« Papa, tu me prêtes six millions d’euros ? ». « Mais oui Marine ! »<!-- --> | Atlantico.fr
Atlantico, c'est qui, c'est quoi ?
Newsletter
Décryptages
Pépites
Dossiers
Rendez-vous
Atlantico-Light
Vidéos
Podcasts
Politique
« Papa, tu me prêtes six millions d’euros ? ». « Mais oui Marine ! »
©

En famille

Ouf, le Front national est sauvé. Et de qui vient le salut ? D’un affreux personnage exclu du parti.

Benoît Rayski

Benoît Rayski

Benoît Rayski est historien, écrivain et journaliste. Il vient de publier Le gauchisme, maladie sénile du communisme avec Atlantico Editions et Eyrolles E-books.

Il est également l'auteur de Là où vont les cigognes (Ramsay), L'affiche rouge (Denoël), ou encore de L'homme que vous aimez haïr (Grasset) qui dénonce l' "anti-sarkozysme primaire" ambiant.

Il a travaillé comme journaliste pour France Soir, L'Événement du jeudi, Le Matin de Paris ou Globe.

Voir la bio »

On s’était beaucoup intéressé aux bisbilles entre la fille et le père. Jean-Marie contre Marine. Ça faisait une belle affiche. D’autant plus que le spectacle a dépassé toutes ses promesses. En effet, ce qu’ils ont dit l’un de l’autre frôlait l’insulte et l’injure. Jean-Marie parlait de "parricide" et menaçait de retirer à Marine le nom de Le Pen. Pour le punir, Marine l’a fait exclure du parti qu’il a fondé. Il en est néanmoins resté président d’honneur suite à une décision de justice qui figurera certainement dans un show intitulé "La Cour s’amuse".

On ne peut pas toujours se cracher à la gueule. Surtout quand celui à qui l’on crache à la gueule  est bourré de fric. Et du fric, Marine en a sacrément besoin pour sa campagne. Et où en trouver ? De l’aveu même du trésorier du parti, Wallerand de Saint-Just, la banque russe qui prêtait au FN a déposé son bilan. Et alors, il n’y a pas d’autres banques russes ? Ou Vladimir Poutine est-il allé chercher un autre flirt ? Tout allait donc très mal. Personne ne voulait prêter à Marine. Une phrase abracadabrantesque du même Wallerand de Saint-Just : "Les banques françaises ne jouent pas le jeu de la démocratie". On s’amuse : depuis quand les banques ont-elles vocation  à "jouer le jeu de la démocratie" ?

Désespéré, Wallerand de Saint-Just lâcha : "Nous irons chercher de l’argent partout, en Argentine, aux Etats-Unis, et pourquoi pas, au Moyen-Orient ?". Là on frôlait l’abîme de la déchéance et de la honte nationales. Marine voilée demandant audience au roi d’Arabie saoudite. Marine en pèlerinage chez l’émir du Qatar vantant l’apport inestimable de ce pays à la culture internationale. Marine s’engageant à reverser une partie du prêt obtenu à l’Institut du monde arabe.

Non, une telle infamie ne pouvait être. Et Jean-Marie Le Pen n’a pas, quoi qu’en ait dit sa fille, un cœur de pierre. Et via son micro parti, le Cotelec, il a avancé l’argent. Il faudrait s’inspirer de Feydeau, Labiche ou Courteline pour imaginer le dialogue ente Jean-Marie et Marine. Car ce qui a commencé en tragédie – le meurtre du père par sa fille – finit en comédie de boulevard. "Papa, prête-moi  6 millions d’euros s’il te plait !". "Oui fifille mais…". "Mais quoi ?". "Tu seras gentille avec moi ?". "Oui papa". "Tu ne diras plus que je suis un vieux fou ?". "Non papa, c’est promis". "Et puis avec le fric que je te donne, tu as vraiment intérêt à gagner l’élection présidentielle pour me rembourser". "Je ferais de mon mieux papa". Car Jean-Marie Le Pen est peut être âgé mais il n’est pas sénile : il veut un retour sur investissement.

Comment au vu de cet arrangement providentiel ne peut avoir une pensée pour les militants et les sympathisants du FN. Pendant de mois et des mois, on leur a répété que Jean-Marie Le Pen était un vieux con, qu’il polluait le paysage, que chacun de ses mots était une flèche plantée dans le cœur de Marine. Ils y ont cru.

Ça leur apprendra à penser que morale et politique pouvaient faire bon ménage. Que le Front national était au-dessus des combines et des turpitudes qu’il reproche aux autres partis. Ils se consoleront en se disant qu’un homme qui peut débourser  6 millions d’euros  a bien géré sa fortune. Une gestion de bon père de famille, et comme on vient de le voir, Jean-Marie en est un… 

En raison de débordements, nous avons fait le choix de suspendre les commentaires des articles d'Atlantico.fr.

Mais n'hésitez pas à partager cet article avec vos proches par mail, messagerie, SMS ou sur les réseaux sociaux afin de continuer le débat !