Non, Valls n'est pas Brutus car Hollande n'est pas César !<!-- --> | Atlantico.fr
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"Pour qu'il y ait un Brutus, il faut qu'il y ait un César". On aura compris que Hollande n'est rien. Et en tout cas pas grand-chose…
"Pour qu'il y ait un Brutus, il faut qu'il y ait un César". On aura compris que Hollande n'est rien. Et en tout cas pas grand-chose…
©wikipédia

Enfin candidat…

L'Histoire se répète toujours deux fois : la première en tant que tragédie, la seconde sous forme de farce. Nous y sommes.

Benoît Rayski

Benoît Rayski

Benoît Rayski est historien, écrivain et journaliste. Il vient de publier Le gauchisme, maladie sénile du communisme avec Atlantico Editions et Eyrolles E-books.

Il est également l'auteur de Là où vont les cigognes (Ramsay), L'affiche rouge (Denoël), ou encore de L'homme que vous aimez haïr (Grasset) qui dénonce l' "anti-sarkozysme primaire" ambiant.

Il a travaillé comme journaliste pour France Soir, L'Événement du jeudi, Le Matin de Paris ou Globe.

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L'idée comme quoi Manuel Valls aurait tué François Hollande d'un coup de poignard dans le dos a de beaux jours devant elle. À gauche, elle fait des heureux chez les nigauds qui trônent à son sommet. Quoi de plus héroïque en effet que la mort d'un homme assassiné par traîtrise ? Quoi de plus lâche que le poignard dans le dos, ce qui équivaut à frapper sans risque quelqu'un qui, ne voyant pas venir le coup, est sans défense ? À droite, ça plait bien aussi puisque cette fameuse lame enfoncée dans le dos de Hollande disqualifie moralement Manuel Valls, assassin supposé et possible challenger de François Fillon. Du côté de l'opposition, on se frotte les mains et on s'offre le luxe de trouver élégante la décision de Hollande de ne pas se représenter.

Nous assistons là, bien sûr, à un vulgaire et quelconque péplum. Les décors du film sont en carton-pâte. Les personnages, à commencer par Hollande, aussi. Mais les médias et les hommes politiques ont besoin, pour se grandir eux-mêmes, de se raconter une tragédie. Et comme d'une pochette-surprise, ils ont fait surgir un Brutus et un César avec une France repeinte aux couleurs de la Rome antique. C'est à Manuel Valls qu'on doit la juste formule glissée en off à l'oreille d'un journaliste sur ce mauvais spectacle : "Pour qu'il y ait un Brutus, il faut qu'il y ait un César". On aura compris que Hollande n'est rien. Et en tout cas pas grand-chose…

En politique, on peut tout pardonner. Les critiques, les invectives, les insultes même : Nicolas Sarkozy a bien voulu ne pas tenir grief à François Fillon de sa phrase terrible : "Imagine-t-on le général de Gaulle mis en examen ?". Mais une humiliation ne s'oublie jamais. Elle appelle vengeance et châtiment. Hollande traîné plus bas que terre car intronisé César de pacotille va donc mobiliser tous ses petits, seconds et troisièmes couteaux.

Ils se chargeront de faire payer à Valls le mépris hautain avec lequel il a évoqué la pâle figure du président de la République. Écoutez Stéphane Le Foll, fidèle entre les fidèles du chef de l'État, qui aujourd'hui même, alors qu'il était encore porte-parole du gouvernement, a fait savoir qu'il ne soutiendrait pas Manuel Valls. Écoutez les autres dans les jours qui vont venir : Ségolène Royal, Christiane Taubira, Martine Aubry, l'obéissant Cambadélis. Ils vont s'acharner, avec tout leur savoir-faire consciencieusement appris dans les officines du Parti socialiste, sur Manuel Valls. Ça va saigner. Et il va saigner. Et la gauche dans tout ça ? Mais qui pense encore à la gauche sur le Radeau de La Méduse ? 

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