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Football : et "Lionel" devint "Messi"... Grandoli, ce quartier perdu d'Argentine où tout a commencé
©Reuters

Bonnes feuilles

Lionel Messi, dribbleur, passeur et buteur hors pair, est devenu l’un des meilleurs joueurs du monde. Pourtant, rien ne semblait prédestiner le jeune et timide Argentin à devenir l’idole des stades. "Insubmersible Messi" explore la carrière hors du commun de ce géant, détaille son ascension dans son club de toujours puis en équipe nationale d’Argentine, et jette la lumière sur les zones d’ombre qui subsistent autour de lui. Extrait de "Insubmersible Messi", d'Alexandre Juillard, chez Solar Editions (1/2).

Alexandre Juillard

Alexandre Juillard

Alexandre Juillard, correspondant du journal L’Équipe pendant six ans en Argentine, connaît mieux que personne les joueurs argentins. Il est l’auteur d’une biographie sur Diego Maradona.

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Grandoli est un club de quartier typiquement argentin. Les enfants, venus pour la plupart des barres d'immeubles qui entourent le seul terrain de cette petite entité, sont entraînés par des hommes passionnés et bénévoles. Ce manque cruel de moyens explique certainement l'état désastreux du terrain : une pelouse pelée recouverte de terre et de quelques mottes d'herbe qui poussent sauvagement aux extrémités. Pendant plus de trente ans, le club a fonctionné grâce a l'énergie de don Salvador Aparicio, un ancien employé des chemins de fer argentins qui vécut jusqu'à sa mort dans un taudis à quelques mètres du terrain. En trente ans, il en a vu passer des joueurs, des exceptionnels, des bons et des moins bons. Et si Messi est aujourd 'hui le joueur qu'il est devenu, il le doit aussi a cet homme a la fine moustache et au verbe haut. 

Au fond de son canapé miteux, au milieu d'une pièce insalubre, don Salvador se souvient bien du jour ou le petit a fait ses premiers pas : "Rodrigo, le frère aine (catégorie 1980), était excellent, c'était un joueur très complet que je comparais a Gabriel Batistuta. Ce jour-la, en 1992, la mère et la grand-mère de Lionel accompagnaient les deux grands. Elles sont arrivées en avance et avant le match des catégories de Matias (1982) et de Rodrigo, nous avions organise un match amical pour les plus petits. Il nous manquait un joueur. J'étais un peu désabusé. Nos adversaires nous mettaient la pression pour trouver un dernier gamin. Je regarde dans les tribunes. Rien. Je regarde autour et je vois un petit bonhomme qui tape le ballon contre le mur. Je vais voir sa mère et lui demande de me prêter son fils. Elle me répond par la négative. Elle ne voulait pas que son fils joue, elle n'en démordait pas. C'est finalement la grand-mère, assise a ses cotes, qui a tranquillise sa fille et insiste pour que Lionel joue. Je me souviens qu'il a vraiment fallu négocier. Comme Celia n'était pas rassurée, je lui ai dit que je placerais le petit sur l'aile droite, prés de la tribune, comme ca, s'il pleure ou s'il se fait mal, elle sera juste à côté de lui."

Le match commence. Lionel a les mains dans la gadoue. Il joue avec le sable. Il semble ailleurs, sur une autre planète. Un premier ballon arrive vers lui, il le laisse passer. " J'ai compris par la suite qu'il n'avait pas voulu le contrôler, car le ballon lui était arrive sur son pied droit alors qu'il est gaucher. Je vais le voir et je lui explique que lorsque le ballon approche, il faut qu'il tire dedans. Le second ballon arrive sur son pied gauche. Il le contrôle et accélère, accélère, il dribble, personne n'arrive à l'arrêter et moi je lui criais : “Tire, tire.”On avait l'impression qu'il avait joue toute sa vie. Sa mère, sa grand-mère, moi, tout le monde, on était scotches sur le bord du terrain. " Lionel a trouvé sa voie, son jeu. Le ballon devient sa raison de vivre.

Extrait de "Insubmersible Messi", d'Alexandre Juillard, chez Solar Editions

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