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Dans les semaines et les mois à venir le Premier ministre et son collègue de l'Intérieur devront avant tout assurer la continuité de l'Etat, et organiser les scrutins du printemps dans un climat politique mouvant et propice à l'agitation.
Dans les semaines et les mois à venir le Premier ministre et son collègue de l'Intérieur devront avant tout assurer la continuité de l'Etat, et organiser les scrutins du printemps dans un climat politique mouvant et propice à l'agitation.
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En 2014, après le désastre des Municipales, c'est Manuel Valls qui a été choisi pour aller à Matignon. Si le choix de François Hollande s'était porté sur Bernard Cazeneuve, la vie politique française n'aurait pas connu le même cours...

Anita Hausser

Anita Hausser

Anita Hausser, journaliste, est éditorialiste à Atlantico, et offre à ses lecteurs un décryptage des coulisses de la politique française et internationale. Elle a notamment publié Sarkozy, itinéraire d'une ambition (Editions l'Archipel, 2003). Elle a également réalisé les documentaires Femme députée, un homme comme les autres ? (2014) et Bruno Le Maire, l'Affranchi (2015). 

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Pour sa fin de mandat, François Hollande s'entoure de fidèles, ceux du dernier carré. Bernard Cazeneuve à Matignon, c'est la solidité à toute épreuve. Bruno Le Roux à l'Intérieur, c'est l'ultime et tardive récompense pour celui qui n'a jamais manqué au chef de l'Etat. Alors pourquoi une entrée au gouvernement aussi tardive ? En 2012, Bruno Le Roux n'avait exprimé qu'un seul souhait, celui de devenir le patron des députés socialistes. Il aura été récompensé au delà de ses désirs car il y a belle lurette que le président du groupe SRC à l'Assemblée, avait épuisé les "charmes" de l'exercice, notamment lorsque Manuel Valls est devenu Premier ministre... En accédant au Secrétariat d'Etat des Relations avec le Parlement, l'Isérois André Vallini se voit confier une fonction très politique, qui exige une liaison constante avec Matignon. Vieux fidèle de François Hollande, il a également gagné la confiance de Bernard Cazeneuve. Jean-Marie Le Guen le remplace au secrétariat d'Etat au développement international et la francophonie... fonction qui amènera l'élu parisien, très proche de Manuel Valls à beaucoup voyager ce qui n'était peut être pas son rêve en cette fin de mandature.

Quant à la  nomination de Bernard Cazeneuve à Matignon, elle relève à la fois de l'évidence et du paradoxe. Elu de la Manche depuis 1997, il aspirait, disait-on, à  retourner dans le privé et à intégrer un grand cabinet d'avocats parisien au lendemain de la présidentielle. Presque une incongruité pour un ancien Ministre de l'Intérieur. Encore davantage pour un ancien Premier Ministre, même s'il ne sera resté à ce poste que pendant quelques mois. Bernard Cazeneuve figurait déjà sur la liste des premiers ministrables lorsqu'il a été question de remplacer Jean-Marc Ayrault. En 2014, après le désastre des Municipales, c'est Manuel Valls qui a été choisi pour aller à Matignon. Si le choix de François Hollande s'était porté sur Bernard Cazeneuve, la vie politique française n'aurait pas connu le même cours...

Les Français ont découvert l'ancien député maire de Cherbourg lorsqu'il a succédé en catastrophe au ministère du Budget, à Jérôme Cahuzac, emporté par le scandale. Il avait jusque là effectué un discret apprentissage ministériel au Ministre des Affaires Européennes sous la houlette de Laurent Fabius dont il était proche politiquement tout en étant ami avec François Hollande. Bernard Cazeneuve a d'ailleurs été l'un des porte parole de la campagne de 2012. Lorsque Manuel Valls a quitté l'Intérieur, il a été choisi pour lui succéder Place Beauvau. Et c'est la vague d'attentats qui a touché la France depuis 2015, qui  fera de ce ministre à l'allure austère et à la mine impassible, un personnage familier de la vie politique nationale. Lors des séances des questions d'actualité, Bernard Cazeneuve ne laisse rien passer, maniant les réponses cinglantes aux questions de l'opposition qui reproche au gouvernement de se montrer trop laxiste. Le terrorisme, Bernard Cazeneuve avait eu à en connaitre dans sa circonscription électorale, lorsque, le 8 mai 2002, quatorze personnes dont onze ouvriers des chantiers navals DCN de Cherbourg avaient été tuées au Pakistan. Le drame s'est mué en scandale quelques années plus tard, en 2008, lorsque la presse a,  sur la base de révélations, évoqué un possible mobile politico-financier lié à des versements de commissions en marge d’un marché d’armement. Député de la Manche et maire de Cherbourg, Bernard Cazeneuve a  obtenu la création d’une mission parlementaire, dont il a été  le rapporteur entre novembre 2009 et mai 2010. A l'époque il s'est constamment heurté au "secret défense" et il a alors dénoncé des "stratagèmes pilotés depuis Matignon pour entraver le travail de la commission au nom des intérêts supérieurs de la Nation", démarche que Bernard Cazeneuve a dénoncée dans un livre Karachi, l’enquête impossible (Ed.Calmann-Lévy).

Aujourd'hui son arrivée à Matignon semble logique, car Bernard Cazeneuve ne fait partie d'aucun camp de candidats à la primaire socialiste. Cette forme de neutralité et sa fidélité à François Hollande lui valent un respect quasi unanime. A Matignon il n'aura pas à mener de grande réforme. Son rôle n'en sera que plus essentiel. Dans les semaines et les mois à venir le Premier ministre et son collègue de l'Intérieur devront avant tout assurer la continuité de l'Etat, et organiser les scrutins du printemps dans un climat politique mouvant et propice à l'agitation. Mais ils devront surtout faire preuve d'une vigilance absolue face à la menace toujours présente, d'actions terroristes sur le territoire français. Ce sont eux qui piloteront les outils de cette protection dont François Hollande se veut le garant, alors que lui-même risque fort d'être accaparé jusqu'au dernier moment par une nouvelle crise de la zone euro. Exercice inédit dans un contexte qui ne l'est pas moins.

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