examen. Le geste (appelé chez les Grecs: brûler ses vaisseaux) est héroïque, mais il est quand même très dangereux.

Éric Verhaeghe

Éric Verhaeghe

Éric Verhaeghe est le fondateur du cabinet Parménide et président de Triapalio. Il est l'auteur de Faut-il quitter la France ? (Jacob-Duvernet, avril 2012). Son site : www.eric-verhaeghe.fr Il vient de créer un nouveau site : www.lecourrierdesstrateges.fr
 

Diplômé de l'Ena (promotion Copernic) et titulaire d'une maîtrise de philosophie et d'un Dea d'histoire à l'université Paris-I, il est né à Liège en 1968.

 

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Certes, François Fillon avait attaqué Nicolas Sarkozy durant la campagne aux primaires en rappelant la phrase du général De Gaulle sur les candidats à la présidentielle mis en examen. Certes, François Fillon a bâti sa campagne sur sa probité. Tout ceci justifie qu’il se drape aujourd’hui dans une dignité qu’on trouvera mal placée. Il n’a pas hésité à déclarer, sur TF1, qu’une mise en examen serait une atteinte à son honneur. Oui, mais enfin, s’il suffit en France de mettre, sous un prétexte ou un autre, une personne en examen pour la mettre en retrait de la société, la manoeuvre serait décidément très tentante! Dans une société de plus en plus judiciarisée et mise sous surveillance (ce qui était moins le cas sous De Gaulle), on mesure le levier que représenterait la mise en examen pour détruire un rival politique ou un ennemi.

Reste la question de fond: la mise en examen de François Fillon justifierait-elle son retrait? Cette idée parait en contradiction singulière avec quelques bonnes raisons contraires, qu’il est nécessaire de rappeler ici.

A LIRE AUSSI - PenelopeGate : mais d’où peut venir le coup contre François Fillon (et à qui profite le crime ?)

Fillon, un puissant rempart contre l’isolationnisme de Trump

Replaçons quand même la question des présidentielles dans leur contexte: le premier sujet que devra traiter le prochain président de la République sera celui du nouvel ordre du monde construit par Donald Trump. Cela ne signifie pas que les sujets de probité personnelle n’ont aucune importance, ni qu’il faut les occulter. Mais enfin, reconnaissons qu’il vaut mieux un président mis en examen pendant la campagne pour une affaire d’emploi fictif mais capable d’en imposer aux Américains, plutôt qu’un président propre sur lui mais sans autorité face aux logiques biscornues de Donald Trump.

Sur ce point, la stratégie de balance proposée par Fillon avec la Russie constituera un atout important.

Pour un rééquilibrage des relations avec l’Allemagne

Le prochain président ne devra pas seulement entamer une relation bilatérale compliquée avec le Président des Etats-Unis. Il devra aussi tenir le manche du couple franco-allemand, où, depuis 2012, la France est fortement minorée. Pendant cinq ans, François Hollande a accepté une soumission coupable à Angela Merkel en échange de l’indulgence de celle-ci vis-à-vis des dérives budgétaires et de l’immobilisme français.

Sur ces points, François Fillon apporte une ligne intéressante qui porte de nombreuses promesses. On voit mal qui, dans ses rivaux à la présidentielle, est capable de faire mieux. Veut-on passer à côté d’une chance historique pour une affaire d’emploi fictif à 4.000 euros?

Pour de vraies réformes internes

On le sait tous, l’inversion des relations avec l’Allemagne passe forcément par des réformes décisives en France. Certains interprètent ce préalable comme une marque de dévotion ou de soumission à nos voisins. C’est faux bien entendu. Le sujet n’est pas de s’abaisser pour plaire, mais de se réformer pour se relever. Il n’est pas sûr que François Fillon soit l’élément indispensable de ce relèvement, mais il est en revanche absolument certain qu’aucun autre candidat ne propose un tel programme, y compris parmi les Républicains. Il est donc indispensable là encore que Fillon reste candidat.

La transparence pour gérer la question de la probité

Reste que, si François Fillon devait être mis en examen, nous ne pourrions ignorer cette occurrence, qui est toxique pour l’ensemble de la démocratie. Elle montre que la classe politique française n’est pas allée assez loin pour se mettre au niveau des attentes démocratiques exprimées par les opinions publiques. Sur ce point, l’insupportable refrain du populisme entonné par les élus et répétés par les médias subventionnés dès que le droit de suite reconnu à chaque citoyen sur les élus par la Déclaration de l’Homme de 1789 est mis en oeuvre pèse lourd dans la balance. Nos élus feraient moins de résistance à la démocratie et accèderaient plus volontiers aux pétitions citoyennes, nous n’en serions pas là.

Sur ce point, à quelque chose boule puante est bonne. La meilleure façon que François Fillon peut encore avoir de surmonter la crise qu’il traverse consiste à prendre le taureau par les cornes. Le bon sens impose ici d’acter les dangers des pratiques opaques en vigueur. Le candidat Fillon a tout intérêt à ajouter à son programme des dispositions drastiques sur le contrôle des élus par les citoyens. Seul le grand bond en avant de la transparence pour renouveler en profondeur les pratiques politiques peut sauver la candidature de Fillon.

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