"Christian Vanneste aurait mieux fait de croire aux avertissements de l'UMP"<!-- --> | Atlantico.fr
Atlantico, c'est qui, c'est quoi ?
Newsletter
Décryptages
Pépites
Dossiers
Rendez-vous
Atlantico-Light
Vidéos
Podcasts
France
"Christian Vanneste 
aurait mieux fait de croire 
aux avertissements de l'UMP"
©

Carton rouge

"En Allemagne, il y a eu une répression des homosexuels et la déportation qui a conduit à peu près à 30 000 déportés. Et il n'y en a pas eu ailleurs (...) En-dehors des trois départements annexés, il n'y a pas eu de déportation homosexuelle en France" : les récents propos de Christian Vanneste ont créé la polémique ce mercredi. Nicolas Sarkozy les a condamnés, précisant : "L"homophobie, je l'aie en horreur". Habitué de longue date à tenir des propos controversés à l'encontre des homosexuels, le député UMP devrait être exclu du parti et perdre son investiture aux prochaines législatives.

Sébastien Chenu

Sébastien Chenu

Sébastien Chenu est député (FN) dans la dix-neuvième circonscription du Nord. Anciennement chargé de l'exception culturelle au sein de l'UMP, il est le fondateur de l'association GayLib, association de défense des droits LGBT au sein du parti.

 

Voir la bio »

Atlantico : Vous avez été l'un des premiers membres de l'UMP à saisir le bureau politique pour demander l'exclusion de Christian Vanneste. Il faut donc l'exclure du parti ?

Sébastien Chenu : Oui, sans aucun doute ! Christian Vanneste n’a pas sa place à l’UMP. Depuis longtemps on aurait dû l’exclure. Pour la énième fois, il a franchi la ligne jaune. Je crois qu’aujourd’hui tout le monde est d’accord. Il n’y a plus aucune objection sur la question de l’exclure.

Christian Vanneste a déclaré précisément : "En Allemagne, il y a eu une répression des homosexuels et la déportation qui a conduit à peu près à 30 000 déportés. Et il n'y en a pas eu ailleurs (...) En-dehors des trois départements annexés, il n'y a pas eu de déportation homosexuelle en France". Ces propos sont-ils homophobes, selon vous ?

Il a tenu des propos homophobes et il en tient depuis longtemps ; il fait une fixation sur ce sujet, avec lequel visiblement il entretient un problème personnel. Il rajoute aujourd’hui à cette fixation homophobe, l’abject avec la mise en cause de faits historiques, par provocation ou par goût de je ne sais quelle provocation ultime. Il n’a pas sa place chez nous. Ce n’est ni sérieux, ni responsable, ni réaliste, c’est outrancier.

Est-ce sous le coup de la loi ? Iriez-vous jusqu'à parler de "négationnisme" dans ces propos ?

Je ne suis pas juriste, je me garderais donc bien de vous répondre sur l’aspect juridique des choses. C’est à examiner. En tous les cas, chez nous à l'UMP, on ne remet pas en cause ce genre de faits historiques. Même s’il n’y avait eu qu’un seul déporté, ça suffirait à ne pas tenir ce genre de propos, ne serait-ce que par respect des mémoires de ceux qui y sont passés.

Ses propos ont suscité de nombreuses réactions. Parmi elles, celle de Serge Klarsfeld, qu'on ne peut pas suspecter de négationnisme et qui a défendu Vanneste en indiquant : "En France, il n’y a pas eu de déportation d’homosexuels". Que lui répondez-vous ?

Je ne veux pas entrer dans un débat d’historiens. Je m’en tiens à ce que je crois être une réalité. J’ai le livre de Pierre Seel, un des premiers déportés homosexuels français. Cela suffit à forger ma conviction.

Yann Wehrling, le porte-parole de François Bayrou, a affirmé que c’était la suite logique de l’interview de Nicolas Sarkozy au Figaro Magazine, que le président de la République avait ouvert la porte en évoquant ses valeurs...

Je ne vois pas le rapport entre la mise en question de faits historiques et les propos de Nicolas Sarkozy. Le Président a simplement rappelé qu’en période troublée, de crise, il n’était pas de son souhait d’ouvrir le mariage entre personnes du même sexe. Il considère que ce n’est pas le moment. Mais ça pas grand-chose à voir les délires de Christian Vanneste.

D'un point de vue plus philosophique, ne négligez-vous pas la liberté d'expression de Christian Vanneste ? Peut-il avoir le droit de prononcer ses propos même si ceux-ci sont faux ? 

Christian Vanneste a le droit de dire des choses fausses, et il le fait depuis longtemps. Par contre, qu’il prononce des propos homophobes est condamnable : l’homophobie est une circonstance aggravante pour un certain nombre de propos.

Mais dire qu’il n’y a pas eu de déportation d’homosexuels en France, est-ce homophobe ?

C’est un propos teinté d’homophobie. Christian Vanneste est sans cesse en train de minimiser, ou d’inférioriser, ou de comparer de façon dégradante les homosexuels aux hétérosexuels. Ces propos participent du discours qu’il tient, et de son problème vis-à-vis de l’homosexualité, de la rendre inférieure, de remettre en cause un certain nombre de parcours ou d’histoires d’homosexuels dans ce pays. Dès qu’il peut, il le fait. Et on en a assez de l’entendre.

Par ailleurs, pour répondre à votre question précédente, je suis un libéral, mais je pense que la société se porte mieux quand on pose un certain nombre de bornes au-delà desquelles il était de bon ton de ne pas aller, notamment lorsqu’on s’aventure sur des sujets qui peuvent être aussi douloureux, aussi intimes et aussi violents par goût de la provocation.

D’ailleurs on n’empêche pas Christian Vanneste de s'exprimer, on dit simplement que ça ne nous intéresse pas d’avoir un personnage qui tient ce genre de propos dans notre famille politique.


Pourquoi ne pas l'avoir exclu avant ? Son exclusion est-elle liée au contexte de la présidentielle ?

C’est une fois de trop. Cela fait longtemps que Christian Vanneste a pris des avertissements au sein de l’UMP, qu’on lui a indiqué que le parti cherchait plutôt à réunir les gens qu’à les diviser ou les blesser, on cherche plutôt à construire un projet de société qui englobe les uns et les autres. On lui a dit que ces propos n’étaient pas les bienvenus ; il n’y a jamais cru. Aujourd’hui, il est allé trop loin en s’aventurant sur des terrains sulfureux.

L'élection présidentielle est un facteur aggravant : par respect pour sa famille politique, il aurait dû s'abstenir.


Faut-il exclure d’autres personnes de l’UMP ? Je pense par exemple à David Douillet qui avait déclaré : "On dit que je suis misogyne, mais tous les hommes le sont, sauf les tapettes"

Il n’y a aucune comparaison possible. David Douillet a tenu des propos malheureux dans un livre, il s’est excusé. Christian Vanneste réitère des propos à chaque fois, de façon plus brutale, ça n’a rien à voir.

Et si Christian Vanneste présentait ses excuses ?

Même s’il s’excusait, je crois que l’UMP n’a plus envie de le voir. Bon voyage M. Vanneste, et bon courage pour affronter le candidat de l’UMP aux prochaines élections législatives !

Propos recueillis par Aymeric Goetschy

En raison de débordements, nous avons fait le choix de suspendre les commentaires des articles d'Atlantico.fr.

Mais n'hésitez pas à partager cet article avec vos proches par mail, messagerie, SMS ou sur les réseaux sociaux afin de continuer le débat !